Alors que la Nouvelle-Zélande vient de remporter une victoire commerciale (2024) contre le Canada dans le cadre du Partenariat transpacifique, et que les États-Unis imposent des mesures de rétorsion similaires, une évidence s’impose : notre système de gestion de l’offre dans le secteur laitier est à bout de souffle. Pire encore, il ternit la crédibilité internationale du Canada, tout en imposant aux consommateurs un lourd fardeau économique.
Ce modèle, longtemps défendu au nom de la stabilité des revenus agricoles, repose sur une logique devenue intenable : quotas rigides, tarifs douaniers prohibitifs, et gaspillage systémique. Des producteurs québécois et canadiens sont aujourd’hui forcés, en toute légalité, de jeter leurs excédents de lait aux égouts lorsqu’ils dépassent leur quota. Une réalité choquante dans un monde qui parle de durabilité, de sécurité alimentaire, et de réduction du gaspillage.
Mais cette absurdité réglementée ne s’arrête pas là. Pour empêcher les produits laitiers étrangers d’accéder à notre marché, le Canada impose des tarifs douaniers pouvant dépasser 200 %. Résultat : le lait néo-zélandais, pourtant plus abordable et de grande qualité, n’arrive pas sur nos tablettes. Et les consommateurs d’ici ? Ce sont eux qui paient la note. Huit millions de Québécois, et des millions d’autres Canadiens, versent chaque jour un prix plus élevé pour leur lait, leur fromage ou leur yogourt afin de maintenir une protection qui ne bénéficie qu’à une poignée de producteurs.
Quand la Nouvelle-Zélande a dénoncé ce traitement préférentiel accordé aux transformateurs canadiens, elle n’a pas lancé une guerre idéologique. Elle a simplement exigé le respect des règles que le Canada avait lui-même signées. Le tribunal du PTPGP lui a donné raison. Pendant ce temps, les États-Unis — qui se plaignent du même comportement protectionniste — ont déjà imposé des mesures de rétorsion. Le message est clair : le Canada ne peut plus jouer sur deux tableaux.
Il ne s’agit pas ici d’abandonner nos agriculteurs. Il s’agit de leur offrir un avenir dans un monde moderne, ouvert et concurrentiel. La Nouvelle-Zélande l’a fait. Elle a aboli la gestion de l’offre dans les années 1980, et son industrie laitière est aujourd’hui l’une des plus performantes au monde.
Le statu quo canadien n’est plus tenable. Il coûte trop cher à nos consommateurs, il nuit à nos relations internationales, et il discrédite nos engagements en matière de commerce équitable. Défendre l’indéfendable n’est plus une politique : c’est une fuite en avant.
Il est temps d’ouvrir un vrai débat sur l’avenir de notre politique agricole. Un débat sans tabous, sans dogmes, et surtout, sans oublier ceux qui paient la facture à la caisse d’épicerie.