Lundi, octobre 13, 2025

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Le Québec bon dernier pour la mobilité sociale au Canada

Le Québec fait piètre figure au classement canadien de la mobilité sociale, se retrouvant bon dernier parmi les dix provinces canadiennes. Cette conclusion, tirée d’une étude publiée en octobre 2025 par l’Institut économique de Montréal, révèle que la Belle Province érige plus d’obstacles que n’importe quelle autre province pour permettre à ses citoyens de gravir l’échelle socio-économique.

L’analyse menée par Justin T. Callais, économiste en chef à l’Archbridge Institute, Vincent Geloso, professeur adjoint d’économie à l’Université George Mason, et Gabriel Giguère, analyste senior en politiques publiques à l’IEDM, propose un classement provincial basé sur une série d’indicateurs mesurant les obstacles à la mobilité sociale, soit la capacité de gagner davantage que ses parents et d’améliorer sa position socio-économique.

Un diagnostic alarmant pour le Québec

Avec un score global de 39,74 sur 100, le Québec se classe au 10e rang sur 10 provinces. La province affiche les pires résultats tant pour les obstacles artificiels (38,33 sur 100, 10e rang) que pour les obstacles naturels (54,52 sur 100, également 10e rang). Ce double échec place le Québec dans une position particulièrement précaire, puisque contrairement à certaines provinces qui excellent dans l’une des deux catégories, la province peine sur tous les fronts.

L’étude distingue deux types d’obstacles à la mobilité sociale. Les obstacles naturels renvoient à des facteurs sociaux sur lesquels les décideurs publics n’exercent qu’une influence indirecte, comme la stabilité familiale, l’implication parentale ou le capital social. Les obstacles artificiels, en revanche, découlent directement des mesures gouvernementales, notamment les lois et politiques qui réduisent les incitations au travail, à l’épargne et à la formation.

L’Alberta domine, le Québec traîne

À l’opposé du spectre, l’Alberta trône au premier rang avec un score global de 57,35 sur 100. La province de l’Ouest offre les conditions les plus favorables à la mobilité du revenu, autant pour les obstacles artificiels (59,66 sur 100, 1er rang) que naturels (67,03 sur 100, 3e rang). La Colombie-Britannique suit en deuxième position avec 52,73 sur 100, tandis que la Nouvelle-Écosse complète le podium avec 49,98 sur 100.

Le Manitoba se classe quatrième (47,43 sur 100), suivi de près par l’Ontario (46,86 sur 100) et la Saskatchewan (46,88 sur 100). L’Île-du-Prince-Édouard (46,60 sur 100), le Nouveau-Brunswick (44,29 sur 100) et Terre-Neuve-et-Labrador (41,31 sur 100) complètent le classement avant le Québec.

Le fardeau fiscal et réglementaire québécois

Les principaux problèmes du Québec concernent la fiscalité et la réglementation. Selon l’étude, les plus faibles scores de la province touchent la réglementation du logement et de la construction, ainsi que la fiscalité tous types d’impôts confondus. Ces obstacles artificiels augmentent le coût des investissements dans les enfants et réduisent les revenus à l’âge adulte, créant un cercle vicieux qui limite l’ascension sociale.

La réglementation excessive du marché du logement et de la construction fait grimper les prix, ce qui a un impact disproportionné sur les budgets des ménages les plus pauvres. Cette situation réduit les ressources dont disposent les familles modestes pour investir dans le capital humain de leurs enfants, perpétuant ainsi les inégalités d’une génération à l’autre.

Du côté fiscal, les taux marginaux d’imposition élevés au Québec diminuent le rendement après impôt des études et dissuadent l’acquisition de compétences. Les certifications professionnelles, qui restreignent l’accès à certaines professions en imposant des formations coûteuses et de longs programmes d’apprentissage, limitent également les opportunités pour les nouveaux venus sur le marché du travail.

Les pistes d’amélioration

L’étude identifie plusieurs leviers que le Québec pourrait actionner pour améliorer sa performance. Un renforcement de la protection contre l’expropriation et un meilleur encadrement du pouvoir des municipalités en matière de restriction d’accès contribueraient à favoriser une plus grande mobilité sociale.

Les auteurs suggèrent également que des marchés du crédit fortement réglementés limitent la capacité de mobiliser des fonds pour investir dans les enfants, notamment pour des études postsecondaires. Les plus nantis sont ainsi avantagés, puisqu’ils peuvent puiser dans leurs propres économies pour réaliser ces investissements, tandis que les familles moins fortunées se heurtent à des barrières financières.

Le lien entre liberté économique et mobilité

L’étude s’appuie sur une abondante littérature établissant un lien entre la liberté économique et la mobilité du revenu. La liberté économique, définie comme la mesure dans laquelle le gouvernement adopte des politiques favorables au marché, alimente une croissance économique plus rapide, favorise des revenus plus élevés et encourage l’innovation, créant ainsi de nouvelles possibilités de mobilité ascendante.

Les marchés ouverts et concurrentiels permettent aux individus et aux entreprises de se concentrer sur ce qu’ils font le mieux, et cette spécialisation renforce le dynamisme économique et multiplie les possibilités d’ascension sociale. Les variables du dynamisme économique retenues dans l’étude incluent les créations d’entreprises, la croissance des entreprises, l’activité de construction, la participation au marché du travail, les migrations interprovinciales et les taux d’incarcération.

Une méthodologie rigoureuse

Pour établir leur classement, les chercheurs ont utilisé des indices standardisés basés sur une échelle de 0 à 100 pour différentes variables. Si une province atteint le maximum pour une variable donnée, elle obtient un score de 100 pour cette variable, tandis qu’une province atteignant le minimum obtient un score de zéro.

Les chercheurs ont ajouté une pénalité pour éviter qu’une province puisse masquer des faiblesses importantes dans un domaine par d’excellents résultats dans d’autres secteurs. Cette approche reconnaît que l’éducation, les revenus, la stabilité familiale, le capital social et les institutions fonctionnent en synergie.

Des conséquences sur plusieurs générations

L’étude souligne que les obstacles à la mobilité sociale affectent différemment les individus selon les étapes de leur vie. Les obstacles artificiels nuisent à la mobilité en limitant la capacité d’une personne à obtenir un emploi bien rémunéré, mais ils réduisent aussi les ressources dont disposent les parents pour investir dans leurs enfants.

La pauvreté infantile, jumelée à des investissements parentaux insuffisants, détermine dès le jeune âge les chances d’ascension sociale. Cette dynamique perpétue les inégalités de génération en génération, créant un cycle où les enfants pauvres restent souvent prisonniers de leur condition de naissance.

Un appel à l’action

L’analyse fournit aux décideurs québécois des indications claires sur les politiques à mettre en place pour favoriser la mobilité sociale à court comme à long terme. Face à ce diagnostic sévère, la question demeure : Québec aura-t-il la volonté politique de s’attaquer aux obstacles qui maintiennent ses citoyens prisonniers de leur condition socio-économique de naissance? Avec un écart de près de 18 points séparant le Québec de l’Alberta, le chemin à parcourir est considérable, mais les pistes d’amélioration sont tracées.

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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