L’élection partielle d’Arthabaska s’annonce comme le combat politique de l’été. Officiellement déclenchée le 8 juillet, cette course électorale transforme une circonscription habituellement tranquille en véritable champ de bataille entre deux candidats : Alex Boissonneault du PQ et Éric Duhaime du PCQ.
Le timing controversé
La campagne électorale a bel et bien été lancée, avec un scrutin fixé au 11 août 2025. Les dates clés de cette élection sont particulièrement révélatrices du timing choisi par François Legault :
- Période de mise en candidature : du 10 au 26 juillet
- Vote par anticipation : les 3 et 4 août
- Jours de vote au bureau du directeur du scrutin : les 1er et 2 août, puis du 5 au 7 août
- Jour officiel du vote : 11 août 2025
Ce calendrier estival fait bondir les candidats. Éric Duhaime n’y va pas de main morte : «Ça fait 4 mois que le siège est vacant. Ça fait 16 mois qu’on sait qu’une élection doit avoir lieu parce que le député sortant avait annoncé son intention de partir. Et François Legault a attendu juste avant les vacances de la construction pour enfin déclencher l’élection. C’est d’un cynisme sans nom».
Alex Boissonneault renchérit en dénonçant un lancement de campagne «en catimini» de la CAQ, «en plein milieu de l’été, alors que ça fait quatre mois que les citoyens n’ont plus de représentation à l’Assemblée nationale».
La CAQ reléguée au rang de figurant
Les sondages confirment ce que plusieurs observateurs pressentaient : cette élection se joue effectivement à deux. Selon un sondage Segma de juin 2025, Alex Boissonneault obtiendrait 42% des voix contre 41% pour Éric Duhaime. La CAQ, avec son candidat Keven Brasseur, ne récolte que des miettes dans cette course.
Cette marginalisation de la CAQ s’explique par plusieurs facteurs :
- Un candidat caquiste peu connu (Keven Brasseur) face à deux figures médiatiques
- L’usure du pouvoir après sept ans de gouvernement
- Les nombreux scandales et échecs du gouvernement Legault
- L’absence de représentation pendant quatre mois dans la circonscription

Les propositions concrètes du PCQ
Contrairement aux discours généraux souvent entendus, Éric Duhaime présente des mesures précises et chiffrées. Son plan « SOS proximité » illustre parfaitement cette approche pragmatique :
Plan de revitalisation des commerces de proximité
- Abolition de la taxe carbone qui pénalise les dépanneurs avec pompes à essence
- Réduction de la paperasse administrative qui étouffe les petits commerces
- Élimination des « lois coûteuses et déloyales » qui favorisent les grandes chaînes
Duhaime rappelle une réalité troublante : « Dans la dernière décennie, environ un dépanneur par année a fermé ses portes. Ce n’est pas un hasard. C’est parce que le gouvernement ne les aide pas et leur nuit considérablement ».
Autres engagements du PCQ
- Aide aux jeunes pour l’accès à la propriété
- Soutien aux familles face à l’inflation
- Réduction du prix de l’essence pour les automobilistes
- Diminution de la paperasse pour les agriculteurs
- Amélioration des soins de santé pour les patients
Les « propositions » floues du PQ
En contraste frappant, les propositions péquistes restent dans le vague et les généralités. Le site officiel du PQ pour Arthabaska présente des objectifs louables, mais sans plan concret :
- « Mettre fin au gaspillage des fonds publics » – sans préciser comment
- « Réduire les seuils d’immigration » – sans chiffres ni échéancier
- « L’accès à la propriété pour les jeunes » – sans mécanisme explicite
- « Réduire le prix de l’essence » – sans expliquer la méthode alors que le PQ a voté en faveur des mécanismes qui gardent le prix de l’essence élevé au Québec
Cette approche s’apparente davantage à une liste de souhaits qu’à un véritable programme politique. Comme le souligne Paul St-Pierre Plamondon lui-même, il considère que le PCQ propose « des mesures faites sur le coin d’une table », mais cette critique pourrait facilement se retourner contre son propre parti.
L’art du sophisme péquiste
L’analyse des déclarations de Paul St-Pierre Plamondon révèle une stratégie rhétorique classique qui mise sur l’émotion plutôt que sur la substance. Quand il affirme que « Avec le PCQ, on a droit à des faussetés, des trucs bâclés sur le coin d’une table », il utilise une technique de disqualification sans apporter de preuves concrètes.
Cette approche s’inscrit dans ce qu’on pourrait appeler la « radicalisation tranquille » du PQ, où les attaques personnelles remplacent progressivement le débat d’idées.
Un enjeu national déguisé
Cette élection partielle dépasse largement les enjeux locaux. Pour Éric Duhaime, c’est l’occasion de faire son entrée à l’Assemblée nationale et de participer aux débats des chefs en 2026. Pour le PQ, une défaite pourrait freiner sa lancée actuelle dans les sondages.
Le test de la crédibilité
Au-delà des stratégies et des attaques, cette élection constitue un test de crédibilité pour deux visions du Québec. D’un côté, le PCQ propose des solutions concrètes et chiffrées pour les défis quotidiens des Québécois. De l’autre, le PQ mise sur une rhétorique émotionnelle et des promesses générales.
Comme le résume Éric Duhaime : « Le modèle actuel est au bout du rouleau. Le Québec a besoin de bien plus qu’un simple changement de nom ou de logo ». Cette phrase capture l’essence du choix qui s’offre aux électeurs d’Arthabaska : entre le changement réel et le changement cosmétique.
Le 11 août prochain, les citoyens d’Arthabaska ne choisiront pas seulement un député, mais une vision de l’avenir politique du Québec. Dans cette bataille sans merci, les beaux discours ne suffiront plus : il faudra des solutions concrètes pour convaincre un électorat qui en a assez des promesses creuses.