Un fardeau fiscal qui pèse lourd sur les épaules québécoises
Le Québec affiche fièrement l’un des taux d’imposition les plus élevés en Amérique du Nord, mais à quel prix? Avec un taux marginal d’imposition combiné (provincial et fédéral) atteignant 53,31% pour les revenus dépassant 221 708 $, le Québec talonne l’Ontario (53,53 %) au sommet des juridictions fiscales les plus lourdes au Canada et est bien au-dessus de la moyenne canadienne.
Le Québec n’est devancé que de justesse par l’Ontario en matière de taux marginal maximal, mais reste champion lorsqu’on tient compte de l’ensemble des taxes qui pèsent sur la classe moyenne.
Cette réalité frappe particulièrement les familles de la classe moyenne. Selon l’Institut Fraser, une famille québécoise médiane consacre désormais plus de 45% de ses revenus aux impôts et taxes diverses – un fardeau fiscal si lourd qu’il concurrence directement les besoins de base comme se loger, se nourrir et s’habiller.
Des disparités provinciales qui font mal
L’écart avec les autres provinces canadiennes est saisissant. Un Québécois gagnant 50 000 $ paie environ 13 500 $ d’impôts provinciaux et fédéraux, tandis que son homologue albertain en paie seulement 9 200 $ – une différence de 4 300 $ que le Québécois ne reverra jamais. Cette différence représente l’équivalent de plusieurs mois de paiements hypothécaires ou de frais de garderie.
Avec une taxe combinée de 14,975 %, le Québec impose l’un des fardeaux fiscaux à la consommation les plus lourds du monde développé. Seuls certains pays scandinaves vont plus loin.
Un déficit chronique malgré une taxation élevée
Paradoxalement, malgré cette pression fiscale considérable, le Québec peine à équilibrer ses finances publiques. Le déficit prévu pour 2024-2025 s’élève à 11 milliards de dollars, soit le plus important du Canada en termes absolus. La dette nette de la province atteint 201 milliards de dollars, représentant 42% du PIB québécois.
Cette situation soulève des questions légitimes : où va tout cet argent? Les dépenses de programme du gouvernement québécois ont augmenté de 4,5% annuellement au cours des cinq dernières années, bien au-dessus de l’inflation et de la croissance économique.
Des services publics en piètre état malgré les milliards
Le système de santé québécois, malgré un budget de 67 milliards de dollars, affiche des temps d’attente parmi les plus longs au pays. Selon l’Institut Fraser, l’attente médiane pour un traitement médical au Québec était de 25,2 semaines en 2023, comparativement à 22,6 semaines pour la moyenne canadienne.
En éducation, malgré des investissements massifs, les résultats du Québec aux tests PISA se situent dans la moyenne canadienne, sans se démarquer particulièrement malgré un financement per capita supérieur à celui de plusieurs autres provinces.
La transparence budgétaire : une denrée rare
L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) et plusieurs économistes dénoncent régulièrement le manque de transparence dans la gestion des finances publiques québécoises. Les états financiers consolidés tardent souvent à être publiés, et plusieurs programmes gouvernementaux échappent à un contrôle parlementaire rigoureux.
Le Vérificateur général du Québec a souligné à plusieurs reprises dans ses rapports annuels les lacunes dans le suivi des dépenses publiques et l’absence d’indicateurs de performance clairs pour plusieurs ministères.
L’effet pervers sur l’entrepreneuriat et l’effort
Cette fiscalité punitive crée des distorsions économiques importantes. Selon une étude de HEC Montréal, le Québec affiche l’un des taux d’entrepreneuriat les plus faibles du Canada, avec seulement 8,2% de la population active impliquée dans une activité entrepreneuriale, comparativement à 13,4% en Alberta.
L’exode des cerveaux vers les provinces moins taxées s’accélère. Les données de Statistique Canada révèlent qu’entre 2018 et 2023, le Québec a enregistré une perte nette de 42 000 diplômés universitaires vers les autres provinces canadiennes, principalement l’Ontario et l’Alberta.
Des familles à bout de souffle
Pour les familles québécoises, la facture est salée. Une famille biparentale avec deux enfants et un revenu familial de 75 000 $ doit composer avec un taux d’imposition effectif de 32%, sans compter les taxes de vente, les taxes foncières et la multitude de frais gouvernementaux.

Vers une remise en question nécessaire?
Cette situation soulève des questions fondamentales sur l’efficacité de l’État québécois. Peut-on justifier une pression fiscale aussi élevée quand les résultats ne suivent pas? Comment expliquer aux contribuables qu’ils paient plus tout en recevant relativement moins?
L’équation actuelle – taxation élevée, déficits récurrents, services publics en difficulté – suggère qu’il est peut-être temps de repenser le modèle québécois. Car au final, quand l’effort et le succès sont pénalisés au profit d’une bureaucratie toujours plus gourmande, c’est toute la société qui en pâtit.
Le défi pour les prochains gouvernements sera de réconcilier les aspirations légitimes des Québécois à des services publics de qualité avec une fiscalité qui n’étouffe pas la prospérité économique et l’initiative individuelle.