Le gouvernement du Québec a dévoilé mardi son programme d’aide FRONTIERE, une initiative qui promet de soutenir les entreprises québécoises touchées par la guerre commerciale. Mais cette mesure, aussi alléchante soit-elle, soulève des questions sur son efficacité à long terme et ses implications économiques.
Un programme ambitieux, mais controversé
Le programme FRONTIERE, annoncé en grande pompe par le premier ministre François Legault, offre un soutien financier pouvant aller jusqu’à 50 millions de dollars par entreprise. Cette aide, destinée aux entreprises du secteur manufacturier ou primaire, vise à leur permettre d’ajuster leur modèle d’affaires face aux nouveaux tarifs douaniers américains.
« On va agir pour aider, mais il va aussi falloir répliquer à Donald Trump », a déclaré François Legault, adoptant un ton combatif. Mais derrière cette façade de fermeté, certains experts s’interrogent sur la pertinence d’une telle approche.
Le protectionnisme : un remède pire que le mal?
Alors que le Québec dénonce le protectionnisme américain, il semble paradoxalement adopter des mesures tout aussi protectionnistes.
Le Québec ne peut pas à la fois dénoncer le protectionnisme américain et défendre un système rigide de gestion de l’offre. Cette position ambiguë a de fortes chances de nuire à la crédibilité du Québec sur la scène internationale.
Des effets pervers à prévoir
Les économistes mettent en garde contre les effets néfastes du protectionnisme sur la croissance économique. Selon l’OCDE, chaque dollar (USD) de revenu tarifaire supplémentaire entraînerait une perte de 2,16 $ des exportations mondiales et de 0,73 $ du revenu mondial.
De plus, le programme FRONTIERE pourrait avoir des conséquences inattendues sur le marché intérieur. « Les consommateurs québécois seront directement touchés par les hausses de prix sur les biens de consommation », prévient l’Institut du Québec.
Une occasion manquée?
Plutôt que de riposter par des mesures protectionnistes, certains experts suggèrent que le Québec devrait saisir cette opportunité pour diversifier ses marchés et réduire sa dépendance aux États-Unis nottamment via le commerce interprovincial.
Une étude de Deloitte démontre que le retrait des obstacles interprovinciaux permetterait au Québec d’augmenter son PIB de près de 19 milliards de dollars (4,6%) et que les revenus des ménages pourraient augmenter de 5%. Ce chiffre est nettement supérieur à celui de la baisse du PIB prévu avec les tarifs américains, qui est de 2,5% la première année selon la Banque du Canada.
Vincent Geloso va même plus loin en parlant de libéraliser entièrement les échanges qui pourrait augmenter le PIB canadien de 1,67% et reduire le niveau des prix de 1,51%. Ces deux alternatives sont nettement plus avantageuses pour l’économie canadienne et québécoise que l’ajout de tarifs et autres mesures d’oppositions.
En fin de compte, le programme FRONTIERE, bien qu’il puisse offrir un soulagement à court terme, risque de masquer des problèmes structurels plus profonds de l’économie québécoise.