Vendredi, juin 20, 2025

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Guerre Israël-Iran : missiles, morts, et menace nucléaire

Sept jours après le déclenchement de l’Opération Rising Lion par Israël, le conflit entre les deux puissances régionales a basculé dans une escalade militaire sans précédent. Ce qui avait commencé comme des « frappes préventives » israéliennes dans la nuit du 12 au 13 juin s’est transformé en un échange de missiles meurtrier qui redessine la géopolitique du Moyen-Orient.

Une offensive israélienne d’une ampleur historique

L’Opération Rising Lion, lancée par plus de 200 chasseurs israéliens, a frappé environ 100 sites iraniens avec plus de 330 munitions. Les cibles étaient stratégiquement choisies : le complexe d’enrichissement de Natanz dans la province d’Esfahan, des installations à Tabriz, plusieurs sites à Téhéran, la base aérienne de Hamadan, ainsi que Qom, Isfahan, Markazi et Kermanshah.

Parmi les sites touchés figurent le centre pilote d’enrichissement d’uranium de Natanz, largement « détruit » en surface selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), un « réacteur nucléaire inachevé » à Arak, l’aéroport de Machhad et même le bâtiment principal du siège de la télévision d’État iranienne. Benjamin Netanyahu n’a pas mâché ses mots : « Nous menons une opération historique. Nous allons changer le visage du Moyen-Orient, d’une certaine manière celui du monde entier ».

L’Iran riposte, mais avec des résultats mitigés

La réponse iranienne ne s’est pas fait attendre. Dès le samedi matin, l’Iran a lancé environ 100 drones Shahed, tous interceptés par le Dôme de fer israélien. Au cours des jours suivants, plusieurs vagues de missiles balistiques – totalisant jusqu’à environ 200 projectiles selon les estimations israéliennes – ont visé le territoire israélien, avec des résultats plus préoccupants pour l’État hébreu.

Le jeudi 19 juin, l’Iran a franchi une ligne rouge en touchant l’hôpital Soroka de Beer-Sheva avec un missile Sejil, utilisé pour la première fois dans ce conflit. Ce missile de pointe, testé en 2008 mais jamais utilisé auparavant, a une portée de près de 2 000 kilomètres et peut transporter des ogives pesant jusqu’à 700 kg. L’attaque a causé des dégâts considérables à l’hôpital et blessé 71 personnes, principalement de façon légère. L’Iran affirme toutefois avoir visé « la base de commandement et de renseignement de l’armée israélienne (IDF C4I) ainsi que le centre de renseignement militaire situé dans le parc technologique de Gav-Yam, à proximité immédiate de l’hôpital Soroka

Bilan humain et précision des frappes

Les chiffres parlent d’eux-mêmes quant à la précision des opérations. Du côté iranien, les frappes israéliennes ont causé au moins 224 morts selon le bilan officiel iranien, incluant plusieurs hauts gradés des forces armées et du Corps des Gardiens de la Révolution, ainsi que des scientifiques spécialisés dans le nucléaire. Le général Mohammad Bagheri, plus haut gradé des forces iraniennes travaillant directement sous l’autorité du guide suprême Ali Khamenei, figure parmi les victimes.

Côté israélien, le bilan est nettement plus léger avec 24 morts recensés au total, malgré les multiples salves de missiles iraniens. Cette disparité illustre la supériorité technologique d’Israël en matière de défense aérienne et la précision de ses frappes chirurgicales.

Le nucléaire iranien dans le viseur

L’enjeu nucléaire demeure au cœur du conflit. Avant la frappe israélienne, le Mossad évaluait que l’Iran serait en mesure de monter une arme nucléaire en environ 15 jours après une décision politique. De son côté, la Maison-Blanche estimait qu’un tel développement était possible en quelques semaines, une fenêtre de temps très courte si l’Iran décidait de franchir le cap.

Avec son stock actuel d’uranium enrichi à 60%, l’Iran pourrait avoir la capacité de produire « plus de neuf » bombes selon ls France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Cependant, les frappes israéliennes ont considérablement endommagé les infrastructures nucléaires iraniennes, notamment à Natanz et Arak.

