Jeudi, août 28, 2025

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Trump ne fait qu’un retour du balancier

Je parle souvent négativement de Trump parce qu’il le mérite, notamment dans la guerre commerciale idiote contre la planète entière. Par contre, là où il a eu raison, c’est dans le rebalancement du rôle des États-Unis dans l’équilibre du globe.

Il faut, encore et toujours, s’ancrer dans le passé pour comprendre le présent.

Février 1947, c’est quand même occupé au Bureau ovale. L’après-guerre n’est pas nécessairement simple et la menace soviétique se précise. Il y a beaucoup de pièces mobiles en même temps pour rebâtir l’Europe et l’Asie sans perdre le contrôle.

Un bon matin, le président Truman reçoit un télégramme d’apparence anodine de la part du Royaume-Uni. Entre deux gorgées de café, il apprend que l’Empire britannique n’a plus une cenne en banque et qu’elle a décidé d’abandonner unilatéralement le support à la Grèce et à la Turquie face à la menace soviétique. Pas de compromis, pas de break, juste un retentissant « arrange-toi bonhomme ».

Il faut comprendre que pendant plusieurs centaines d’années, l’Empire britannique a régné sur la planète. On le sait parce qu’on l’a vécu ici, les Britanniques n’avaient pas de gêne à conquérir des territoires et en tirer le maximum de ressources. On disait même que le soleil ne se couchait jamais dans l’Empire puisqu’il éclairait toujours l’une des colonies.

Durant la Deuxième Guerre mondiale, les plaques tectoniques du monde bougent. Les Britanniques mangent une volée avant de se reconstruire et de participer à la victoire des Alliés. Ils sortent du conflit brisés. Les coffres sont vides et l’énergie n’y est plus.

S’ensuit une vaste vague de décolonisation et de retrait sur le plan géopolitique. Pour économiser les ressources (et en réaction aux mouvements d’indépendance), on « laisse aller » des gros morceaux comme l’Inde ou la Palestine. C’est le temps de la rationalisation.

Le lien avec la Grèce était moins direct, mais tout aussi stratégique. L’Empire a volé à son secours lors de l’invasion ratée par l’Italie, puis de la prise de contrôle par les Allemands durant la guerre.

Les Britanniques ont notamment soutenu les mouvements de résistance grecs vigoureusement, ce qui a distrait les nazis durant la période critique post -1942. Après la guerre, la Grèce tombe en guerre civile et les Anglais s’épuisent.

Pour la Turquie, c’est un peu différent. Neutres durant la guerre, les Turcs subissaient beaucoup de pression pour joindre l’Union soviétique après l’armistice. Par l’argent et les armes, le Royaume-Uni tentait de tirer le tapis persan de son côté, avec un succès relatif.

On se ramène au bureau de Truman. Le 21 février, il lit la courte missive qui dit essentiellement « On n’a plus l’argent ou la force pour soutenir la Turquie et la Grèce, arrangez-vous pour les sauver du communisme tout seul ».

Ce message de retrait a pris tout le monde par surprise et a littéralement changé la face de l’Histoire. Truman a décidé à ce moment qu’il ne pouvait plus se fier à personne et que les États-Unis allaient prendre unilatéralement le leadership mondial contre le communisme. C’était le début de la Doctrine Truman dont j’ai parlé récemment.

Les États-Unis ont débloqué les fonds nécessaires pour intervenir dans les deux pays et stabiliser la situation. Malgré des mouvements communistes locaux financés en secret par les Soviétiques, cette région n’est heureusement jamais tombée sous le contrôle de Staline ou de ses successeurs.

Finalement, ce qui était un empire pour le Royaume-Uni est devenu un fardeau qui s’est ramassé sur les épaules des Américains. La France, la Belgique et évidemment l’Allemagne ont fait la même chose et les États-Unis ont du se rouler les manches pour le bien de la planète.

On se ramène à Trump. Il a choqué tout le monde, moi le premier, en menaçant les membres de l’OTAN de se retirer complètement de l’Alliance si les autres ne faisaient pas leur part. Il a maladroitement fait la même chose en tentant de forcer les pays arabes à accueillir des réfugiés palestiniens pour ne pas avoir à le faire lui-même.

Globalement, il a rebalancé les responsabilités et ça paraît déjà. Macron et la France prennent une bonne part du leadership européen que l’Allemagne assumait jusqu’au départ d’Angela Merkel. Les États-Unis ne sont plus les seuls arbitres de la planète.

Je pense que les Américains vont un peu s’en mordre les doigts parce que même si c’est exigeant et coûteux, c’est quand même le fun d’être le seul boss sur Terre. En laissant autant de place aux autres, Trump va forcément perdre du contrôle et ultimement, il va devoir vivre avec des décisions importantes qui ne sont pas les siennes.

Bref, c’est quand même fou qu’un simple télégramme en 1947 ait eu autant d’impact jusqu’à aujourd’hui. L’Histoire, c’est l’assemblage de toutes les décisions et les événements du passé qui amène l’Humanité au présent.

Comme on dit, toute est dans toute.

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David Chabot
David Chabot
David Chabot, professionnel des relations publiques et de la gestion politique, a d’abord été restaurateur avant de se réorienter vers la politique municipale, sa passion. Aujourd’hui Chef des communications et Directeur du bureau du président d’une grande entreprise immobilière, il collabore avec des décideurs politiques et économiques. Titulaire d’un baccalauréat en science politique, il complète une maîtrise en affaires publiques et un MBA en gestion immobilière à l’Université Laval. Pragmatique et stratège, il excelle en négociation, planification et influence.

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