Mercredi, juin 18, 2025

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Pablo Rodriguez attaque Legault et le PQ dès son élection à la tête du PLQ

L’ancien ministre fédéral remporte la course à la chefferie avec 52,3% des voix au deuxième tour, promettant de « battre la CAQ » et d’éviter un référendum du PQ.

Le Parti libéral du Québec a un nouveau chef. Pablo Rodriguez, 57 ans, ancien ministre fédéral du Patrimoine canadien, a été élu samedi au Centre des congrès de Québec avec 195 473 points, soit 52,3% des suffrages au deuxième tour, devançant son plus proche rival, Charles Milliard, qui a récolté 47,7% des points.

Dans son discours de victoire, Rodriguez s’est montré combatif envers le gouvernement Legault : « On mérite mieux que François Legault. On mérite mieux que la CAQ. On mérite mieux qu’un premier ministre qui divise pour régner », a-t-il déclaré devant ses partisans réunis au Centre des congrès.

Cinq candidats, une vision économique dominante

La course opposait cinq candidats aux profils variés. Mario Roy, agriculteur-économiste de Beauce, prônait l’exploitation des ressources naturelles avec un plan incluant la nationalisation du gaz naturel et le retrait de la bourse carbone. « Nous devons exploiter nos ressources naturelles et créer de la richesse », martelait-il. Il proposait aussi la signature de la Constitution canadienne, le retour du commerce avec la Chine, et un partenariat industriel avec Ottawa.

Marc Bélanger, ex-diplomate, misait sur un « fonds souverain » pour l’exploitation des ressources par les Québécois eux-mêmes et la nationalisation de l’eau. Ses deux fils ont livré un plaidoyer environnemental remarqué : « 2024 aura été l’année la plus chaude jamais enregistrée. […] Il faudrait réduire notre empreinte carbone de cinq fois pour atteindre la limite de l’accord de Paris », a déclaré son fils Jérémy.

Charles Milliard, pharmacien et ex-PDG de la Fédération des chambres de commerce, proposait l’école obligatoire jusqu’à 18 ans et une baisse d’impôt pour les PME. « Le pacte social au Québec en ce moment, il est brisé », diagnostiquait-il. Il proposait aussi une plateforme de télémédecine publique et universelle.

Carl Blackburn, ancien député du Saguenay-Lac-Saint-Jean, jouait la carte régionale avec une vision francophonie mondiale : « D’ici 40 ans, nous serons plus d’un milliard de francophones à travers le monde », promettait-il de faire du français « un vecteur de croissance économique ». Il insistait sur l’écoute des régions et la reconstruction de la confiance.

Pablo Rodriguez, de son côté, a privilégié une approche plus généraliste et institutionnelle dans les premiers mois de la course, en insistant sur l’unité du parti, la modernisation du PLQ et la gouvernance interne. Mais à mesure que la campagne avançait, il a détaillé plusieurs engagements sectoriels, notamment en économie, culture, agriculture, éducation et jeunesse — misant sur une vision sociale-libérale axée sur l’efficacité de l’État, la valorisation des régions et le soutien ciblé aux plus vulnérables.

Si certains candidats comme Mario Roy et Marc Bélanger proposaient des ruptures claires avec l’approche économique néo-libérale (nationalisations, retrait de la bourse carbone), d’autres comme Milliard ou Rodriguez misaient plutôt sur la continuité, l’efficacité et la relance du PLQ comme grand parti de gouvernance.

Rodriguez mise sur l’expérience et l’équipe

Pablo Rodriguez, qui a quitté le cabinet Trudeau en janvier pour se lancer dans cette course, s’est présenté comme « premier ministrable du jour un ». Il est appuyé par plusieurs députés comme Frédéric Beauchemin, Brigitte Garceau et la députée indépendante Marie-Claude Nichols qui est redevenue membre du PLQ pour l’appuyer.

« Notre parti, ça a toujours été une affaire d’équipe. Jamais l’affaire d’une seule personne », a-t-il souligné, rendant hommage aux grands chefs libéraux présents : Jean Charest, Philippe Couillard, Daniel Johnson et Dominique Anglade.

