M. St-Pierre Plamondon,
Sortons un instant de la polémique entourant Alex Boissonneault. Oublions, le temps d’une lettre, les spin et les joutes de déclarations. Voici ce que moi, un jeune Québécois de 31 ans, qui n’est membre d’aucun parti, observe avec lucidité.
Je vois un parti, le Parti Quebecois, qui aspire à gouverner. Un parti qui dit vouloir mener un projet d’indépendance. Et je vous le dis tout de suite : je ne suis pas fermé à l’idée de la souveraineté du Québec. Bien au contraire. Je crois à l’indépendance des peuples, à la décentralisation du pouvoir, à l’autonomie. Mais pour porter un tel projet, il faut autre chose que des beaux discours : il faut, notamment, beaucoup de jugement, d’intégrité et de crédibilité ainsi qu’une rigueur morale exemplaire.
Et ce que vous démontrez cette semaine avec Alex Boissonneault est tout sauf ça.
Vous avez eu des mois pour choisir un candidat. Ce n’est pas une élection générale où on doit recruter 125 personnes en vitesse. Vous aviez le temps. Et vous avez choisi un homme reconnu coupable de crimes graves. Pas un tweet maladroit, pas une erreur de jeunesse banale. Un individu arrêté, avec ses complices, avant une action violente, et en possession de matériel conçu pour détruire, blesser et même tuer!
Et ce n’est pas comme si vous ne le saviez pas. Vous l’avez su. Vous l’avez assumé. Et vous êtes allés de l’avant.
Mais le pire n’est pas encore là. Le pire, c’est ce que vous avez fait une fois que l’affaire a éclaté. Au lieu de reconnaître une erreur de jugement, au lieu d’assumer, de vous excuser, de corriger, vous avez attaqué. Vous avez traité votre adversaire de menteur. Vous avez menti en retour. Vous avez minimisé les faits. Vous avez relativisé l’inacceptable.
Et c’est là qu’on voit la vraie nature de votre parti sous votre gouverne : deux poids, deux mesures.
Parce que soyons clairs : si ça avait été Éric Duhaime, ou n’importe quel autre adversaire, avec le quart de ce passé-là, vous auriez crié au meurtre. Vous auriez fait les pires amalgames. Vous auriez hurlé à l’extrême droite, aux nazis, à la Meute. Vous auriez mené une campagne d’indignation pendant deux semaines. Mais là, parce que c’est un gars de votre gang, vous balayez tout du revers de la main. Vous parlez d’erreurs de jeunesse, vous cherchez des excuses. Vous vous victimisez.
C’est hypocrite. C’est malhonnête. C’est vil.
Et moi, comme jeune à convaincre, je décroche complètement!
Je regarde un parti qui veut diriger le Québec, qui veut mener un projet d’émancipation nationale, mais qui n’a même pas le jugement pour choisir un candidat dans une partielle. Vous n’avez pas la maturité, ni l’honnêteté, ni le gros bon sens pour gérer un épisode comme celui-là, alors comment voulez-vous qu’on vous confie un pays ?
Vous me dégoûtez. Ce que vous venez de montrer, c’est exactement ce que toute une génération rejette : la vieille politique. Le deux-poids-deux-mesures. L’impunité pour les vôtres. Le mépris pour ceux qui posent des questions légitimes.
Vous voulez élargir votre base ? Vous venez de faire exactement l’inverse. Vous venez de faire fuir une génération de jeunes de gros bon sens. De jeunes conservateurs, modérés, souverainistes potentiels, mais écœurés de la game sale. Ce que vous avez offert cette semaine, c’est un snapshot, un aperçu de ce que vous êtes vraiment. Et si vous êtes prêts à faire toutes ces contorsions morales pour protéger un gars de votre gang, ne vous imaginez pas une seconde que vous êtes prêts à diriger un pays.