Depuis les dernières annonces de hausse du plafond salarial dans la LNH, la valorisation des salaires des joueurs est sujette à débat. Nous nous sommes posé la question suivante : est-ce que le pourcentage de la masse salariale est une unité de mesure adéquate lorsqu’on analyse la construction d’une équipe? Pour tenter d’élucider la question, nous avons étudié les masses salariales des derniers champions de la Coupe Stanley depuis 2020.
Pourquoi le pourcentage de la masse salariale est-il pertinent?
Depuis plusieurs mois, les négociations entre les agents et la direction des équipes à travers la LNH sont confrontées à des différences de philosophie. Elles soulèvent la question suivante : signons-nous un joueur en fonction d’un pourcentage de son impact sur la masse, ou en fonction d’une valeur fixe?
Même si les équipes voudront toujours signer ses joueurs au salaire annuel le plus bas, il va de soi qu’au cours des prochaines années, les contrats signés suivront l’augmentation du plafond salarial.
Pour comprendre l’impact des contrats avec la hausse du plafond salarial, prenons l’exemple du contrat de Lane Hutson. À partir de l’an prochain, son contrat affectera la masse salariale du CH à la hauteur d’environ 8,5 %, tandis qu’en 2027-2028, son contrat l’affectera à un taux de 7,8 %. En un an, du point de vue de la direction, l’impact du contrat du jeune défenseur sur la masse salariale du CH aura diminué de près d’un pourcent, représentant près d’un million de dollars.
Avec une croissance du plafond, les directeurs généraux se réjouissent donc de la flexibilité que cet espace financier leur procurera. Toutefois, n’oublions pas que le marché des joueurs dans la LNH suit le même principe d’ajustement des prix qu’une économie de marché : l’offre et la demande ajusteront automatiquement les salaires offerts et demandés.
Dans cette optique, même si le plafond augmente, les salaires croissent. Alors, le pourcentage du plafond utilisé par les joueurs reste la mesure la plus pertinente.
Les derniers champions de la Coupe Stanley
En termes de construction d’équipe, plusieurs perçoivent le Lightning de Tampa Bay comme l’une des équipes maîtresses des années 2000. Si l’équipe a été critiquée puisqu’elle a souvent contourné le plafond salarial en séries, la fondation de son équipe est ce qui nous intéresse. Avec deux coupes Stanley remportées en 2020 et 2021, le Lightning n’a jamais eu de joueurs au salaire dépassant les 10 millions et a toujours bien dispersé sa masse salariale aux trois positions.
Après sa Coupe Stanley de 2022, l’Avalanche du Colorado était perçue comme la prochaine dynastie des années 2020. Cependant, l’équipe n’a jamais été capable de reproduire son exploit de 2022. Avec Nathan MacKinnon et Nazem Kadri qui avaient un salaire combiné de 10,8 millions et qui ont combiné 214 points en saison régulière et en séries, on comprend vite comment l’Avalanche a été en mesure de remporter les prestigieux honneurs en 2022.
À l’image du Lightning, les Golden Knights ont toujours présenté une formation avec une profondeur exceptionnelle aux trois positions. Comme Tampa, Vegas ont eux aussi été critiqués quant à l’utilisation de la liste des blessés à long terme en séries éliminatoires. À l’image des quatre autres équipes, les Golden Knights ont affiché une équipe avec une profondeur hors pair.
Enfin, si on croyait que l’Avalanche allait enchainer les coupes Stanley, l’équipe qui s’est établie comme la puissance de la LNH a été l’autre équipe de la Floride. Après une transaction qui a changé la culture de l’équipe avec l’échange de Jonathan Huberdeau et Mackenzie Weegar pour Matthew Tkachuk, les Panthers ont tout démoli sur leur passage en séries éliminatoires, deux ans de suite.
Une tendance qui se maintient
Les quatre équipes évoquées, bien qu’ayant toutes possédé une profondeur exceptionnelle, ont été construites différemment : certaines plus équipées à l’attaque, d’autres plus équipées à la défense et au poste de gardien.
Cela étant dit, les quatre équipes ont utilisé un pourcentage de la masse salariale très similaire sur leurs sept meilleurs joueurs. On voit un pourcentage qui navigue autour de 60 % :

L’exemple des Leafs
Si ces données semblent arbitraires, regardons le portrait des Maple Leafs, équipe reconnue pour une piètre construction d’équipe et une masse salariale déséquilibrée.
En faisant le même exercice que celui effectué plus haut, nous avons trouvé que le pourcentage utilisé par Toronto dépasse d’environ 10 % la moyenne des derniers champions de la Coupe Stanley. Si 10 % peuvent être difficiles à quantifier, ça représentait environ 8,8 millions de dollars l’an passé. On peut imaginer comment ces 8,8 millions de dollars auraient pu être utilisés.
Nous avons aussi regardé la tendance au niveau du pourcentage cumulatif des plus hauts salariés. Si chaque équipe se suit quant au pourcentage total utilisé, on note que l’augmentation de celui-ci se suit aussi.

Ce que ce graphique nous suggère est qu’il y a aussi un équilibre au niveau des sept plus hauts salariés. En effet, les courbes des derniers champions se suivent aussi en termes de croissance, signifiant qu’il n’y a pas un gros écart salarial entre les hauts salariés de l’équipe. Nous voyons cependant que, non seulement la courbe des Maple Leafs est plus élevée que les autres, mais elle est aussi plus verticale, confirmant cette dispersion salariale entre les quatre plus hauts salariés de l’équipe et le reste des joueurs.
Le CH : en bonne posture?
À défaut de pouvoir projeter le plafond salarial à long terme (même s’il augmentera très probablement), nous pouvons envisager un portrait pour la saison 2027-2028 avec un plafond salarial de 113,5 millions de dollars.
On se rappelle que nous avions proposé un salaire d’environ 11 millions de dollars par saison à Ivan Demidov et nous avions fait l’hypothèse d’un centre au salaire annuel de neuf millions de dollars. Même si ces deux dernières variables pourraient être revues à la hausse ou à la baisse, le CH se retrouve avec une masse salariale très avantageuse compte tenu de sa profondeur.

Ainsi, à environ 55 %, son pourcentage combiné de ses 7 joueurs les plus payés se retrouverait légèrement sous la moyenne des autres équipes. Par rapport aux équipes en reconstruction, le CH a aussi l’avantage d’avoir signé à long terme presque tous ses joueurs avant que l’effet de la hausse du plafond ne se fasse sentir.
On arrive donc à la conclusion suivante : le CH aura beaucoup de flexibilité quant aux ajouts que l’équipe voudra faire pour améliorer sa profondeur.

