Donald Trump a donné jusqu’à dimanche 18 h (heure de Washington) pour que le Hamas accepte son plan de paix à 20 points pour Gaza, menaçant que « tout l’ENFER, comme personne n’en a jamais vu auparavant » s’abattra sur le groupe militant en cas de refus. La date limite est passée, et les négociations sont prévues pour débuter aujourd’hui à Charm el-Cheikh.
Une acceptation partielle qui relance les discussions
Le 3 octobre, le Hamas a annoncé son accord pour libérer tous les otages israéliens, vivants ou morts, selon les termes du plan trumpien. Dans son communiqué, le mouvement palestinien a déclaré sa « volonté d’entamer rapidement des discussions par l’intermédiaire de médiateurs pour explorer les détails de cet accord » et s’est engagé à transférer l’administration de Gaza à un corps de technocrates palestiniens indépendants.
Le Hamas n’a toutefois pas accepté de se désarmer ni de renoncer à son influence dans la bande de Gaza, deux exigences centrales du plan américain. Trump a réagi à cette réponse partielle en écrivant sur Truth Social : « Sur la base de la déclaration qui vient d’être publiée par le Hamas, je crois qu’ils sont prêts à une PAIX durable ».
Trump demande à Israël de cesser les bombardements
Le président américain a ensuite demandé qu’Israël cesse ses frappes. « Israël doit immédiatement cesser de bombarder Gaza afin que nous puissions libérer les otages rapidement et en toute sécurité ! Pour l’instant, c’est bien trop dangereux ». C’est la première fois depuis le 7 octobre 2023 qu’un président américain demande publiquement à Israël d’arrêter ses opérations militaires.
L’armée israélienne a poursuivi ses opérations malgré cet appel. Selon Mahmud Bassal, porte-parole de la Défense civile de Gaza, au moins 57 Palestiniens ont été tués samedi, dont 40 dans la seule ville de Gaza. « Ce fut une nuit très violente, au cours de laquelle l’armée israélienne a mené des dizaines de frappes aériennes et de bombardements d’artillerie sur la ville de Gaza et d’autres zones de la bande de Gaza, malgré l’appel du président Trump à cesser les bombardements », a déclaré Bassal. Le dimanche, 24 Palestiniens supplémentaires ont perdu la vie dans des frappes israéliennes.
Des négociations prévues à Charm el-Cheikh sous pression américaine
Les discussions indirectes entre Israël et le Hamas doivent débuter lundi à Charm el-Cheikh, en Égypte. La délégation du Hamas, menée par Khalil al-Hayya, est arrivée dimanche en Égypte. Celle d’Israël, dirigée par Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques, devait partir lundi pour les pourparlers. L’envoyé spécial américain Steve Witkoff et Jared Kushner, gendre de Trump et artisan des accords d’Abraham en 2020, participent aux discussions.
Trump a écrit dimanche sur Truth Social que les discussions avaient été « très réussi et progresse rapidement » et que les équipes techniques se réuniraient lundi pour « travailler et clarifier les derniers détails ». Il a ajouté : « Je demande à tout le monde d’AGIR VITE […] LE TEMPS EST ESSENTIEL, SINON, UNE EFFUSION DE SANG MASSIVE S’EN SUIVA — QUELQUE CHOSE QUE PERSONNE NE VEUT VOIR ! ».
Dimanche soir, il a déclaré aux journalistes : « Nous avons eu de très bonnes réunions… et ça semble fonctionner. On va donc attendre un peu pour voir comment ça évolue ».
La position de Netanyahu
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit composer avec les exigences de Trump et les pressions de sa coalition de droite nationaliste et religieuse. Lors d’une réunion de cabinet mardi soir, il a affirmé que la collaboration avec Washington était « plus proche que vous ne le pensez » et qu’il y avait « une très grande opportunité ici ».
Selon Axios, Trump aurait appelé Netanyahu samedi pour discuter de la volonté du Hamas de libérer les otages, mais le premier ministre israélien aurait répliqué que l’offre n’avait aucune valeur. Trump aurait alors répondu : « Tu es toujours tellement négatif. C’est une victoire. Prends-la. ».
Netanyahu a exprimé samedi l’espoir d’annoncer la libération de tous les otages « dans les prochains jours » et que l’objectif était de « limiter ces négociations à quelques jours ». Il a toutefois signalé qu’il n’y aurait pas de retrait total des forces israéliennes de Gaza, une exigence de longue date du Hamas.
Le plan en 20 points présenté le 29 septembre
Le plan de Trump, présenté le 29 septembre lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche aux côtés de Netanyahu, vise à instaurer un cessez-le-feu immédiat, le retour des otages israéliens (environ 48 sont à Gaza, dont 20 seraient encore vivants), un échange de prisonniers, le démantèlement des capacités militaires du Hamas et l’établissement d’une structure de gouvernance transitoire dans la bande de Gaza.
Selon les termes du plan, Israël devrait libérer 250 prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité et plus de 1 700 détenus gazaouis arrêtés après le 7 octobre 2023. Le Hamas devrait remettre ses armes à un organisme palestino-égyptien sous supervision internationale. Une force de stabilisation internationale serait déployée, suivie d’une reconstruction à grande échelle et d’une voie conditionnelle vers un État palestinien.
Netanyahu avait déclaré lors de l’annonce : « Je soutiens votre plan visant à mettre fin à la guerre à Gaza, qui atteint nos objectifs de guerre. Il permettra le retour en Israël de tous les otages, le démantèlement du pouvoir militaire du Hamas, la fin de son régime politique et la garantie que Gaza ne représentera plus jamais une menace pour Israël ».
Un conflit qui a fait plus de 67 000 morts
Le conflit, déclenché par l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 qui a tué 1 139 personnes en Israël (695 civils israéliens, 71 étrangers et 373 membres des forces de sécurité), a fait au moins 67 139 morts palestiniens confirmés à Gaza, dont au moins 19 424 enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza au 5 octobre 2025.
Marco Rubio, secrétaire d’État américain, a déclaré dimanche sur « Face the Nation » que « nous n’avons jamais été aussi près d’obtenir la libération de tous les otages ». Il a précisé que deux phases suivraient l’acceptation par le Hamas du cadre de Trump : la libération des otages et le retrait d’Israël jusqu’à la « yellow line », sa position d’août 2024.
Les ministres des Affaires étrangères de huit pays à majorité musulmane ont publié une déclaration conjointe dimanche, saluant « les mesures prises par le Hamas concernant la proposition du président américain Donald Trump de mettre fin à la guerre à Gaza et de libérer tous les otages » et appelant à des négociations immédiates.
Les prochains jours détermineront si ces négociations aboutiront à un accord durable entre les parties.
