Mercredi, octobre 22, 2025

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Entrevue corsée : Marchand défend ses taxes

À deux semaines du scrutin du 2 novembre, Bruno Marchand a dû affronter une entrevue corsée au FM93 avec Myriam Ségal qui l’a confronté sur un dossier que les citoyens connaissent bien : les petites taxes qui s’additionnent dans leurs poches.​​

La gymnastique des chiffres

Quand Ségal lui rappelle qu’il a été élu avec seulement 33% des voix et un taux de participation de 45%, soit environ 15% de l’électorat réel, Marchand se défend en évoquant le président américain qui serait élu avec « 25% des voix, si on le calcule comme ça ». Une comparaison qui n’a pas convaincu l’animatrice.​

Sur la question des taxes, le maire sortant utilise les statistiques : « En 4 ans, on a monté de 11,5% le compte de taxes et l’inflation est à 16,5% », affirme-t-il pour justifier sa politique fiscale. Mais l’animatrice ne lâche pas prise : « tu as 2 Minou, tu as 30 $ de plus à payer pour absolument aucun service supplémentaire », lance-t-elle en parlant de la fameuse taxe sur les chats.​

L’argument de l’inflation de Marchand ne tient toutefois pas compte du fait qu’une municipalité ne paie pas d’épicerie : l’inflation pertinente pour les dépenses municipales (construction, matériaux, main-d’œuvre) serait plutôt autour de 12-14%, selon les composantes de l’IPC hors alimentation. L’écart est beaucoup moins impressionnant que le 5 points de pourcentage (16,5% – 11,5%) que Marchand présente.

De nouvelles taxes contestées

Au cours de son mandat, Marchand a effectivement ajouté une taxe de 60 $ sur l’immatriculation des véhicules, en plus d’instaurer une taxe d’enregistrement pour les chats. Pour un citoyen de Val-Bélair possédant deux voitures, cela représente 120 $ de plus en taxes municipales directes, sans compter les autres frais.​​

« Toutes les villes font ça », se défend Marchand en parlant de la taxe sur les chats. L’argument du « tout le monde le fait » n’a pas impressionné Ségal : « Oui, mais tout le monde le fait, donc je le fais, peu importe ce que ça coûte », réplique-t-elle.​

Un engagement d’indexation annuelle

Pressé de garantir qu’il n’y aura pas de nouvelles taxes, Marchand promet de ne pas en « inventer » de nouvelles, mais prévient que tout sera « indexé » à l’inflation chaque année. Pour la taxe d’immatriculation qui a déjà augmenté de 300% selon ses propres dires, cela signifie une hausse annuelle automatique.​​

Le maire justifie ces hausses en évoquant les services gratuits offerts aux familles : bains libres, bases de plein air, programmes vacances-été. « Je ne vous l’enlève pas dans votre taxe », insiste-t-il, expliquant que les 60 $ de taxe d’immatriculation permettent d’éviter de payer 120 $ par semaine pour les programmes estivaux comme à Lévis.​

Le fiasco de la distribution de billets d’autobus

L’entrevue a également abordé la distribution chaotique des huit billets gratuits d’autobus promis aux contribuables qui paient la taxe d’immatriculation de 60 $. Les citoyens ont dû s’inscrire en ligne puis se rendre au Centre Vidéotron lors d’une fin de semaine particulièrement achalandée pour récupérer leurs billets.​

« Pourquoi vous avez fait ça à un endroit, une fin de semaine où c’était particulièrement achalandé ? », questionne Ségal. Marchand admet que le processus peut être amélioré : « Si on peut l’améliorer dans les prochaines années, on va le faire », promet-il.​

Le RTC dans la tourmente

L’animatrice a également confronté le maire sur la gestion du Réseau de transport de la Capitale (RTC), notamment le projet controversé du garage Newton pour autobus électriques qui devait coûter 647 millions de dollars. Le gouvernement Legault a stoppé le chantier en avril 2025 après avoir déjà investi 94 millions de dollars, et la mise sur pause a coûté 2 millions $ supplémentaires.​​

« Vous allez leur confier le tramway à gérer. Je suis inquiète. Je trouve que cet organisme-là ne va pas bien », lance Ségal. Marchand défend le RTC en soulignant les succès comme àVelo et le Flexibus, mais admet que « cet organisme-là a des zones d’amélioration ».​

L’animatrice ne lâche pas prise : elle révèle avoir fait des demandes d’accès à l’information sur àVélo qui ont été refusées. Un détail qui prend tout son sens quand on sait que le RTC occupe l’avant-dernier rang (9e sur 10) en performances financières parmi les sociétés de transport québécoises selon un audit gouvernemental de novembre 2024. Un bilan qui soulève des questions chez les contribuables qui financent l’organisme avec leurs 60 $ de taxe d’immatriculation.

Cyclistes et automobilistes : la cohabitation explosive

Sur la question des pistes cyclables et de la cohabitation avec les automobilistes, l’échange s’est corsé. Ségal rapporte avoir assisté à deux accrochages récents entre cyclistes et automobilistes, et dénonce le manque de campagnes d’information pour les cyclistes sur leurs obligations légales.​

« Il est en train de se développer une hargne à l’endroit des cyclistes », prévient l’animatrice. Marchand reconnaît qu’« il y a une hargne qui était déjà latente » et que « les cyclistes doivent se comporter comme il faut », mais défend sa campagne de sensibilisation qui vise « les cyclistes, les piétons, les automobilistes ».​

Le principe « utilisateur-payeur » à géométrie variable

Un point particulièrement irritant pour les contribuables : les vignettes de stationnement sur rue qui ont augmenté de 25%, justifiées par le principe « utilisateur-payeur ». Ségal conteste vivement cette logique : « Vous allez devoir la déneiger dans toute son ampleur. Qu’il y ait du monde stationné ou pas », fait-elle valoir.​

Marchand insiste sur le fait que « stationner sur rue, ça ne coûte rien » est faux et que les frais doivent être assumés par ceux qui utilisent le service. Quand l’animatrice demande pourquoi ce principe ne s’applique pas aux cyclistes via une immatriculation, le maire répond que « l’immatriculation, vous savez qu’elle n’est pas gérée par nous ».​ Une façon habile d’éviter la question en renvoyant la responsabilité à la SAAQ, alors que des villes distribuaient autrefois leurs propres immatriculations pour vélos.​

Un maire en avance, mais sur la défensive

Cette entrevue révèle un maire sur la défensive face aux critiques concrètes des contribuables qui voient leurs factures augmenter de façon détournée. « Ce sur quoi j’en ai, c’est qu’on augmente toutes sortes de petites affaires à côté de la taxe foncière. C’est ça qui me fatigue, moi, dans la stratégie », résume parfaitement Myriam Ségal.​

Au terme de l’échange, Marchand reconnaît avoir reçu des messages : « Il y a plein de questions que ça me pose. Il y a plein de questions que je vais aller poser », promet-il, admettant que « le dernier 4 ans n’était pas parfait ».​

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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