Dans une sortie fracassante sur Reddit, Nadia Poirier, candidate de Québec solidaire lors de la récente élection partielle de Terrebonne, a révélé avoir été complètement abandonnée par sa formation politique. Défaite avec un maigre 4,55 % des voix, Poirier dénonce un manque flagrant de soutien tout au long de sa campagne, mettant en lumière l’hypocrisie d’un parti qui se prétend « solidaire ».

Un abandon systématique et calculé
« J’ai eu un peu d’aide des employés, mais sans plus. Le message était clair : pas de temps et pas d’argent pour Terrebonne », a confié la candidate dans des commentaires dont l’authenticité a été confirmée par son directeur de campagne. Cette déclaration cinglante expose la réalité d’un parti qui semble avoir délibérément sacrifié sa candidate.
L’affront le plus flagrant s’est produit lors de la soirée électorale du 17 mars, où aucun des douze députés solidaires n’a daigné se présenter pour soutenir leur candidate. Nadia Poirier affirme avoir appris cette désertion seulement deux jours avant le scrutin. Une journaliste venue couvrir l’événement est même repartie immédiatement après avoir constaté l’absence de députés solidaires.

Une stratégie élitiste assumée
La co-porte-parole de QS, Ruba Ghazal, aurait laissé entendre que Terrebonne n’était pas la « clientèle naturelle » du parti, une déclaration qui trahit une vision profondément élitiste de la politique québécoise. Cette attitude suggère que QS considère que seuls les électeurs urbains méritent son attention, abandonnant délibérément les banlieues et les régions.
Comme l’a souligné un commentateur sur Reddit : « Si QS veut croître et même aspirer un jour à être l’opposition officielle, il faut que les gens de Terrebonne soient sa clientèle. Si la direction de QS pense que sa seule clientèle réside entre le mont Royal, la rivière des Prairies, l’île des Sœurs et les Galeries d’Anjou, qu’ils ferment boutique ».

Des justifications qui ne tiennent pas la route
Face à ce scandale, QS a tenté de se défendre en invoquant des raisons stratégiques. « Terrebonne est un château fort péquiste depuis 25 ans, dont le dernier député était Pierre Fitzgibbon. Notre campagne a été organisée en conséquence », a expliqué le directeur des communications du parti, Quentin Janel.
Concernant l’absence des députés à la soirée électorale, le parti a précisé que Ruba Ghazal « n’était pas disponible » et que Gabriel Nadeau-Dubois était absent « pour des raisons familiales ». Aucune explication n’a été fournie pour les dix autres députés solidaires.
Ces justifications paraissent particulièrement faibles quand on considère que Terrebonne se trouve en banlieue de Montréal, à courte distance du centre-ville où résident plusieurs députés solidaires.

La réaction du Parti Québécois
Pascal Bérubé, député du Parti Québécois, a réagi en disant « Avant de faire la leçon au Parti Québécois, comme elle l’a fait, à nouveau ce matin, @RubaGhazalQS devrait se questionner sur la relation de son parti avec sa propre candidate dans Terrebonne ».
Avant de faire la leçon au Parti Québécois, comme elle l’a fait, à nouveau ce matin, @RubaGhazalQS devrait se questionner sur la relation de son parti avec sa propre candidate dans Terrebonne… #PolQc
Une trahison qui ébranle le parti
Pour Stéphane Bédard, ancien député péquiste et analyste politique, cette situation est sans précédent : « Je n’ai pas souvenir d’avoir vu ça. Je n’ai jamais vu ça, là. Et ça va être lourd à porter pour le parti, là, qui n’a de solidaire que le nom ».
Cette controverse survient à un moment critique pour QS, qui peine à maintenir sa dynamique après les élections de 2022. Le parti semble incapable de s’implanter hors de ses bastions montréalais et fait face à une stagnation électorale qui pourrait annoncer son déclin.
Nadia Poirier a conclu ses messages sur Reddit avec une ironie mordante : « Je souhaite bonne chance à la candidate solidaire d’Arthabaska », laissant entendre que cette dernière pourrait connaître le même sort lors de la prochaine élection partielle.

Cette affaire expose au grand jour les contradictions d’un parti qui prône la solidarité dans son nom mais pratique l’abandon de ses propres candidats.