Vendredi, mai 9, 2025

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Le REM : quand la gestion publique atteint ses limites

Le consortium NouvLR, chargé de construire le Réseau express métropolitain (REM), a récemment initié une poursuite de 138 millions de dollars contre les firmes d’ingénierie AtkinsRéalis et Aecom.

Ce conflit interne survient alors que CDPQ Infra, filiale de la Caisse de dépôt et propriétaire du REM, essuie de sévères critiques liées aux pannes fréquentes du métro léger.

Au-delà des litiges contractuels, ces incidents révèlent à nos yeux des failles intrinsèques dans la gestion publique des grands projets. Ils rappellent qu’en l’absence d’une discipline budgétaire stricte et d’un contrôle rigoureux, les projets publics dérivent systématiquement hors trajectoire.

Gouvernance publique et absence de responsabilité

La structure même du REM devait conjuguer initiative privée et financement public ; cependant, en pratique, CDPQ Infra reste une entité gouvernementale aux frais du contribuable. Une analyse de McKinsey indique clairement que, dans un système public, « les surcoûts seront simplement absorbés par les finances publiques, autrement dit par les citoyens contribuables. »

En clair, ce sont les contribuables qui assument les dépassements budgétaires et les retards ; l’État comble le déficit sans sanctionner réellement les responsables des projets.

Ce déficit de responsabilité financière affecte gravement l’efficacité opérationnelle. L’échec du « REM de l’Est » en est un exemple frappant : la Caisse a dû abandonner le projet en obtenant 100 millions en compensation pour le transférer au gouvernement.

Ce cas démontre les limites reconnues par la CDPQ elle-même quant au modèle actuel, marqué par une hausse des coûts et des subventions dans le transport public existant. L’IEDM souligne par exemple qu’en 50 ans de gestion publique, le coût par kilomètre de la STM a augmenté significativement, alors qu’il avait nettement baissé sous gestion privée entre 1933 et 1950.

Cette étude révèle aussi comment les aides financières entraînent une mauvaise gestion des ressources et un manque d’engagement productif chez les acteurs impliqués.

En résumé, l’expérience québécoise confirme l’évidence : sans incitations appropriées, les projets financés par le public encouragent davantage l’inefficacité que l’innovation.

Sous-estimation chronique et optimisme irréaliste

L’action entreprise par NouvLR illustre clairement que les coûts prévus initialement pour le REM étaient sous-estimés, notamment en ignorant des éléments essentiels comme les barrières anti-bruit et pare-neige.

Cette erreur, malheureusement commune, survient régulièrement dans les grands projets publics selon diverses études empiriques — près de 90 % des mégaprojets dépassent leur budget, principalement en raison de modifications de portée et d’une planification excessivement optimiste.

Ce biais optimiste requiert une révision sérieuse de la planification initiale. Il est impératif d’effectuer une évaluation exhaustive et réaliste, intégrant tous les risques connus avant toute affectation des fonds publics. Dans ce cadre, les partenariats public-privé (PPP) présentent un avantage notable : ils obligent l’entreprise contractante à une gestion consciente et responsable. Ainsi, dans un PPP, la société investit ses propres fonds, assumant une responsabilité directe sur les délais et le budget.

Un transfert judicieux des risques vers le secteur privé augmente les chances de réaliser les projets dans les temps et dans les limites budgétaires.

Autrement dit, une entreprise privée assumant des pénalités en cas de retard ou de surcoût prévoit mieux les imprévus. Plusieurs experts indépendants affirment que contrairement au modèle traditionnel (plan détaillé étatique exécuté par un entrepreneur payé forfaitairement), les PPP profitent des opportunités du marché (concurrence, innovation, rigueur budgétaire) tout en répondant aux objectifs publics.

Confier aux investisseurs la responsabilité de certaines étapes (conception, construction, entretien) favorise une coordination et une planification efficaces. D’après le Conseil canadien pour les PPP, l’engagement financier pousse naturellement à respecter délais et budgets convenus.

Cette notion d’implication directe manque cruellement aux projets financés exclusivement par des budgets externes.

Les multiples dérapages financiers et techniques du REM montrent la nécessité urgente d’adopter une approche plus libérale pour nos infrastructures. Concrètement, cela signifie davantage de privatisations et des appels d’offres simplifiés par des règles assouplies. Une première étape pourrait être la cession graduelle des composantes non essentielles (par exemple des lignes ou fonctions secondaires), conformément aux recommandations de l’IEDM pour le réseau d’autobus montréalais.

Les exemples internationaux abondent : autoroutes à péage et aéroports gérés par le privé illustrent comment la concurrence limite les dépenses excessives et améliore la qualité des services. Par ailleurs, il faut éliminer les contraintes bureaucratiques superflues, chaque nouvelle norme ou procédure augmentant systématiquement coûts et délais. En simplifiant ces contrôles inutiles, on attire davantage d’investisseurs et accélère la réalisation de projets vitaux comme ponts, tunnels ou nouvelles lignes ferroviaires. Selon le Fraser Institute, plutôt que de multiplier comités et formalités administratives, il faut cibler précisément les investissements là où les besoins sont tangibles. Les partenariats public-privé doivent être repensés avec des critères précis de performance et des mécanismes clairs de responsabilité pour garantir que le privé assume véritablement les conséquences de ses décisions financières.

Enfin,

L’affaire REM démontre clairement qu’il ne faut plus considérer les infrastructures comme des structures inertes sur lesquelles l’État exerce son contrôle sans réelle incitation à la performance. Pour éviter de nouveaux scandales coûteux, le Québec doit revoir sa gestion des grands projets. Faut-il poursuivre sur la voie actuelle où les erreurs sont assumées collectivement, ou renforcer le rôle du secteur privé ? Nous préconisons fermement cette dernière voie : seule une approche libérale combinant privatisation pragmatique, partenariats mieux encadrés et réglementation allégée garantira une livraison des projets dans les délais et les budgets prévus.

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Samuel Rasmussen
Samuel Rasmussen
Samuel Rasmussen, alias Le Blond Modéré, est membre des Trois Afueras et collaborateur du podcast Ian & Frank. Titulaire d'une formation en relations internationales à l'Université de Sherbrooke, il s'intéresse particulièrement à la géopolitique, aux zones d'influence et aux différentes formes de pouvoir.

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