Les positions de Pablo Rodriguez

Économie

  • Alléger le fardeau fiscal des PME : Réduction de l’impôt pour les PME et maintien de la taxe scolaire uniforme.
  • Soutenir les commerces de proximité : Réforme du système de taxation foncière pour les petites entreprises, simplification des formalités administratives, meilleur accès aux locaux vacants, bonification de l’aide à la transition numérique .
  • Plan de relance économique :
    • Investissement dans l’innovation.
    • Amélioration de l’accès à l’emploi pour les jeunes et les aînés.
    • Promotion d’un leadership économique libéral et d’un État partenaire plutôt que dirigeant .

Agriculture

  • Souveraineté alimentaire : Soutien aux producteurs québécois, réduction des importations non nécessaires, investissement dans les circuits courts.
  • Autonomie régionale : Davantage de pouvoirs pour les régions rurales dans la gestion agricole.
  • Jeunes agriculteurs : Aide au démarrage et transmission des fermes familiales .

Éducation et jeunesse

  • Allongement de la scolarité obligatoire à 18 ans.
  • Soutien aux jeunes : Plan d’action jeunesse axé sur :
    • Santé mentale et bien-être.
    • Accès à la culture et à l’éducation supérieure.
    • Participation citoyenne accrue.
    • Aide à l’emploi et à l’entrepreneuriat .
  • Écoles bienveillantes : Réduire la bureaucratie, réinvestir dans le personnel de soutien, favoriser les approches individualisées .

Lutte contre la faim

  • Programme universel d’accès à des repas gratuits à l’école.
  • Objectif : faim zéro dans les écoles d’ici 2028.
  • Partenariat avec les organismes communautaires et les commissions scolaires .

Culture

  • Investissement dans les arts et la culture comme vecteur économique et identitaire.
  • Soutien accru au milieu culturel post-pandémie.
  • Reconnaissance de la culture comme moteur de fierté collective et de croissance économique durable.

Relations internationales et économie

  • Prévenir l’impact économique d’un éventuel retour de Donald Trump : Diminuer la dépendance au marché américain, miser sur les échanges interprovinciaux et internationaux hors USA .

Vision politique

  • Fédéralisme assumé : Rejet du souverainisme, opposition aux référendums.
  • Rassemblement : Discours d’unité, refus des divisions identitaires.
  • Modernisation du PLQ : Volonté de réancrer le parti dans la société civile, avec une équipe élargie.

Un message anti-division, anti-référendum

Le ton de Rodriguez était résolument rassembleur, visant directement les deux partis adverses. Contre la CAQ : « François Legault, on le sait, je pense qu’on est d’accord là-dessus, c’est un échec. Un échec sur toute la ligne. » Sur le PQ et la menace référendaire : « Quand ça va mal en santé, référendum. Ça va mal au niveau de l’éducation, référendum. Les Canadiens ne font pas une série, référendum. C’est ça, le Parti québécois. »

Le nouveau chef a promis de « battre la CAQ, battre le PQ » pour former « le prochain gouvernement libéral du Québec » dès 2026.

Une participation record

Avec plus de 65% de taux de participation, cette course électronique a mobilisé la base libérale après deux ans et demi d’intérim sous Marc Tanguay. « On a un parti fort, prêt à gouverner, ça se prépare dès maintenant », avait déclaré Charles Milliard, synthétisant l’état d’esprit général.

Petit clin d’œil personnel, Rodriguez a remercié sa famille, notamment « Roxane et Béatrice » qui ont « traversé ce pont » avec lui, et rendu hommage à ses origines : « Je suis un petit gars de Sherbrooke, mais qui a grandi en Argentine. Et j’ai appris le français d’une patinoire à Sherbrooke, dans le quartier proche de l’université. Mes parents étaient profs dans ce coin-là, où ils enseignaient pendant plus de 20 ans. Et j’ai appris aussi le français en grattant ma guitare, en jouant du harmonium, du Paul Piché, du Robert Charlebois.  »

Avec l’élection de Rodriguez, le PLQ tourne une page incertaine de son histoire tout en amorçant une nouvelle stratégie de recentrage. L’ancien ministre promet l’unité, la stabilité et une gouvernance modernisée, appuyée par des engagements en économie, éducation, agriculture et culture. Son programme évite les grandes ruptures idéologiques et mise plutôt sur des mesures ciblées et consensuelles. Reste à voir si cette approche parviendra à susciter un nouvel élan électoral.

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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