Dimanche, avril 27, 2025

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Débat des chefs 2025 : Carney démasqué, Poilievre et Blanchet dominent l’arène

Le débat des chefs fédéraux du 16 avril 2025 a offert aux Québécois et Canadiens un spectacle politique riche en confrontations, révélations et moments marquants. Entre promesses audacieuses, contradictions flagrantes et échanges musclés, cette joute oratoire a mis en lumière les forces et faiblesses des principaux aspirants au poste de Premier ministre.

Mark Carney : le banquier aux réponses évasives

Le chef libéral Mark Carney, arrivé récemment à la tête du parti, s’est retrouvé dans une position délicate tout au long du débat. Ses contradictions et son manque de précision ont été particulièrement frappants.

Lorsque questionné sur son expérience politique, Carney a tenté de se distancier du bilan libéral en répétant à plusieurs reprises : « Je viens d’arriver ». Cette défense a été rapidement démontée par Pierre Poilievre qui lui a rappelé son rôle de conseiller économique auprès de Justin Trudeau : « Vous étiez le conseiller économique Justin Trudeau, vous avez affaibli notre économie. »

Sur la question de l’inflation, Carney a été directement confronté par Poilievre : « En 2020 et 2021, vous avez dit que l’inflation n’allait pas arriver et que ça aurait été une bonne chose si ça arrive. Vous êtes cité dans les médias. Vous avez même conseillé à Justin Trudeau d’imprimer l’argent qui a causé notre crise inflationniste. Vous êtes juste comme Justin Trudeau. »

Le chef libéral s’est également contredit sur la question des pipelines. Yves-François Blanchet l’a accusé d’avoir tenu un double discours : « À la mi-février, je crois en Colombie-Britannique, vous avez fait comme tous les grands leaders canadiens. Vous avez dit une chose en anglais qui était que si nécessaire, vous alliez utiliser les pouvoirs d’urgence de l’exécutif pour forcer les oléoducs à travers le Canada, incluant à travers le Québec. Après ça, deux jours après, avec M. Roy, vous avez dit jamais je vais forcer ça. »

Yves-François Blanchet : défenseur du Québec et maître des répliques

Le chef du Bloc québécois s’est illustré par sa défense vigoureuse des intérêts du Québec et par plusieurs répliques percutantes.

Sur la question de l’énergie, Blanchet a brillamment défendu la position du Québec : « Le Québec est l’endroit au monde le mieux placé pour développer une superpuissance d’énergie propre avec un énorme marché directement au sud, sans même demander la permission au Canada. Pourquoi on mettrait notre argent dans un pétrole qui n’a pas de retombée économique au Québec, si ce n’est d’augmenter ce qu’on paiera à la pompe? »

Il a également souligné l’incohérence de Mark Carney dans le traitement des industries québécoises par rapport à celles de l’Ontario : « Pourquoi ça a été 2 milliards pour l’automobile tout de suite en partant? Bing, bang, 2 milliards d’automobiles parce qu’on shake dans nos culottes quand l’automobile ne va pas bien. Mais l’aluminium n’a pas reçu d’argent, n’a pas été soutenu, il n’y a pas d’effort en transformation. Il n’y a pas de programme de subvention salariale en cas de perte d’emploi temporaire. »

La forêt a payé 2 milliards, elle n’a rien reçu de la part d’Ottawa, mais quand c’est l’Ontario, ça va vite.

Yves François-Blanchet, chef du Bloc Québécois, en réponse au mesures libérales de Mark Carney

Sur la question du logement, Blanchet a proposé une solution concrète et originale : « Une autre proposition que je trouve intéressante de l’APCHQ, c’est de permettre aux parents qui ont de l’argent dans des régimes d’épargne pour leur retraite de décaisser l’argent sans impôts pour contribuer à la mise de fonds de l’achat de maison de leurs enfants. Ça, c’est pas… 25 ou 50 ou 500 milliards de dollars qu’il faudra sortir. Ce n’est pas des fonctionnaires à couper, c’est une ressource existante qui dépend d’une entente saine entre des parents qui veulent, comme moi, aider leurs enfants sans argent de l’État, avec simplement une mesure fiscale favorable aux retraités qui veulent aider leurs enfants. »

Pierre Poilievre : pragmatisme et vision claire

Le chef conservateur s’est démarqué par son approche directe et ses propositions concrètes, notamment sur les questions économiques.

