L’offensive terrestre du 16 septembre marque l’aboutissement d’une stratégie de contrôle territorial annoncée depuis des mois
L’opération militaire israélienne qui se déroule actuellement à Gaza n’est pas une escalade improvisée. C’est l’exécution méthodique d’un plan de « reconquête territoriale » explicitement annoncé par Benjamin Netanyahu depuis août 2025, et qui trouve aujourd’hui sa concrétisation avec l’offensive terrestre lancée le 16 septembre contre Gaza-Ville.
Les faits sans détour
Le 7 août 2025, Netanyahu déclarait sans ambiguïté lors d’une entrevue avec Fox News : « Nous avons l’intention de prendre le contrôle militaire de toute la bande de Gaza ». Cette déclaration n’était pas une figure de style : elle annonçait une stratégie géopolitique claire d’occupation territoriale complète.
Le cabinet de sécurité israélien a officialisé cette approche le même jour en approuvant le plan de « prise de contrôle de Gaza-Ville », une zone abritant près d’un million de Palestiniens. L’armée israélienne ne cache pas ses objectifs : il faudra « plusieurs mois pour sécuriser la ville et des mois supplémentaires pour nettoyer complètement la ville ».
L’exécution de l’« Opération Chars de Gédéon »
Cette stratégie s’articule en phases distinctes. L’Opération Chars de Gédéon I (mai-août 2025) visait à « détruire complètement les capacités militaires et administratives du Hamas » et à « prendre le contrôle de trois quarts de la bande de Gaza ». Mission accomplie selon Israël, qui revendique désormais le contrôle d’environ 75% du territoire.
L’Opération Chars de Gédéon II, lancée le 20 août, cible spécifiquement Gaza-Ville. Le 16 septembre, deux divisions israéliennes – composées de « dizaines de milliers de soldats » – ont entamé l’offensive terrestre finale. Le ministre de la Défense Israel Katz résumait la situation ce matin-là : « Gaza brûle ».
Les conséquences humanitaires et géopolitiques
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Environ 350 000 Palestiniens ont fui Gaza-Ville ces derniers jours. Depuis le début du conflit, plus de 64 900 Palestiniens ont été tués selon les autorités locales. Le 16 septembre seulement, au moins 91 Palestiniens ont perdu la vie dans la ville.
Le même jour, une commission d’enquête de l’ONU a publié un rapport concluant qu’Israël commet un génocide à Gaza, se basant notamment sur les déclarations des dirigeants israéliens eux-mêmes.
Au-delà de la rhétorique
Cette offensive révèle une réalité géopolitique que certains préfèrent ignorer : Israël n’a jamais abandonné son objectif de contrôle territorial complet sur les territoires palestiniens. Les déclarations de Netanyahu sur la remise ultérieure du territoire à « des forces arabes qui la gouverneront correctement » ne changent rien au fait que la souveraineté palestinienne effective disparaît.
La France et l’Arabie saoudite ont organisé une conférence à l’ONU en juillet 2025 sur la reconnaissance de l’État palestinien, initiative louable mais qui sonne creux quand, dans les faits, environ 86% du territoire gazaoui est désormais sous ordre d’évacuation ou en zone militarisée.
Conclusion
L’offensive du 16 septembre 2025 n’est pas un épisode isolé de violence. C’est l’aboutissement logique d’une stratégie annoncée, planifiée et exécutée méthodiquement. Netanyahu a dit ce qu’il allait faire, son gouvernement l’a approuvé, son armée l’exécute.
Pendant que la communauté internationale multiplie les déclarations d’indignation, les faits s’imposent sur le terrain. Gaza bascule vers une occupation militaire complète, transformant ce qui était déjà un territoire sous blocus en zone d’administration militaire directe.
Les conséquences de cette « reconquête » dépassent largement le cadre palestinien. Elles redessinent l’équilibre géopolitique du Moyen-Orient et questionnent l’efficacité réelle du droit international face aux stratégies de fait accompli.
L’histoire ne retiendra pas les communiqués. Elle retiendra les cartes.