Dimanche, juin 8, 2025

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L’idée d’une Alberta indépendante, autrefois reléguée aux marges des discussions politiques, gagne du terrain. Ce n’est plus une simple humeur passagère : c’est une réponse à une série d’humiliations politiques, fiscales et idéologiques infligées par un Canada de plus en plus centralisé, de plus en plus hostile à l’exploitation responsable des ressources, et de plus en plus dépendant des largesses de l’Ouest.

Le paradoxe? Ce n’est peut-être pas l’Alberta qui devrait craindre l’indépendance… mais le reste du pays. Et surtout, le Québec.

Une province qui paie pour toutes les autres

L’Alberta génère environ 15 % du PIB canadien, mais sa population ne représente qu’environ 12% de la population canadienne. Pourtant, elle envoie chaque année des milliards en surplus fiscaux vers Ottawa, dont une bonne part finance les services dans les provinces dites « pauvres ». Le système de péréquation, censé équilibrer les capacités des provinces, est devenu une pompe unidirectionnelle : l’Alberta donne, le Québec reçoit.

En 2023-2024, le Québec a touché 14 milliards de dollars en péréquation. Cette asymétrie est d’autant plus choquante que le Québec, lui, refuse obstinément d’exploiter pleinement ses propres ressources.

Le Québec, province pauvre par choix

Le Québec est assis sur une richesse énergétique et minière exceptionnelle : hydroélectricité, lithium, nickel, cuivre, gaz de schiste… mais refuse, au nom du dogme environnemental, d’en tirer profit.

Pendant que l’Alberta assume son rôle de moteur économique, souvent critiqué pour ses sables bitumineux, le Québec préfère s’endetter, recevoir et réglementer. Il a même interdit l’exploitation de son propre gaz naturel — dans un monde qui en manque.

Or, cette position ne tient debout que parce que d’autres paient la facture.

Sans les milliards transférés annuellement par Ottawa (et donc par l’Alberta), le modèle social québécois actuel s’effondrerait : subventions aux garderies, gel des frais de scolarité, réseaux de transport en commun déficitaires, programmes de transition écologique… Tout cela dépend d’un argent que le Québec ne génère pas lui-même.

Et si l’Alberta devenait indépendante? Le Québec devrait s’inspirer… et trembler

Un départ de l’Alberta serait un séisme fiscal. Le gouvernement fédéral verrait s’évaporer un important contributeur net. Les provinces qui reçoivent de la péréquation — Québec en tête — devraient en recevoir beaucoup moins, ou alors Ottawa devrait augmenter massivement les impôts ou couper les services.

Mais ce scénario, bien que catastrophique pour certains, pourrait aussi servir de leçon au Québec.

Car l’ironie est mordante : le Québec, champion de l’indépendance inaboutie, pourrait se faire donner une leçon de souveraineté par l’Alberta, province souvent moquée pour son conservatisme.

L’Alberta ne cache plus ses ambitions. La première ministre Danielle Smith, dans ses sorties publiques des dernières semaines, a présenté les conditions qu’elle juge essentielles à l’essor de l’Alberta au sein du Canada. Accès aux ports, fin des lois freinant le développement des ressources, égalité des transferts fédéraux (péréquation) : des demandes musclées qui risquent de rester en travers de la gorge d’Ottawa. En clair : elle se prépare.

Et le Québec? Il parle encore d’indépendance à l’occasion, mais agit de plus en plus comme une province dépendante, prisonnière d’un modèle où l’on préfère réclamer de nouveaux transferts que créer de la richesse. Une gauche étatiste, environnementaliste radicale, et hostile au risque économique domine le discours public.

Le progressisme : confort idéologique ou déni économique?

Ce débat dépasse la politique énergétique. Il s’agit d’un affrontement entre deux visions du monde :

  • L’Alberta mise sur l’initiative privée, la création de richesse, l’exploitation encadrée de ses ressources, et un rejet assumé du centralisme fédéral.
  • Le Québec s’enfonce dans un progressisme dogmatique, où l’État tente de contrôler tous les aspects de la vie économique et sociale, souvent au détriment de la croissance.

Et pourtant, les deux provinces ont un potentiel d’autonomie immense. Ce qui différencie l’Alberta du Québec, aujourd’hui, ce n’est pas leur capacité à devenir un pays, mais leur volonté politique de le faire sérieusement, sans hypocrisie.

L’indépendance est possible, mais exige du courage

Constitutionnellement, une province ne peut pas déclarer unilatéralement son indépendance. La Cour suprême l’a dit en 1998 : une sécession doit être le résultat d’un processus démocratique clair, suivi de négociations avec Ottawa.

L’Alberta pourrait organiser un référendum. Avec une majorité claire, le fédéral serait forcé de négocier — sur la dette, les ressources, les frontières, les actifs. Rien ne serait simple, mais rien ne serait impossible.

Et c’est là que le Québec devrait reprendre ses cahiers d’école. Il a les outils institutionnels pour faire pareil… mais il lui manque la volonté de rompre avec sa dépendance chronique aux transferts fédéraux.

Conclusion : Et si on arrêtait de mépriser l’Alberta… pour s’en inspirer?

L’Alberta est loin d’être parfaite. Mais elle est lucide, courageuse, et surtout, économiquement responsable.

Elle pourrait quitter la Confédération et survivre, voire prospérer. Le reste du Canada? Pas si sûr. Surtout pas le Québec, qui s’est trop longtemps bercé dans l’illusion d’un nationalisme déconnecté des réalités économiques.

La leçon est claire : l’indépendance ne se gagne pas avec des poèmes et des drapeaux. Elle se construit avec du pétrole, des mines, du gaz, et du courage politique.

Et si un jour l’Alberta devenait souveraine, peut-être que le Québec — éternel aspirant à l’indépendance — se réveillerait enfin de sa torpeur idéologique pour réaliser que le véritable combat n’est pas culturel… mais économique.

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Evans Henry
Evans Henry
Evans Henry est titulaire d’un baccalauréat en langue française. Il a servi pendant vingt ans comme administrateur des services de santé au sein des Forces armées canadiennes. Candidat pour le Parti conservateur du Québec dans Montarville en 2022, il enseigne aujourd’hui le français au secondaire. Dans ses temps libres, il décortique l’actualité avec un regard critique et une passion assumée pour la science-fiction et les idées qui dérangent.

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