Mardi, septembre 16, 2025

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La victoire citoyenne de l’immobilisme

Je ne suis pas un grand fan de l’administration Marchand à la mairie de Québec, mais à un moment donné, il faut que la population de Québec se regarde dans le miroir. En fait, il faudrait que l’ensemble du Québec se pose cette question simple : est-ce qu’on aime vraiment notre jeunesse?

Il y a quelques jours à peine, un référendum local a bloqué un projet de développement au carré de Tracy. C’était un compromis honnête : 16 hectares pour du logement — maisons, jumelés, unités collectives — et 36 hectares protégés pour des espaces verts et des activités de plein air urbaines. Un projet qui visait à concilier deux réalités qu’on brandit toujours en slogan : le besoin criant de logements et la protection de l’environnement.

Le résultat? Le « Non » a gagné.

Bien sûr, on se félicite d’une belle mobilisation citoyenne. Mais célébrer quoi exactement?

Qu’on a dit non à des jeunes familles qui cherchent un toit abordable? Qu’on a dit non à des étudiants, des nouveaux arrivants, des travailleurs qui n’arrivent pas à se loger dignement dans une ville où la rareté artificielle fait exploser les prix? Qu’on a dit non à une solution imparfaite, mais pragmatique, parce qu’au fond, la densification, c’est toujours pour les autres?

Et ce ne sont pas seulement les jeunes familles qui paient le prix de ce blocage. Ce sont aussi les plus démunis, ceux qui n’ont pas les moyens de « jouer le marché », ceux qui vivent déjà en situation précaire. Le marché du logement fonctionne comme un escalier : chaque nouvelle unité construite, même dite « de luxe », libère une place ailleurs. Les économistes le rappellent : pour chaque 100 unités neuves haut de gamme, environ 40 logements plus abordables se libèrent. C’est ce qu’on appelle l’effet de déplacement. Refuser de construire au carré de Tracy, ce n’est pas seulement dire non à des condos neufs pour de futurs acheteurs : c’est couper, en cascade, des dizaines de possibilités pour ceux qui attendent une chance de trouver un logement accessible.

Ne touchez surtout pas à mon confort

Au Québec, on est rendus champions du syndrome NIMBY. « Not In My Backyard ». Pas dans ma cour. Pas dans mon quartier. Pas dans mon confort. On veut bien reconnaître la crise du logement, mais à condition que ce soit réglé dans la ville voisine. On veut bien des infrastructures sportives, mais à condition qu’elles ne fassent pas trop de bruit quinze jours par année. On veut bien protéger la nature, mais à condition qu’on ne touche pas à mon petit boisé, même si le projet global en protège le double.

Le résultat est toujours le même : on bloque. On fige. On refuse. Et pendant ce temps-là, on hypothèque la possibilité même d’un avenir pour la jeunesse québécoise et pour les plus vulnérables. Parce qu’à chaque fois qu’un projet tombe sous le poids du NIMBYisme, ce sont des familles qui voient leurs options se réduire, des étudiants qui doivent s’endetter davantage, des travailleurs qui doivent s’exiler plus loin, des démunis qui se retrouvent coincés dans des logements insalubres parce qu’aucune alternative ne s’ouvre à eux.

Et on se demande ensuite pourquoi la ville s’étale, pourquoi la forêt recule, pourquoi l’automobile reste reine, pourquoi nos enfants rêvent de s’en aller ailleurs. Moi-même, j’ai fait le choix d’aller me bâtir en campagne même si toutes mes activités sont « en ville ».

La question posée par la conseillère du secteur mérite d’être retournée : « Maintenant, on fait quoi? » Eh bien, si on continue de dire non à tout, il ne restera qu’une option : regarder Québec devenir une ville-musée, incapable de se renouveler, où le droit au logement aura été sacrifié sur l’autel du confort individuel.

Le carré de Tracy n’est pas qu’un projet perdu. C’est un test échoué. C’est le révélateur d’un malaise plus profond : notre incapacité collective à accepter les compromis nécessaires pour bâtir une ville vivante, inclusive et tournée vers l’avenir.

Alors, oui, le NIMBY a encore gagné. Mais c’est toute une génération qui, elle, perd à chaque fois…

La déresponsabilisation institutionnalisée, encore une fois

Toujours rejeter la faute sur les autres ne permet pas d’avancer.

On critique souvent, à raison, les administrations publiques qui bloquent des projets immobiliers. Mais les citoyens doivent aussi se regarder dans le miroir. En bloquant des projets de la sorte, ils envoient le message que le statu quo prime, que notre confort est plus important que le développement de la ville.

Il ne faut donc pas se surprendre que les politiciens se sentent justifiés de bloquer des projets au nom de la quiétude et de la protection de milieux forestiers, dans une région littéralement enclavée entre la forêt et le fleuve Saint-Laurent…

C’est dans notre déresponsabilisation individuelle que prend source la déresponsabilisation institutionnalisée.

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Francis Hamelin
Francis Hamelin
Francis Hamelin, #MakeThePLQLiberalAgain, est membre des Trois Afueras et écrivain amateur. Technicien en génie mécanique et industriel, il s'intéresse particulièrement aux politiques publiques, l'économie et à la productivité des entreprises et des individus.

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