Mardi, novembre 4, 2025

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Le bilan économique de Harper : dix ans après son départ du pouvoir

Cela fait dix ans que les conservateurs de Stephen Harper ont quitté le pouvoir. Comment doit-on évaluer aujourd’hui son bilan au niveau économique et financier? Gabriel Giguère, analyste senior en politiques publiques à l’IEDM, a accepté de répondre à mes questions.

Simon Leduc : Quelles étaient les principales promesses électorales de Stephen Harper lors de la campagne électorale de 2006?

Gabriel Giguère : « Tout d’abord, il faut savoir que le gouvernement Chrétien avait adopté une politique de rigueur budgétaire. Au milieu des années 90, le Canada était endetté et les déficits explosaient. Paul Martin a fait le ménage dans les dépenses publiques. En conséquence, le Canada était en bonne santé économique quand les conservateurs ont pris le pouvoir en janvier 2006. Le premier ministre Harper a dégagé des surplus budgétaires assez importants. Selon RBC, le fédéral a eu un surplus de 13,7 milliards de dollars en 2006. Donc, c’était la norme lors de ses premières années de pouvoir.

La baisse de la TPS a été une bonne mesure fiscale que Stephen Harper a adoptée au début de son premier mandat. Mais, il faut dire que la bonne gestion libérale lui a donné une marge de manœuvre pour baisser la taxe de vente fédérale. »

La crise économique et financière de 2008 a-t-elle eu un effet important sur les finances publiques du Canada?

Gabriel Giguère : « Le gouvernement a engrangé plusieurs déficits d’une grande ampleur durant cette crise : par exemple 56 milliards de dollars en 2009-2010. Cela a eu un impact important sur la croissance économique canadienne. La croissance du PIB par habitant n’a pas été élevée sous le régime Harper : un accroissement annuel de 0,5, contrairement à 2 sous Paul Martin. Mais, M. Harper a mis en place une politique de rigueur budgétaire (coupures dans les dépenses et réduction de la bureaucratie) afin de se sortir du rouge. Le gouvernement Harper avait promis d’éliminer graduellement ce déficit et de revenir à l’équilibre budgétaire le plus rapidement possible. Lors de sa dernière année de pouvoir, le déficit fut réduit à 550 millions de dollars. Le Canada s’en allait dans la bonne direction. Le combat contre le déficit fut peut-être trop long, mais il y avait une volonté de la part des conservateurs de revenir à l’équilibre budgétaire. Il faut reconnaître le travail de M. Harper dans ce domaine.

Le gouvernement Trudeau a été en rupture avec son prédécesseur. Le régime Trudeau a mal géré les finances publiques en imposant un déluge de nouvelles dépenses fédérales. En dix ans, on est passé de 500 millions à près de 100 milliards de dollars de déficit selon les experts. Le Canada vit dans une autre réalité avec le PLC au pouvoir depuis dix ans. »

Est-ce que le gouvernement conservateur a exploité ses ressources naturelles afin de générer de la richesse lors de son règne entre 2006 à 2015?

Gabriel Giguère : « Le gouvernement Harper comprenait l’importance du secteur énergétique dans l’économie canadienne. Les conservateurs n’ont pas nui aux secteurs pétrolier et gazier durant leur mandat, contrairement au PLC de Justin Trudeau. Sous le régime Harper, le Canada a misé sur une politique d’exploitation de nos ressources naturelles et cela a eu des effets bénéfiques sur l’activité économique. C’est un des moteurs essentiels à son bon roulement. Cela a permis au Canada de créer de la richesse et les Canadiens en ont profité. Stephen Harper a réalisé que l’Alberta était un moteur primordial pour l’économie canadienne. Cette province riche alimente tout le pays avec son secteur pétrolier.

Tandis que Justin Trudeau a mis des bâtons dans les roues de l’Alberta avec sa politique de réglementation environnementale excessive, comme par exemple l’interdiction graduelle de véhicules à essence.  Cela a nui énormément à l’économie albertaine et au reste du pays.

D’autre part, la vision conservatrice en matière énergétique était décentralisatrice. Ce dernier laissait les provinces gérer leurs projets d’exploitation de ressources naturelles. Tandis que le régime Trudeau tentait d’imposer une politique centralisatrice dans ce domaine. Aujourd’hui, avec la loi C-5, Ottawa estime que le pays a besoin d’un nouvel organe administratif pour tout centraliser et ainsi choisir quels projets vont aller de l’avant au détriment des autres. Donc, le gouvernement Carney est aussi centralisateur que son prédécesseur. Ce dernier estime savoir ce qui est bon pour les provinces dans le domaine de l’énergie. »

Stephen Harper a-t-il coupé dans la bureaucratie fédérale pour pouvoir éliminer le déficit?

Gabriel Giguère : « Effectivement, le gouvernement conservateur a fait un certain ménage dans la fonction publique à Ottawa. Entre 2006, il y avait 250 000 fonctionnaires au Canada et le nombre le plus élevé durant son règne fut de 283 000. Donc, en début de mandat, il y a eu une hausse de 33 000 bureaucrates au niveau fédéral. Cela a contribué aux déficits durant la crise de 2008. Par contre, à partir de 2014, le gouvernement Harper a coupé 25 000 postes de fonctionnaires. Il faut reconnaître que la taille de la bureaucratie fédérale a augmenté durant le régime de Harper (+6000 postes).

Par contre, il faut se rappeler que la machine fédérale a grossi abondamment durant le règne de Justin Trudeau. Ce dernier a rajouté 100 000 postes de bureaucrates, et ce, sans améliorer les services.

Pour conclure, je donne une bonne note au bilan de Stephen Harper durant son passage à la tête du pays. La réduction du déficit et l’exploitation de nos ressources naturelles sont les faits saillants de sa gouvernance.

Certaines personnes plus à droite auraient voulu que M. Harper mette en place des politiques de droite comme la privatisation de Postes Canada et la baisse des subventions à Radio-Canada. C’est un argument qui se tient. Mais, M. Harper a quand même su bien gérer le pays au centre-droit de l’échiquier politique. Le Canada était en meilleure santé économique et financière qu’aujourd’hui. »

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Simon Leduc
Simon Leduc
Titulaire d'un Baccalauréat en science politique a l'Université de Montréal. Il est chroniqueur et journaliste pour Libre Média, le Podcast Ian et Frank et de Québec Nouvelles. Vous pouvez le suivre sur Facebook.

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