Vendredi, avril 18, 2025

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Dans un scénario qui semble se répéter d’élection en élection, les autorités canadiennes ont confirmé lundi dernier la découverte d’une opération d’ingérence étrangère ciblant la campagne électorale fédérale en cours. Cette fois-ci, c’est le chef du Parti libéral et candidat dans Nepean, Mark Carney, qui se retrouve au cœur d’une campagne d’influence orchestrée par la Chine sur la plateforme WeChat.

Une opération d’influence chinoise démasquée

Le Groupe de travail sur les menaces à la sécurité et au renseignement pour les élections (SITE) a détecté une opération d’information visant la 45e élection générale canadienne, menée par le compte de nouvelles le plus populaire de WeChat, Youli-Youmian. Selon les renseignements canadiens, ce compte est lié à la Commission centrale des affaires politiques et juridiques du Parti communiste chinois.

L’opération visait spécifiquement à influencer les communautés sino-canadiennes et à « façonner les perceptions » concernant Mark Carney à travers des articles amplifiés et diffusés par d’autres comptes WeChat « de manière coordonnée et non authentique », principalement en boostant les publications de Mark Carney.

Un schéma d’ingérence récurrent

Ce n’est pas la première fois que le compte Youli-Youmian est impliqué dans des opérations d’influence au Canada. Il avait précédemment ciblé le député conservateur et critique virulent de la Chine, Michael Chong, ainsi que Chrystia Freeland, ancienne ministre des Finances et vice-première ministre, lorsqu’elle était en lice pour la direction du Parti libéral contre Carney.

Le groupe de travail SITE a observé des pics d’activité suspects le 10 mars, au lendemain de la victoire de Carney à la course à la direction du Parti libéral, et de nouveau le 25 mars, deux jours après le déclenchement des élections.

Les articles diffusés dans le cadre de cette opération ont reçu entre 85 000 et 130 000 interactions et un nombre estimé d’un à trois millions de vues. À titre de comparaison, les publications des médias d’État chinois comme le Quotidien du Peuple sur WeChat reçoivent en moyenne environ 30 000 interactions.

Un problème systémique pour les libéraux?

Cette nouvelle affaire s’ajoute à une série d’incidents d’ingérence étrangère qui ont entaché les récentes élections canadiennes. Une enquête publique sur l’ingérence étrangère, dirigée par la juge Marie-Josée Hogue, a conclu en mai 2024 que l’ingérence étrangère était une « tache » sur le processus électoral canadien et que la Chine « se démarquait comme l’un des principaux auteurs » de cette ingérence.

Le rapport indiquait que la Chine avait « clandestinement utilisé » des responsables canadiens pour aider ses candidats « favoris » à remporter des élections en 2019. Des documents du SCRS présentés lors de l’enquête ont également révélé que les gouvernements de l’Inde et du Pakistan avaient tenté d’interférer dans les élections fédérales canadiennes de 2019 et 2021.

Plus troublant encore, un rapport du Comité national de sécurité et de renseignement des parlementaires (NSICOP) publié en juin 2024 a décrit comment le consulat de la République populaire de Chine à Toronto avait loué des autobus pour amener 175 à 200 étudiants internationaux chinois à une réunion de nomination libérale dans la circonscription de Don Valley North, remportée par Han Dong.

Selon ce rapport, le consulat aurait dit aux étudiants qu’ils devaient voter pour Dong s’ils voulaient conserver leurs visas d’études au Canada, et aurait également enfreint la règle du Parti libéral exigeant que les électeurs dans un processus de nomination vivent dans la circonscription, en fournissant aux étudiants qui vivaient à l’extérieur de la circonscription des documents frauduleux.

Un candidat libéral démissionne après des propos choquants

Dans un développement parallèle qui soulève des questions sur les relations entre certains candidats libéraux et la Chine, Paul Chiang, un député fédéral, a dû se retirer comme candidat du Parti libéral suite à des remarques controversées concernant un adversaire politique. Chiang avait suggéré que son rival, identifié comme Tay, un militant pour la démocratie à Hong Kong et candidat conservateur, devrait être livré au consulat chinois en échange d’une récompense.

Tay, un immigrant récent au Canada originaire de Hong Kong, est cofondateur de HongKonger Station, une organisation à but non lucratif qui défend la démocratie et la liberté d’expression au Canada. En décembre, les autorités de Hong Kong ont mis une prime de 1 million de dollars HK (environ 184 000 dollars canadiens) sur Tay, l’accusant d’incitation à la sécession et de collaboration avec des entités étrangères.

Le premier ministre Mark Carney, qui avait initialement soutenu Chiang, au lieu de dénoncer ces agissements, a confirmé mardi qu’il avait accepté la démission du candidat de son parti.

Les autorités minimisent l’impact

Malgré ces révélations troublantes, les autorités canadiennes ont tenu à rassurer le public sur l’intégrité globale du processus électoral. Laurie-Anne Kempton a déclaré lors d’un point de presse que « le panel a déterminé que cela n’affecte pas la capacité du Canada à tenir une élection libre et équitable ».

Elle a expliqué que la campagne WeChat n’empêche pas les Canadiens de se faire leur propre opinion sur leur vote. « Cette situation est confinée à une seule plateforme et ne s’est pas étendue davantage, et n’a pas d’impact sur la capacité des Canadiens à prendre des décisions de vote éclairées, » a remarqué Kempton.

Cependant, pour les observateurs attentifs, ces incidents répétés soulèvent des questions sur la vulnérabilité du système électoral canadien face aux influences étrangères et sur la capacité des partis politiques, notamment le Parti libéral, à prévenir et à gérer ces tentatives d’ingérence surtout lorsque ces actions ont fait gagnées des sièges aux libéraux en 2019 et probablement aussi en 2021.

À voir dans Ian et Frank

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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