Dans une saga politique qui ressemble de plus en plus à un épisode de « House of Cards » version canadienne, l’ancienne députée Ruby Dhalla a été disqualifiée de la course à la direction du Parti libéral du Canada en février dernier, soulevant des questions sur la transparence et l’équité du processus interne du parti.
Think about this – The @liberal_party elites knew with me on the debate stage there would have been serious questions & real opinions – not a family group chat. They were scared for me to debate @MarkJCarney So 2 days before the debates & AFTER they took the 350K- they
Une disqualification controversée
Le 21 février 2025, un comité du Parti libéral a voté à l’unanimité pour disqualifier Ruby Dhalla de la course à la direction, l’accusant d’avoir enfreint pas moins de 10 règles de la compétition. Selon une source anonyme, Dhalla faisait face à 12 allégations, notamment celle d’avoir accepté des dons d’une entreprise sous forme de paiements à son personnel de campagne.
Parmi les accusations les plus graves, on retrouve celle de ne pas avoir divulgué l’implication d’un citoyen non canadien dans sa campagne, ce que le parti considère comme une potentielle ingérence étrangère si cela s’était produit pendant une période électorale.
La disqualification est survenue quelques jours seulement après que Dhalla ait réussi à verser la totalité des 350 000 $ en dons nécessaires pour rester dans la course à la direction, et juste avant les débats prévus dans les deux langues officielles.
« La couronnement de Carney »
L’équipe de Dhalla n’a pas mâché ses mots face à cette décision, déclarant dans un communiqué de presse que les allégations visaient à « compléter le couronnement de Mark Carney » et que Dhalla était « la seule candidate au coude-à-coude avec lui dans les sondages ».
« Il est évident que le Parti libéral ne voulait pas de Ruby, la seule candidate capable de défier Carney lors des débats, de remporter la course et de devenir chef et prochain premier ministre du Canada, » indiquait le communiqué.
Cette affirmation contraste toutefois avec les données de financement publiées par Élections Canada, qui montraient que Carney avait amassé 1,9 million de dollars au 9 février, tandis que Dhalla arrivait dernière parmi tous les candidats avec 144 880 $.
« La Trump canadienne au féminin »
Ruby Dhalla, qui se décrit elle-même comme « la Donald Trump canadienne au féminin », a adopté des positions politiques qui tranchent nettement avec la doctrine libérale actuelle. Elle a notamment promis d’expulser les immigrants illégaux et d’imposer des peines à perpétuité pour possession de drogues dures.
Dans une publication sur les réseaux sociaux, Dhalla a déclaré fermement : « En tant que Première ministre, je vais expulser les immigrants illégaux et sévir contre les trafiquants d’êtres humains. C’est ma promesse. »
Cette position ferme sur l’immigration illégale a suscité des comparaisons avec les politiques de Donald Trump, ce qui a conduit certains à la surnommer « la Trump au féminin ».
Des irrégularités financières présumées
Le parti a confirmé qu’il retenait 21 000 $ de contributions à sa campagne pendant qu’il enquêtait pour déterminer si 12 donateurs avaient dépassé les montants maximums de contribution. Les données publiées par Élections Canada montraient que parmi les 12 noms figurant sur la liste, trois paires partageaient le même nom de famille et le même code postal. Les 12 sont enregistrés comme ayant fait un don de 1 750 $, le montant maximum autorisé par la loi.
« Lorsque plusieurs dons maximums sont traités sur la même carte de crédit, le parti contacte directement ces donateurs pour confirmer que ces dons ont été effectués sur la carte de crédit émise à partir d’un compte bancaire conjoint détenu aux noms des deux co-donateurs, » a déclaré le Parti libéral dans un communiqué.
La carte de la race
Face à ces accusations, Dhalla a rejeté les allégations contre elle comme étant « fabriquées, fictives et fausses ». Elle a également joué la carte de la discrimination raciale, déclarant sur les réseaux sociaux : « Je ne permettrai pas que ma campagne soit entachée d’allégations sans fondement d’ingérence étrangère en raison de mon héritage indien et du fait que je sois la fille d’une immigrante ».
Le triomphe de Carney
Finalement, le 10 mars 2025, le Parti libéral du Canada a annoncé que Mark Carney avait été élu comme prochain chef du parti. Carney a reçu 131 674 votes, soit 29 457 points au premier tour, remportant ainsi la direction du Parti libéral du Canada et devenant le prochain Premier ministre.
Alors que le Parti libéral se prépare à affronter les prochaines élections fédérales, l’épisode Dhalla restera comme un chapitre controversé dans l’histoire récente du parti, soulevant des questions sur les processus internes et la véritable ouverture du parti à la diversité des opinions et des candidats.