Vendredi, juillet 25, 2025

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Carney sous pression : l’approche « Elbows Up » remise en question par les Canadiens

Le premier ministre Mark Carney fait face à une crise de confiance majeure alors que les négociations commerciales avec l’administration Trump s’enlisent. Un sondage révélateur de l’Institut Angus Reid expose les profondes failles de l’approche du gouvernement libéral de Carney face aux menaces américaines.

Un équilibre précaire: la confiance divisée

Les chiffres sont sans appel et particulièrement révélateurs de l’état de la situation. Seulement 46% des Canadiens font confiance à Mark Carney et à son équipe de négociation pour obtenir un bon accord avec les États-Unis. Alors que 45% des citoyens, en revanche, ne leur font pas confiance. Cette division presque parfaite soulève des questions sérieuses sur la légitimité du premier ministre à mener ces négociations cruciales.

Plus troublant encore, parmi ceux qui n’ont pas confiance, 53% estiment que le gouvernement Carney est mal qualifié pour faire face à l’administration Trump, tandis que 47% considèrent que Trump est tout simplement trop imprévisible pour qu’un gouvernement canadien puisse le gérer efficacement.

L’approche « tête baissée » contestée

L’Institut Angus Reid note que l’approche de Carney semble privilégier « keeping their head down rather than their elbows up » (en français: garder la tête baissée plutôt que les coudes relevés), une stratégie loin de faire l’unanimité. Cette posture conciliante contraste nettement avec les attentes des Canadiens, dont 63% estiment que le Canada devrait adopter une approche dure et refuser les concessions difficiles, même si cela signifie une détérioration des relations commerciales avec les États-Unis.

Ironiquement, cette préférence pour la fermeté va à l’encontre de l’approche privilégiée par Carney, qui avait pourtant promis une approche « Elbows Up » durant la campagne électorale de 2025. Le contraste entre les promesses électorales et la réalité gouvernementale ne pourrait être plus flagrant.

La taxe sur les services numériques: premier recul significatif

Le premier test de cette approche conciliante s’est soldé par un recul qui divise les Canadiens. Face aux pressions de Trump, qui avait qualifié la taxe sur les services numériques de trois pour cent comme « a deal breaker », le gouvernement Carney a plié.

Bien que 46% des Canadiens approuvent cette décision contre 33% qui la désapprouvent, les raisons de l’opposition sont révélatrices: 55% de ceux qui s’opposent à cette décision estiment que cela fait paraître le Canada faible. Cette perception de faiblesse pourrait bien devenir un leitmotiv des négociations à venir, et pourrait bien ressurgir dans les futures négociations.

Gestion de l’offre: la ligne de front

Sur la gestion de l’offre, système que Trump continue de critiquer, la population se montre plus ferme. 50% des Canadiens croient que le Canada devrait tenir bon sur la gestion de l’offre, même si cela signifie des représailles américaines.

Cette proportion monte à 59% au Québec, une province cruciale pour la coalition électorale de Carney. Pourtant, 35% seraient prêts à utiliser ce système comme monnaie d’échange en dernier recours, laissant entrevoir une faille possible dans la position canadienne.

L’industrie automobile: un secteur en péril

Les tarifs ont déjà frappé durement le secteur automobile canadien, au point où le directeur de la responsabilité financière de l’Ontario prévoit que ces mesures pourraient plonger la province dans une « récession modeste ». Malgré cette menace économique réelle, les Canadiens demeurent divisés sur la stratégie à adopter.

Seulement 32% insistent pour que le Canada n’accepte qu’un accord éliminant tous les tarifs sur l’industrie automobile. La majorité (51%) serait prête à accepter un accord même si des tarifs sur les véhicules demeuraient en place, révélant une possible résignation face aux demandes américaines.

Le mandat des véhicules zéro émission: un autre point de friction

Dans un revirement qui pourrait satisfaire les pressions américaines, 53% des Canadiens appuient l’annulation du mandat des véhicules zéro émission qui exige que 100% des voitures vendues au pays soient entièrement électriques ou hybrides rechargeables d’ici 2035.

Cette position est particulièrement forte chez les électeurs conservateurs (80%), mais nettement plus faible chez ceux qui ont contribué au succès électoral de Carney, notamment les anciens électeurs néo-démocrates et bloquistes.

Des lignes rouges floues sur les ressources naturelles

Malgré l’approche conciliante générale, les Canadiens tracent certaines lignes rouges. 72% s’opposent à tout accès accru des États-Unis aux eaux du fleuve Columbia et et ils sont tout aussi nombreux à rejeter un accès accru aux Grands Lacs.

De même, 66% s’opposent à donner la priorité aux États-Unis dans l’accès aux minéraux critiques du Canada, et 53% rejettent un accès accru au marché bancaire canadien pour les institutions américaines.

La confiance en Trump: un facteur négligé

Un élément particulièrement préoccupant pour les négociations canadiennes réside dans l’évaluation que font les Canadiens de leur homologue américain. Seulement 11% des Canadiens croient que Trump négociera de bonne foi, tandis que 84% le considèrent comme un acteur de mauvaise foi.

Cette méfiance généralisée soulève des questions sur la stratégie de Carney, qui semble miser sur la bonne volonté d’un interlocuteur que ses propres citoyens jugent fondamentalement peu fiable.

Un défi de taille pour Carney

Les données révèlent un premier ministre pris entre les attentes de fermeté de ses concitoyens et une réalité géopolitique qui semble l’amener vers des compromis successifs. Avec une date limite fixée au 1er août pour éviter des tarifs de 35% sur tous les produits canadiens, Mark Carney navigue dans des eaux particulièrement troubles.

L’ironie de la situation n’échappera à personne: celui qui avait promis de jouer des coudes se retrouve aujourd’hui à courber l’échine, mettant à l’épreuve la patience canadienne autant que sa propre crédibilité politique. Les prochaines semaines détermineront si cette stratégie de conciliation peut porter ses fruits, ou si elle ne fera qu’alimenter davantage les doutes sur les capacités de négociation du gouvernement Carney.

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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