Mercredi, juillet 16, 2025

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CLSC : la meilleure idée qu’on a eue… puis détruite

On a inventé la solution à la crise en santé en 1972, on l’a scrappée en 1980, et en 2025 on paie encore pour notre erreur collective.

Ma réservation du livre L’indomptable mammouth était disponible sur la BANQ, je laisse Duplessis de côté, le temps d’en apprendre plus sur notre monstrueux système de santé.

À date c’est excellent, bien vulgarisé et surtout… rempli de frustrations sur le « what if » québécois. Je ne suis certainement pas le premier à écrire sur ça et définitivement pas le dernier, mais à chaque fois que j’en apprends plus sur ce qui aurait dû être, je me demande pourquoi on paie pour la version Wish du système prévu initialement.

J’en suis aux débuts du système lorsqu’on a créé le réseau des CLSC, cette idée géniale qui n’a jamais vraiment levé. On se rappelle l’idée de base.

On voulait des cliniques implantées dans les quartiers et orientées sur la médecine communautaire. C’est un peu un buzzword, mais en gros prévenir les maladies, connecter les humains et généralement s’assurer que les plus pauvres et les plus riches jazzent ensemble, en santé.

Pour faire ça, on regroupait entre autres des infirmières, des ergothérapeutes, des psychologues, des nutritionnistes et, évidemment, des médecins. On voulait un système de première ligne qui s’assure de traiter et prévenir les maladies mineures avant qu’elles ne deviennent graves. On s’occupait des mères monoparentales, de la santé mentale, de la maltraitance et de bien d’autres choses importantes et invisibles.

Mieux que ça, on intervenait directement chez les gens, dans leur milieu de vie. La médecine allait chez nous pour s’assurer de la qualité de vie et de traiter les personnes les plus précaires et qui en arrachaient. Du personnel avec un sac à dos qui se promenait dans les quartiers pour soigner et prévenir, une lubie à notre époque.

La philosophie était la décentralisation et la flexibilité. Chaque situation est différente et l’ensemble de professionnels locaux décidait de ce qu’il y avait de mieux à faire pour chaque client et c’est tout. Pas 36 formulaires pour poser un plaster, on y allait au besoin.

Un exemple dans le livre. Une dame est malade et a besoin d’aide plusieurs fois par semaine. Le CLSC prend contact avec la famille, la grand-mère est disponible pour aider, mais n’a pas de voiture. On calcule, une infirmière auxiliaire serait plus coûteuse à mobiliser que de payer le taxi à la grand-maman-Samaritaine. On met en place un système de paiement et grand-maman se rend sur place 2-3 fois par semaine, simplement. Imaginez les 28 paliers d’autorisation nécessaires pour ça aujourd’hui…

On faisait tout ça parce que la philosophie visait à garder l’hôpital pour les cas graves, lourds ou chroniques. À l’époque, ce n’était pas l’hôpital qui était le centre de l’univers, mais une galaxie de points de services complémentaires.

Tout ça a chié pour plusieurs raisons, mais la principale est le corporatisme des médecins. À mes amis qui sont médecins aujourd’hui, ce n’est pas vous individuellement le problème, mais le corporatisme qui entoure votre métier important.

Dès les débuts de la réforme, la Fédération a barré les roues parce que les médecins n’étaient plus les tout-puissants dieux de la science en haut de la pyramide, mais plutôt des rouages dans un système complet. Ils étaient presque des employés de l’État, de l’hérésie pour ceux qui ne veulent aucune contrainte dans leur pratique depuis des siècles.

Tant le mode de rémunération que les conditions de travail ont été des problèmes au point d’en venir à des menaces de grève et d’exode massif vers les autres pays (tiens donc, on l’entend encore celle-là!). Il a littéralement fallu que le FLQ tue Pierre Laporte pour casser la crise sociale causée par les médecins au début des années 1970.

Les CLSC n’ont jamais vraiment réussi à vivre par la suite. Progressivement, au gré des ministres et de leurs réformes, on est devenus hospitalo-centriques au point d’escamoter pratiquement tout le reste. Fini la prévention, les humains, les quartiers. Si ça ne va pas, va à l’hôpital et on verra.

C’est frustrant parce que le système était immensément plus performant il y a 50 ans que maintenant. La science était beaucoup moins avancée, comprenons-nous, mais on visait surtout à éviter la maladie au lieu de la guérir. Ça fait des décennies qu’on parle de la catastrophe de la santé, mais la crise en 1985 était pas mal moins pire que celle de 2025, mettons.

Bref, c’est un bouquin important (en tout cas, après le premier quart) parce qu’il rappelle ce qui aurait pu être. Les décisions de la Révolution tranquille n’étaient pas toutes saines et pérennes, mais il y avait pas mal plus de sagesse que de folie dans la majorité des cas.

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David Chabot
David Chabot
David Chabot, professionnel des relations publiques et de la gestion politique, a d’abord été restaurateur avant de se réorienter vers la politique municipale, sa passion. Aujourd’hui Chef des communications et Directeur du bureau du président d’une grande entreprise immobilière, il collabore avec des décideurs politiques et économiques. Titulaire d’un baccalauréat en science politique, il complète une maîtrise en affaires publiques et un MBA en gestion immobilière à l’Université Laval. Pragmatique et stratège, il excelle en négociation, planification et influence.

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