Sur l’accès à la propriété, Poilievre a présenté un plan clair : « Je vais couper vos impôts pour les travailleurs moyens de 15 %. On va enlever le TPS sur les maisons neuves et on va inciter les municipalités à accélérer la construction pour que nos jeunes puissent encore acheter une maison et réaliser la promesse du Canada. »

En matière d’énergie, il a défendu une vision pragmatique : « La Banque nationale a calculé que si on exporte notre gaz naturel liquifié ici au Canada à l’Inde pour déplacer le charbon, ça peut réduire les émissions en Inde de 2,5 milliards de tonnes. Ça, c’est trois fois les émissions de tout le Canada en ramenant des dizaines de milliards de dollars ici au Canada. » Tout en souligant que « les lois actuelles des libéraux bloquent la construction des gazoducs nécessaires et des usines ».

Poilievre a également fait preuve d’une certaine sensibilité sur la question du français : « Le Québec doit défendre le français. C’est la langue commune du Québec. Et moi, je vais défendre le français. Mon père a des origines francophones dans la Saskatchewan. J’ai perdu un peu mon français pendant mon adolescence, j’ai marié une Québécoise et on veut que nos enfants parlent le français. Et je comprends pourquoi il faut protéger la langue française. »

Comme premier ministre, je vais continuer de supporter des lois et des politiques qui permettent au Québec et au fédéral de protéger la langue française à travers le Canada.

Pierre Poilievre, chef du Parti Conservateur du Canada

Concernant les droits des femmes, les conservateurs ont une vision claire. Ils veulent « élargir les droits des femmes en s’attaquant à la criminalité qui est faite aux femmes. Les femmes sont souvent des victimes des agresseurs qui sont libérées une fois après l’autre à cause des lois libérales. » « On va mettre ces gens, ces messieurs en prison pour protéger les femmes contre la violence », a continué Poilievre.

J’ai un message aux femmes canadiennes qui nous écoutent. On ne va pas adapter des lois pour restreindre le droit à l’avortement. C’est dans notre politique depuis 20 ans et ça ne va pas changer.

Pierre Poilievre, chef du Parti Conservateur du Canada

Des cadres financiers absents

Un des moments les plus révélateurs du débat a été l’absence de cadres financiers détaillés de la part des principaux partis. Patrice Roy a souligné cette lacune : « Vous n’avez pas, vous arrivez ce soir les mains vides pour ce qui est du cadre financier. C’est quand même inédit, en tout cas, ça fait très longtemps qu’on n’a pas vu ça, d’être au débat des chefs et on n’a pas le coût de vos promesses. »

Blanchet a qualifié ces approches de « budgets Harry Potter » : « On veut mettre plus d’argent, on veut couper en même temps, on veut être plus conservateur que les conservateurs. Dans les règles élémentaires de l’économie, lorsqu’on est menacé d’un ralentissement ou d’une récession, c’est le moment où l’État entre en jeu. »

Tensions sur l’immigration et Gaza

Le débat a également révélé des tensions importantes sur les questions d’immigration et de la situation à Gaza.

Sur l’immigration, Poilievre a adopté une position ferme : « Le gouvernement libéral a abusé de la générosité des Québécois avec un système d’immigration hors de contrôle. Une population qui a grandi trois fois plus rapidement que le nombre de maisons bâties au Canada. Ça a causé une crise de logement. »

Concernant Gaza, Jagmeet Singh a accusé Carney d’éviter de qualifier la situation de génocide : « Pourquoi vous n’appelez les choses comme elles sont? C’est un génocide. » Ce à quoi Carney a répondu : « La situation en Gaza, au Moyen-Orient, est horrible. Mais je ne… Je n’utilise jamais ce mot à l’aide de politiser la situation-là. »

Conclusion

Ce débat des chefs a mis en évidence les différentes visions pour l’avenir du Canada face aux défis économiques et à la menace Trump. Pierre Poilievre s’est imposé avec un message clair et des propositions concrètes, tandis que Yves-François Blanchet a défendu avec vigueur les intérêts distincts du Québec. Mark Carney, quant à lui, a peiné à se distancer du bilan libéral malgré ses tentatives répétées de se présenter comme un nouveau venu.

À dix jours des élections, les Canadiens et Québécois auront fort à réfléchir pour déterminer quelle vision correspond le mieux à leurs aspirations.

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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