Le Québec a considérablement resserré ses recommandations de vaccination contre la COVID-19 pour l’automne 2025, marquant une évolution significative vers une approche plus ciblée et économiquement efficiente. Le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) recommande désormais la vaccination principalement pour les personnes de 75 ans et plus, abandonnant les recommandations plus larges des années précédentes.
Une stratégie basée sur l’efficacité des investissements en santé
Cette nouvelle orientation s’appuie sur des études économiques détaillées qui évaluent combien coûte chaque vie sauvée selon les groupes d’âge. Ces analyses mesurent le coût nécessaire pour gagner une « année de vie en bonne santé » – un indicateur standard utilisé par les gouvernements pour décider où investir en santé publique.
Pour les personnes de 75 ans et plus, vacciner contre la COVID-19 coûte entre 18 682 $ et 41 325 $ par année de vie en bonne santé gagnée. Ce montant est considéré comme un bon investissement selon les standards canadiens, qui fixent généralement la barre à 50 000 $.
En comparaison, vacciner tous les groupes d’âge coûterait plus de 100 000 $ par année de vie en bonne santé gagnée – soit plus du double du seuil jugé acceptable. À ce niveau de coût, le même argent public pourrait potentiellement sauver davantage de vies s’il était investi dans d’autres programmes de santé publique.
Cette approche permet au gouvernement de maximiser l’impact de chaque dollar investi en santé publique, tout en préservant l’accès universel aux vaccins pour ceux qui souhaitent les recevoir.
Populations prioritaires et accessibilité maintenue
Les groupes ciblés par les nouvelles recommandations incluent :
- Personnes de 75 ans et plus
- Résidents de CHSLD et RPA
- Femmes enceintes
- Personnes immunosupprimées
- Personnes avec maladies chroniques
Pour les personnes de 65 à 74 ans, le vaccin demeure disponible gratuitement mais n’est plus activement recommandé. Cette approche préserve la liberté de choix individuel tout en concentrant les ressources publiques là où elles génèrent le plus grand impact sanitaire.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) continue d’offrir gratuitement le vaccin COVID-19 aux personnes de 6 mois et plus ne faisant pas partie des groupes à risque qui désirent réduire leur risque de contracter la maladie.
Stratification des risques appuyée par les données
Cette nouvelle stratégie s’appuie sur une stratification claire des risques selon l’âge. Les statistiques canadiennes de mortalité COVID-19 démontrent des écarts dramatiques :
- Moins de 50 ans : 9,67 décès par million de personnes
- 50-70 ans : 199,59 décès par million
- Plus de 70 ans : 1 649,54 décès par million
Le risque de décès est 170 fois plus élevé chez les plus de 70 ans que chez les moins de 50 ans. Les données québécoises révèlent également que 100% des décès liés à la COVID-19 chez les moins de 45 ans avaient au moins une comorbidité.
Évolution vers une médecine personnalisée
Le CIQ souligne que « les cas graves de COVID-19 et de grippe se concentrent chez les personnes de 75 ans et plus ainsi que chez les personnes de tout âge vivant avec une maladie chronique ». Cette reconnaissance de la variabilité individuelle des risques s’inscrit dans une tendance plus large vers la personnalisation des interventions de santé publique.
L’efficacité globale de la vaccination saisonnière contre la COVID-19 en 2023-2024 au Québec était d’environ 30% pour prévenir les infections graves chez les aînés, comparativement à 40-50% pour la vaccination antigrippale.
Harmonisation et simplification du programme
Le CIQ recommande d’appliquer les mêmes critères d’âge pour les vaccins contre la COVID-19 et la grippe afin de rendre les programmes plus faciles à comprendre et à organiser. Cette approche vise à faciliter la vie de tout le monde : les citoyens n’ont plus besoin de se rappeler des âges différents selon le vaccin, et les cliniques peuvent organiser leurs campagnes plus efficacement.
Au lieu d’avoir à expliquer « pour la grippe c’est à partir de 65 ans, mais pour la COVID c’est 60 ans », les professionnels de la santé peuvent maintenant dire simplement « pour les deux vaccins, c’est à partir de 75 ans ». Cette uniformité réduit la confusion et permet aux équipes médicales de mieux organiser leurs rendez-vous et leurs ressources.
Les nouveaux vaccins approuvés par Santé Canada ciblent le variant LP.8.1 (descendant d’Omicron) pour la campagne automnale, avec des formulations mises à jour incluant la souche KP.2 pour 2025.
Transition vers un financement provincial
Ces nouvelles recommandations interviennent dans un contexte où le Québec doit désormais financer directement les vaccins COVID-19, contrairement aux campagnes précédentes financées par le gouvernement fédéral. Cette transition vers un financement provincial souligne l’importance accrue des analyses coût-efficacité dans l’élaboration des politiques de santé publique.
Le MSSS s’appuie sur les recommandations du CIQ pour déterminer les groupes visés lors des campagnes de vaccination. Le vaccin contre la COVID-19 avait été offert gratuitement à l’ensemble de la population en 2023-2024 et 2024-2025.
Cette évolution des recommandations québécoises illustre une maturation de la stratégie de santé publique qui privilégie l’efficacité économique et la personnalisation des interventions, tout en préservant l’accessibilité universelle aux vaccins pour ceux qui souhaitent les recevoir.