Le premier ministre canadien Mark Carney a officiellement déclenché des élections fédérales anticipées dimanche 23 mars 2025, envoyant les Canadiens aux urnes le 28 avril prochain, soit six mois avant la date initialement prévue. Cette décision survient seulement neuf jours après sa prestation de serment comme premier ministre du Canada, succédant à Justin Trudeau qui avait annoncé sa démission en janvier.
Une visite éclair à Rideau Hall
C’est lors d’une visite à la gouverneure générale Mary Simon que Carney a demandé la dissolution du Parlement, lançant ainsi une campagne électorale éclair de 36 jours, soit la période minimale autorisée par la législation canadienne. Cette visite marque sa deuxième apparition à Rideau Hall en à peine dix jours, sa dernière visite ayant eu lieu le 14 mars pour la prestation de serment de son cabinet, qui risque maintenant d’être éphémère.
Lors de son point de presse devant Rideau Hall, Carney a déclaré : « Nous faisons face à la crise la plus importante de notre vie », faisant référence aux tensions avec le président américain Donald Trump. « Je demande aux Canadiens un mandat fort et positif pour faire face au président Trump et construire une nouvelle économie canadienne qui fonctionne pour tout le monde », a-t-il ajouté.
La menace Trump au cœur de la campagne
Cette élection se déroule dans un contexte particulièrement tendu avec les États-Unis. Le président américain Donald Trump a imposé des droits de douane de 25 % sur les produits canadiens non exemptés et menace d’appliquer des mesures encore plus sévères dès le 2 avril. Par ailleurs, Trump a répété à plusieurs reprises que le Canada devrait devenir le 51e État américain, une suggestion qui a provoqué l’indignation chez de nombreux Canadiens. Une position qui a même amené des séparatistes à défendre le Canada.
Un calcul politique évident
Mark Carney, qui n’a jamais été député et manque d’expérience politique, semble vouloir profiter d’un regain de popularité des libéraux dans les sondages. Alors que les conservateurs menaient avec une avance à deux chiffres depuis près de deux ans, les libéraux ont commencé à gagner du terrain après la démission de Trudeau, et certains sondages donnent maintenant une légère avance aux libéraux sous la direction de Carney.
Cette situation a été perçue comme une motivation potentielle pour déclencher un vote éclair plutôt que d’essayer de diriger un gouvernement minoritaire depuis les coulisses. Sans siège à la Chambre des communes, Carney a confirmé qu’il briguerait un siège dans la circonscription de Nepean, voisine de celle de Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur.
Une campagne qui s’annonce acrimonieuse
Le chef conservateur Pierre Poilievre, principal adversaire de Carney, a lancé sa campagne dimanche avec le slogan « Canada First ». Poilievre a constamment dépeint Carney comme étant mal préparé pour gérer efficacement les relations avec Trump.
Du côté des verts, les co-chefs Elizabeth May et Jonathan Pedneault ont exprimé leurs inquiétudes face à l’approche de Carney. Pedneault a notamment déclaré que Carney commençait à ressembler davantage à un progressiste-conservateur qu’à un libéral. Il a également qualifié de « honte » la décision de Carney d’annuler la taxe carbone pour les consommateurs alors que le changement climatique demeure un problème pressant.
Des promesses contestées
Depuis son investiture, Carney a déjà mis en œuvre certaines de ses promesses électorales, notamment la suppression de la taxe carbone sur la consommation et l’annulation de l’augmentation du taux d’inclusion des gains en capital. Lors du lancement de sa campagne, il a également proposé une réduction d’impôt pour la classe moyenne, promettant de réduire le taux d’imposition de la tranche de revenu la plus basse d’un point de pourcentage, ce qui pourrait bénéficier à une famille à deux revenus jusqu’à concurrence de 825 $ par année.
Bien que Carney ait annoncé l’élimination de la taxe carbone pour les consommateurs, il est important de noter que la législation reste en place et que les grands émetteurs continuent de payer un prix sur le carbone. De même, l’annulation de l’augmentation du taux d’inclusion des gains en capital, bien que promise, n’a pas encore été formalisée par une loi.
Par ailleurs, les récentes positions de Carney semblent être différentes des ses valeurs personnelles. Ce qui peut indiquer qu’il s’agit de fausse promesse pour aller piger dans l’électorat conservateur.
Les Canadiens se rendront aux urnes le 28 avril, avec des votes par anticipation qui se tiendront pendant le week-end de Pâques. La campagne vise à pourvoir 343 sièges à la Chambre des communes, suite au dernier redécoupage des circonscriptions électorales.
Alors que le pays s’engage dans cette période électorale cruciale, la question demeure : qui, de Carney ou de Poilievre, saura le mieux défendre les intérêts canadiens face aux menaces américaines? La réponse appartiendra aux électeurs le 28 avril prochain.