L’arsenal des missiles iraniens est toujours menaçant

Malgré les dommages subis, l’Iran conserve un arsenal impressionnant. Selon l’institut d’études israélien Alma, les Iraniens posséderaient encore entre 1 500 et 2 000 missiles de différents types. L’Iran a déjà utilisé plusieurs missiles balistiques de pointe comme le Qader, l’Emad et le Khyber Shakan, mais conserve des armes redoutables comme le Khorramshahr, « le plus lourd et le plus rapide de l’arsenal de Téhéran ».

En raison de sa charge utile massive de 1800 kg, le Khorramshahr « a le potentiel de transporter des ogives nucléaires ». Avec sa charge utile de 1 500 à 1 800 kg, le missile Khorramshahr est capable de provoquer des destructions sévères sur un rayon de plusieurs dizaines de mètres. Une frappe directe pourrait anéantir un grand bâtiment et endommager plusieurs structures voisines, notamment dans un environnement urbain dense.

Plus préoccupant encore, le Khorramshahr a une portée officielle de 2 000 km. Il peut atteindre Israël depuis l’Iran. Cependant, les experts soupçonnent une portée réelle pouvant atteindre 4 000 km, couvrant Paris et Londres ainsi que la majorité des capitales européennes. Cette portée étendue transforme le missile en arme de dissuasion régionale et potentiellement intercontinentale. De plus, selon Army‑Technology, une fois rentré dans l’atmosphère, ce missile désactive ses systèmes de guidage, ce qui le rend moins vulnérable aux contre-mesures de guerre électronique.

Le nombre précis de missiles Khorramshahr en service reste inconnu. Certaines estimations parlent de quelques dizaines, tandis que d’autres évoquent un potentiel beaucoup plus élevé, mais aucune information publique ou officielle ne permet de confirmer ces chiffres.

Réactions internationales : un monde divisé

Les réactions internationales révèlent un monde profondément divisé. Seuls les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, la République tchèque, l’Argentine et le Paraguay ont défendu le « droit d’Israël à se défendre ». La quasi-totalité des pays de la région ont vivement condamné les frappes israéliennes, dénonçant une « agression » qui contribuera à exacerber les tensions régionales.

Donald Trump, qui avait initialement maintenu le suspense, a annoncé qu’il prendrait une décision sur une éventuelle intervention américaine « au cours des deux prochaines semaines », estimant « substantielle » la possibilité de négociations avec Téhéran. Cette position contraste avec les menaces iraniennes : le guide suprême Ali Khamenei a averti que toute implication militaire des États-Unis causerait des « dommages irréparables ».

La Russie, de son côté, joue un jeu complexe. Moscou a mis en garde Washington contre toute intervention militaire, évoquant des « conséquences négatives vraiment imprévisibles ». Plus de 200 travailleurs russes participaient à la construction d’une centrale nucléaire à Bushehr, et plusieurs dizaines ont déjà été évacués.

Diplomatie en berne

Les tentatives diplomatiques semblent vouées à l’échec à court terme. L’Iran a écarté toute négociation avec les États-Unis « tant que » l’armée israélienne poursuivrait ses frappes. Abbas Araghchi, chef de la diplomatie iranienne, a déclaré : « Les Américains ont envoyé à plusieurs reprises des messages pour appeler sérieusement à des négociations. Mais nous avons clairement indiqué que tant que l’agression ne cessera pas, il n’y aura pas de place pour la diplomatie et le dialogue ».

Vers une escalade régionale?

Le conflit menace de s’étendre. Israël a acquis la supériorité aérienne sur le couloir menant à Téhéran après des années d’affrontements indirects contre l’Iran et ses supplétifs de l' »axe de la résistance ». Netanyahu a promis qu’à « la fin de cette opération, il n’y aura plus de menace nucléaire », tandis que son ministre de la Défense Israël Katz a menacé directement Ali Khamenei : « Un tel homme ne peut être autorisé à continuer d’exister ».

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Volker Türk juge « épouvantable » de voir que les civils sont traités comme des « dommages collatéraux » dans cette guerre qui menace de prendre une tournure internationale.

Alors que Netanyahu affirme qu’Israël a détruit « plus de la moitié » des lanceurs de missiles iraniens, l’Iran promet de nouvelles « innovations dans le domaine militaire ». Sept jours après le début des hostilités, le Moyen-Orient retient son souffle face à une escalade qui pourrait redéfinir l’équilibre géopolitique de la région pour les décennies à venir.

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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