J’écris ça directement du palais de justice de Québec, les mains et les jambes qui « shakent » encore.
On ne parle jamais assez de l’horreur que les victimes d’actes criminels doivent revivre quand elles traversent le système judiciaire. Pas juste une fois. Deux fois. Trois fois. À chaque étape. À chaque criss de question posée « pour vérifier la crédibilité ».
Hier, j’ai passé la journée à écouter mon propre frère raconter ce qu’il a vécu pendant 10 ans, de l’âge de 5-14 ans. Encore. Dans les plus petits détails. Des détails que personne ne devrait avoir à répéter devant une salle pleine d’inconnus, surtout pas quand un tribunal criminel a déjà reconnu la culpabilité de Claude Guillot.
Et ce matin, c’est encore pire.
L’avocate de Claude Guillot, Me Sophie Noël, est en train de faire ce que le système permet : réagresser la victime sous prétexte de « contre-interroger ».
Ça fait une heure qu’elle met devant mon frère des cartables épais comme des briques, remplis de photos accumulées sur dix ans.
Des photos où, à un moment donné, il sourit.
Des photos où il y a de la bonne bouffe sur la table.
Des photos sorties de leur contexte, utilisées comme des armes.
Et tout ça pour quoi?
Pour lui dire en plein visage :
« Tu vois, t’étais heureux. Il n’y avait pas de problème. »
Pendant que je regarde mon frère souffrir dans le box des témoins.
Pendant que chaque phrase qu’elle prononce, chaque insinuation, chaque manipulation « cheap » le replonge dans les années où il était sous la domination de ce tortionnaire-là.
C’est ça, la réalité des victimes.
C’est ça, le système de justice au Québec.
Tu survis à l’abuseur… et ensuite tu dois survivre à son avocat.
Et pendant que ça se passe, les autres victimes sont là, obligées de revivre leur propre trauma.
J’ai fait des cauchemars toute la nuit.
Je suis enragé. Écœuré. Brisé.
La population doit savoir ça.
Pas dans un rapport froid. Pas dans un jugement trois ans plus tard.
MAINTENANT.
En temps réel.
Parce que ce qu’on vit ici, aujourd’hui, c’est immonde.
C’est la preuve vivante qu’au Québec, même quand un agresseur est reconnu coupable, la victime doit quand même se battre pour prouver qu’elle a souffert.
On va finir par mettre un « spotlight » là-dessus!
On va finir par nommer ce qui se passe.
Parce que ce que vivent les victimes en cour, ce n’est pas de la justice.
C’est une deuxième agression.
Et ça doit arrêter.

