Vous le savez, après une interminable course à la chefferie, Pablo Rodriguez a été élu chef du parti. Vous me connaissez, ce n’était pas mon premier choix. Plusieurs se sont interrogés sur mon engagement au PLQ. Qu’est-ce que j’y fais? Vais-je vraiment m’impliquer plus que je l’ai fait?
Dans les faits, je me suis très peu impliqué, et il faut revenir à la base pour le justifier. Je suis libéral avant d’être membre du Parti libéral. Autrement dit, les idées libérales priment sur le nom du véhicule qui les colporte. Plusieurs me disent que le PCQ représente mieux les idées libérales classiques que le parti qui en porte le nom. Et je n’ai pas le choix de leur donner raison.
Et c’est ironiquement ce qui a motivé mon engagement au PLQ. Je devais tenter de corriger ce non-sens, du moins dans le faible impact que je peux avoir. Je voulais avoir l’occasion de ramener le parti sous le giron libéral. Je ne parle même pas d’importer un Javier Milei des pauvres qui veut « Afueriser » l’organigramme gouvernemental dans son entièreté. Non, je parle de ramener la rigueur budgétaire à l’avant-plan, même si ça signifie faire des sacrifices, de libéraliser certains pans de l’appareil gouvernemental déjà exposés. On peut penser à la vente d’alcool ou à la production d’électricité, par exemple.
J’avais donc en tête de m’impliquer au PLQ, pendant la chefferie, après la débâcle Dominique Anglade. Malgré toute sa bonne volonté, elle a conduit le parti dans les abysses. Après tout, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Ses propositions, déconnectées des régions, ont confiné le parti à Montréal (à l’exception d’un comté en Outaouais), avec le pire nombre de sièges depuis… Honnêtement, je ne me souviens même plus depuis quand.
#MakeThePLQLiberalAgain
Vint alors Vincent Geloso et son fameux gag : #MakeThePLQLiberalAgain. Je dis souvent à ma blonde que je ne suis pas un guerrier. Je suis un moine paladin : ça me prend une cause pour sortir de mon monastère et me battre. Je pensais l’avoir trouvée.
Je pensais réellement avoir trouvé ma cause : ramener le PLQ dans le cadre du libéralisme classique. J’ai même eu espoir, ne serait-ce que quelques mois, que mon ami Monsef Derraji se présente. Sa rigueur, sa fougue, son habileté stratégique, son profil d’immigrant parfaitement intégré représentent des atouts majeurs dans un parti comme le Parti libéral du Québec. C’est honorable de voir un Québécois né au Maroc se battre corps et âme pour protéger les cabanes à sucre québécoises en temps de pandémie. Comme il le disait lui-même, c’est une partie importante de la culture québécoise (qu’on le veuille ou non).
Il a finalement décidé de ne pas y aller. Il a choisi de faire avancer les idées libérales autrement. C’est correct, je respecte sa décision. Mais à partir de là, je fais quoi?
J’ai tenté d’aller dans des événements du parti pour discuter avec des militants. J’ai été déçu de voir que plusieurs étaient là pour les hot-dogs et une photo avec les députés. Les plus politisés étaient ceux de la commission jeunesse — c’était beau à voir — mais en même temps, ils n’avaient pas beaucoup de respect pour le libéralisme. J’ai entendu plus de discours sur la justice sociale que de discussions sur le concept de liberté. Et ça se dit libéral…
Alors, est-ce que l’implication partisane est pour moi? Je ne sais pas trop.
J’ai tenté, à la blague, de créer un programme électoral dans le cadre de ma campagne fictive à la chefferie sur X, en réutilisant le fameux #MakeThePLQLiberalAgain. Ça n’a pas connu un franc succès, même si je me suis bien amusé les quelques semaines que je l’ai fait. Peut-être qu’un jour, je vous le présenterai dans son entièreté. Les faux communiqués de presse sont prêts.
Pendant les derniers mois, j’ai écouté tous les débats de la course. Même si nous ne sommes pas idéologiquement alignés à 100 %, celui qui avait l’attitude la plus « première ministrable » était de loin Charles Milliard. Posé, intelligent, avec un humour léger par moments, il avait pris ses aises. Au dernier débat, c’est vraiment lui qui menait le jeu. Ça se voyait, ça se sentait. Même si je ne suis pas en accord avec lui sur bien des points, j’aurais été capable de m’impliquer pour un gars comme ça. Un gars de tête, raisonnable et raisonné. Un gars qui est conscient qu’il y a une différence entre un gars de Verdun et une fille du Lac-Saint-Jean.
Mais les militants ont choisi autrement.
La consécration de la montréalisation du parti
Rodriguez a plaidé tout au long de la course qu’il était le bon candidat pour rebâtir le parti. Qu’il avait « gagné le Québec » pendant les trois campagnes qu’il a dirigées pour le PLC. Ouais, non.
Dans les faits, il a gagné Montréal. Très peu de gains ont été faits en dehors de l’île. Il va se rendre compte que la politique provinciale est bien différente de la politique fédérale. Les comtés sont plus petits, et même s’il y a moyen de s’assurer de l’opposition officielle presqu’uniquement avec les comtés montréalais, il est impossible d’accéder au pouvoir avec un seul comté hors de l’île.
Et ce n’est pas avec un programme aussi déconnecté de la réalité des régions qu’il va en gagner. Par exemple, il croit pouvoir diminuer la part du transport lourd dans l’éventail des moyens de transport utilisés pour réduire les GES. Je vous invite à lire mon texte sur le sujet pour plus d’informations.
Alors, il arrive quoi avec le parti?
Honnêtement, je crois que le PLQ va essayer de nous convaincre que l’orthodoxie fiscale est de retour. On nous ramène même le spectre d’un retour de Martin Coiteux. On va parler de rigueur budgétaire, tout en proposant des dîners gratuits pour les enfants. Je crois aussi qu’on va se contenter de solutions mi-figue mi-raisin, pour essayer de plaire à tous.
Mais comme chaque fois que ça a été tenté… ce sera un échec.
À force de vouloir plaire à tout le monde, on déplaît à tout le monde.
Il serait temps que le Parti libéral le comprenne et assume son nom. Parce qu’au fond, ai-je quitté le parti… ou n’est-ce pas lui qui a quitté sa cause?