Jeudi, novembre 20, 2025

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Négociations en cours entre Ottawa et l’Alberta sur un projet de pipeline

Le gouvernement fédéral canadien dirigé par le premier ministre Mark Carney et le gouvernement albertain de la première ministre Danielle Smith se trouvent actuellement dans les dernières étapes de négociations pour conclure un accord majeur qui pourrait inclure la construction d’un oléoduc transportant du pétrole de l’Alberta vers la côte nord-ouest de la Colombie-Britannique.​​

Un protocole d’entente attendu dans les prochains jours

Selon des sources gouvernementales, les deux gouvernements sont sur le point de signer un protocole d’entente (memorandum of understanding) qui pourrait redéfinir leur relation et permettre le développement d’un nouveau pipeline de bitume. Ce projet vise à transporter jusqu’à un million de barils de pétrole brut des sables bitumineux par jour vers des marchés asiatiques via la côte de la Colombie-Britannique.​

Danielle Smith avait initialement espéré conclure cet accord avant la finale de la Coupe Grey le 17 novembre 2025, mais les négociations se poursuivent au-delà de cette échéance. La première ministre albertaine a confirmé que son gouvernement se trouve dans les dernières étapes de discussions avec Ottawa et promet d’avoir plus à dire bientôt.

Les éléments clés de l’entente proposée

L’accord en négociation comprendrait plusieurs éléments importants:

Modifications législatives fédérales: Le gouvernement fédéral envisagerait d’assouplir ou de modifier ce que l’Alberta appelle les « neuf mauvaises lois », notamment l’interdiction des pétroliers sur la côte nord de la Colombie-Britannique (Oil Tanker Moratorium Act), le plafond des émissions de gaz à effet de serre pour le secteur pétrolier et gazier, et la Loi sur l’évaluation d’impact.

Exemptions au moratoire sur les pétroliers: Ottawa envisagerait d’accorder des exemptions possibles à l’interdiction actuelle des pétroliers transportant plus de 12 500 tonnes métriques de pétrole brut sur la côte nord de la Colombie-Britannique. Cette interdiction, en vigueur depuis 2019, concerne les eaux du Dixon Entrance, du détroit d’Hécate et du Queen Charlotte Sound.​​

Tarification du carbone industrielle renforcée: Le gouvernement fédéral pourrait renforcer la tarification industrielle du carbone pour améliorer l’économie des projets de captage et de stockage du carbone.

Abandon du plafond d’émissions: En échange d’engagements de réduction des émissions de la part de l’Alberta et de l’industrie pétrolière et gazière, Ottawa pourrait renoncer au plafond d’émissions prévu pour le secteur.

Le lien avec le projet Pathways Alliance

L’entente envisagée lierait le nouveau pipeline au projet de captage et de stockage du carbone de la Pathways Alliance, évalué à 16,5 milliards de dollars. Ce projet, qui représenterait l’un des plus importants réseaux de captage de carbone au monde, comprendrait un pipeline de 400 kilomètres reliant plus de 20 installations des sables bitumineux dans le nord de l’Alberta à un centre de stockage souterrain de CO₂ près de Cold Lake.

Les producteurs de pétrole des sables bitumineux ont indiqué qu’ils auraient besoin d’un soutien gouvernemental couvrant au moins 75% des coûts du projet pour aller de l’avant. Actuellement, le gouvernement fédéral offre un crédit d’impôt à l’investissement de 50% pour les projets de captage de carbone, et l’Alberta ajoute une subvention de 12%.

Une opposition majeure en Colombie-Britannique et chez les Premières Nations

Le projet fait face à une opposition farouche de plusieurs acteurs clés:

Le gouvernement de la Colombie-Britannique: Le premier ministre David Eby a maintenu une position ferme contre le projet, affirmant qu’il n’existe « aucun tracé, aucun promoteur, aucun projet » concret. Le ministre des Emplois et de la Croissance économique de la Colombie-Britannique, Ravi Kahlon, a indiqué que la province n’a pas été consultée sur l’accord potentiel entre Ottawa et l’Alberta.

Les Premières Nations côtières: Marilyn Slett, présidente de la Coastal First Nations-Great Bear Initiative et cheffe élue de la nation Heiltsuk, a déclaré sans équivoque que les Premières Nations côtières s’opposent à tout projet qui amènerait des pétroliers de pétrole brut dans leurs eaux territoriales. Elle a affirmé que cette opposition existe « maintenant et pour toujours ».

Les Premières Nations côtières citent notamment le déversement de 110 000 litres de diesel et d’huiles lourdes du remorqueur Nathan E. Stewart en 2016 près de Bella Bella comme raison principale de leur opposition. Cette région n’a toujours pas récupéré de cet incident.

Des députés libéraux fédéraux de la Colombie-Britannique: Jonathan Wilkinson, député libéral de la Colombie-Britannique et ancien ministre fédéral de l’Environnement, a souligné qu’un certain nombre de conditions devraient être remplies avant que l’interdiction des pétroliers puisse être modifiée, notamment des discussions formelles avec la province et les Premières Nations côtières.

Les enjeux économiques et politiques

L’Alberta estime que le projet est essentiel à sa prospérité économique future. La première ministre Smith a annoncé en octobre 2025 que la province agirait comme promoteur initial du projet, investissant 14 millions de dollars dans les travaux réglementaires préliminaires. L’objectif est de présenter une demande au nouveau Bureau des grands projets fédéral au printemps 2026.​

Smith soutient qu’aucun acteur du secteur privé n’est prêt à investir dans un tel projet tant que l’interdiction des pétroliers et plusieurs politiques environnementales fédérales restent en place. Elle affirme que lever ces obstacles législatifs est nécessaire pour redonner confiance au secteur privé.​​

Le premier ministre Carney, de son côté, a indiqué vouloir voir l’Alberta faire les investissements nécessaires pour positionner la province et son industrie pétrolière et gazière « pour l’avenir énergétique ». Il a souligné que « l’avenir de l’énergie, conventionnelle et propre, présente un faible risque, un faible coût et de faibles émissions de carbone ».

Des ministres fédéraux ont clairement indiqué que l’accord de la Colombie-Britannique et des communautés autochtones concernées serait nécessaire à la réalisation du projet. Cette exigence représente un obstacle majeur compte tenu de l’opposition actuelle.

Les négociations restent sensibles et les responsables des deux côtés demeurent discrets, craignant que les fuites médiatiques ne fassent dérailler les discussions. Néanmoins, les prochains jours devraient apporter des éclaircissements sur l’issue de ces négociations qui pourraient avoir des répercussions majeures sur l’industrie énergétique canadienne et les relations fédérales-provinciales.​

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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