Mercredi, septembre 17, 2025

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Doha rassemble 57 pays contre la frappe israélienne

Six jours après la frappe israélienne sans précédent qui a visé des dirigeants du Hamas dans un quartier résidentiel de la capitale qatarienne, l’émirat a réussi lundi son pari diplomatique en rassemblant 57 pays arabes et musulmans dans un front uni de condamnation contre l’État hébreu.

Le sommet d’urgence conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), organisé en réaction à l’attaque du 9 septembre dernier, a réuni des figures de premier plan : les présidents iranien, turc, égyptien et palestinien, le roi de Jordanie, le prince héritier et premier ministre saoudien Mohammed ben Salmane, ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais.

« Israël cherche à faire échouer les négociations »

Dans un discours inhabituellement virulent, l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a directement accusé Israël de saboter délibérément les efforts de paix. « Celui qui œuvre avec persistance et méthodologie à assassiner la partie avec laquelle il négocie, entend faire échouer les négociations », a-t-il déclaré devant l’assemblée.

Le dirigeant qatari, habituellement mesuré dans ses propos publics, n’a pas mâché ses mots concernant les intentions israéliennes : « Si Israël souhaite assassiner les dirigeants du Hamas, pourquoi alors s’engager dans des négociations ? Si vous insistez sur la libération des otages, pourquoi alors assassinez-vous tous les négociateurs ? ».

L’émir a également dénoncé ce qu’il considère comme le véritable projet israélien : « Le Premier ministre Benjamin Netanyahu rêve que la région arabe devienne une sphère d’influence israélienne. Et c’est une dangereuse illusion ».

Un appel à « revoir » les relations avec Israël

Le communiqué final du sommet marque un tournant diplomatique en exhortant « tous les États à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël » et à engager des poursuites judiciaires internationales contre l’État hébreu.

Cette position met directement en cause les Accords d’Abraham de 2020, qui ont vu les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc normaliser leurs relations avec Israël. Le sommet s’est d’ailleurs tenu symboliquement le jour du 5e anniversaire de la signature de ces accords.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, dont le pays fut le premier État arabe à reconnaître Israël en 1979, a averti que l’attaque contre le Qatar créait « des obstacles à toute perspective de nouveaux accords de paix, compromettant même les existants ».

« Demain, ce pourrait être n’importe quelle capitale »

Le président iranien Massoud Pezeshkian a saisi l’occasion pour lancer un avertissement à l’ensemble de la région : « Demain, ce pourrait être le tour de n’importe quelle capitale arabe ou islamique. Le choix est clair. Nous devons nous unir ».

Cette déclaration résonne particulièrement alors que le Qatar abrite la plus grande base militaire américaine de la région, Al-Udeid, où sont stationnés plus de 10 000 soldats américains. L’attaque israélienne a ainsi touché un allié stratégique de Washington, créant une situation diplomatique délicate pour l’administration Trump.

Washington dans l’embarras

L’incident a placé les États-Unis dans une position inconfortable. Le président Donald Trump a publiquement exprimé son mécontentement, déclarant dimanche : « Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents ».

Le secrétaire d’État Marco Rubio, arrivé mardi à Doha après sa visite à Jérusalem, a tenté de rassurer les autorités qatariennes tout en maintenant le soutien américain à Israël. « Nous allons continuer à encourager le Qatar à jouer un rôle constructif » dans les négociations de cessez-le-feu, a-t-il déclaré.

Rubio a également annoncé que Washington et Doha étaient « sur le point de finaliser un accord de coopération de défense renforcé », un signal destiné à apaiser les inquiétudes qatariennes concernant leur sécurité.

Des condamnations unanimes mais peu de mesures concrètes

Malgré la rhétorique enflammée, le sommet s’est limité à des déclarations sans adopter de sanctions économiques ou diplomatiques immédiates. Aucune mesure tangible comme une suspension commerciale ou la fermeture de l’espace aérien aux vols israéliens n’a été annoncée.

Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a bien évoqué l’activation de « mécanismes de défense conjointe », mais sans préciser la nature de ces mesures. L’Égypte a même suggéré la création d’un « OTAN arabe », une proposition qui reste pour l’instant sans suite.

Un précédent inquiétant

Pour la première fois depuis le début du conflit, Israël a frappé sur le territoire d’un pays tiers qui n’était pas directement impliqué dans les hostilités, remettant en question le statut de neutralité traditionnellement reconnu aux médiateurs diplomatiques.

Cette violation des règles diplomatiques établies soulève des interrogations sur l’avenir du rôle de médiation du Qatar, qui facilite depuis 2012 les négociations entre Israël et le Hamas à la demande explicite de Washington.

Le sommet de Doha illustre ainsi la capacité du petit émirat à mobiliser un soutien international face à ce qu’il considère comme une attaque contre la diplomatie elle-même, tout en révélant les limites de l’action collective arabe face à la politique israélienne d’escalade régionale.

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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