Dans une entrevue sans filtre accordée à Maurais Live, Gilles Proulx, figure emblématique du nationalisme québécois, a créé la surprise en annonçant son intention de voter pour le chef conservateur Pierre Poilièvre lors des prochaines élections fédérales. Ce revirement spectaculaire d’un souverainiste de longue date révèle un profond désenchantement envers le mouvement indépendantiste et une lassitude face à l’emprise du Parti libéral sur la politique canadienne.
Le désenchantement d’un souverainiste
Connu pour ses positions nationalistes affirmées, Gilles Proulx explique sans détour les raisons de son changement de cap du mouvement souverainiste : « Ça fait 60 ans que je suis ce maudit mouvement-là. Je me suis fait prendre naïvement au début de carrière, pensant que la radio était un élément de changement des mentalités, ce qui n’est pas le cas. Ça ne change ou ne renforce que le statuquisme ».
Le chroniqueur exprime une profonde désillusion quant aux chances de réussite du projet souverainiste : « à force de t’apercevoir que d’une élection à l’autre, la cause n’avance pas, que le plafond est atteint pour les indépendantistes ». Il continue en disant que « Ce sont des chialeux de circonstances pour faire peur au pouvoir » et « on ne gagnera jamais ».
Cette prise de position rappelle le « beau risque » de René Lévesque, comme le souligne l’animateur Maurais, une comparaison que Proulx ne rejette pas.
Pourquoi Poilièvre?
Gilles Proulx justifie son soutien à Pierre Poilièvre par plusieurs facteurs qui, selon lui, en font un candidat capable de défendre les intérêts du Québec :
« C’est un gars qui aime la langue française, juste par son mariage, on voit bien que c’est un gars qui cherchait l’équilibre entre les deux cultures », affirme Proulx, faisant référence à l’épouse de Poilièvre, une Québécoise d’origine vénézuélienne.
Il souligne également les promesses de Poilièvre concernant la souveraineté culturelle : « Un gars comme Poilièvre prenait le pouvoir, qui vient promettre aux Québécois “Je vais vous donner plus en matière de souveraineté culturelle, plus que ce que tous les autres ont pu vous offrir” ».
Proulx estime que le Québec mérite « un statut particulier comme le souhaitaient les grands fédéralistes, Robert Bourassa, Jean Lessard, même Daniel Johnson à l’époque, et puis René à la fin ».
Un rejet virulent du Parti libéral et de Mark Carney
L’animateur ne mâche pas ses mots concernant le Parti libéral du Canada et son nouveau chef, Mark Carney. Il qualifie le PLC de « parti de poltron » et de « parti de niaiseux », allant jusqu’à dire que « pour être un libéral, il faut être un con ou un voleur ».
Quant à Mark Carney, Proulx le décrit comme un « cynique » au « passé douteux » qui aurait « des millions de dollars placés dans des filières inconnues » et qui « appartient à des sociétés secrètes à certains égards ». Il s’étonne que « la presse ne développe pas » ces aspects et dénonce « une connivence d’émerveillement » des médias envers le nouveau chef libéral.
Critique acerbe du Bloc Québécois
Gilles Proulx n’épargne pas non plus le Bloc Québécois, qu’il accuse d’avoir été « gauchisé » sous la direction d’Yves-François Blanchet. Il déplore que le parti « parle très peu des problèmes identitaires » et critique sa position écologiste, notamment son opposition au corridor énergétique.
« Pourquoi, tout d’un coup, on allume l’allumette pour brûler le pétrole pour pas qu’il vienne brûler au Québec? C’est tout simplement parce que le Bloc québécois et le bloc des voteurs, ils sont à gauche », analyse-t-il.
En attendant, tu perds des milliards. Tu ne permets pas au Canada et au Québec d’augmenter leur souveraineté au moins énergétique. Ça, Bourassa l’avait compris, lui.
Gilles Proulx
Un regard sombre sur l’avenir du Québec
Au-delà des considérations électorales, Gilles Proulx exprime une profonde inquiétude quant à l’avenir du Québec et de sa culture. « On se louisianise, on devient indifférent », déplore-t-il, critiquant « une jeunesse qui pousse dans notre dos » et « qui vont prendre les rênes demain » et qui n’ont « rien, rien, rien d’autre qu’une chique de gomme entre les deux dentiers ».
Cette entrevue révèle un Gilles Proulx désabusé, mais combatif, prêt à revoir ses positions historiques face à ce qu’il perçoit comme l’échec du projet souverainiste et l’urgence de défendre l’identité québécoise par d’autres moyens.
En choisissant de soutenir Pierre Poilièvre, Gilles Proulx illustre les reconfigurations politiques en cours au Québec, où les lignes de fracture traditionnelles entre souverainistes et fédéralistes semblent céder la place à d’autres clivages.