Jeudi, avril 24, 2025

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Pire que Trudeau? Le plan Carney explose la dette

Dans un contexte économique déjà fragile, le plan fiscal proposé par le chef libéral Mark Carney pour l’élection canadienne de 2025 soulève de sérieuses questions quant à sa viabilité et son impact sur les générations futures. Alors que le Canada peine encore à se remettre des déficits accumulés sous le gouvernement Trudeau, Carney propose une vision économique qui, selon plusieurs experts, pourrait aggraver considérablement la situation financière du pays.

Des déficits qui s’accumulent dangereusement

Le plan fiscal de Mark Carney prévoit un déficit de 62,3 milliards de dollars pour l’année fiscale 2025-2026, soit près de 2 % du PIB canadien. Ce montant représente une augmentation significative par rapport aux prévisions initiales de 39,8 milliards de dollars établies par le gouvernement Trudeau en décembre 2024.

En cumulant les quatre prochaines années, le plan de Carney ajouterait 225 milliards de dollars à la dette nationale. Cette somme colossale s’ajoute aux 61,9 milliards de déficits déjà enregistrés pour l’exercice 2023-2024, un montant qui dépasse largement l’objectif initial de 40 milliards fixé par le gouvernement Trudeau.

Le plan officiel des Libéraux de Mark Carney a annoncé les déficits additionnels à 141 milliards de dollars, par contre selon les calculs de Francis Gosselin, économiste et chroniqueur, ces déficits additionnels seraient plutôt de l’ordre des 225 milliards. La plateforme libérale promet de « gérer de manière responsable », mais omet 84 milliards $ dans ses calculs. Une gymnastique comptable audacieuse — ou un exercice de camouflage préélectoral. 

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Des promesses coûteuses et peu réalistes

Le plan de Carney comprend 129,2 milliards de dollars en nouvelles mesures sur quatre ans. Parmi les plus importantes, on retrouve une augmentation des dépenses militaires de 18 milliards pour atteindre la cible de l’OTAN et des investissements dans le logement totalisant 22 milliards. Le plan prévoit aussi une baisse d’impôt sur le revenu de 22 milliards $ — une mesure trop souvent comptabilisée comme une « dépense », alors qu’il s’agit en réalité d’un allègement de la pression fiscale.

Carney tente de justifier ces engagements budgétaires en évoquant une soi-disant « situation de crise ». Lors d’une conférence de presse à Charlottetown, il a déclaré : « Nous traversons une crise, la pire crise de notre vie, y compris la crise financière à laquelle ont été confrontés M. Chrétien et M. Martin, parce que nous sommes en pleine réorganisation de nos relations avec les États-Unis et l’économie mondiale. ». Or, cette présentation alarmiste contraste avec les faits : le Canada figure parmi les pays les moins touchés par les tarifs imposés par Washington.

Et surtout, cette « crise » est loin d’égaler celle de 2008-2009. À l’époque, le PIB canadien avait chuté de 3,3 %, plus de 400 000 emplois avaient été perdus, et le taux de chômage avait grimpé à 8,7 %. Aujourd’hui, l’économie canadienne est encore en croissance, le marché du travail reste robuste, et la Banque du Canada a même entamé une baisse des taux. Bref, Carney joue sur la peur. Il force le trait pour s’imposer en figure providentielle dans une crise qu’il amplifie à dessein. Une stratégie bien rodée : grossir le danger pour mieux se présenter comme l’homme de la situation — et obtenir carte blanche aux frais des contribuables.

Un équilibre budgétaire qui relève du mirage

Bien que Carney promette d’équilibrer le budget opérationnel d’ici 2028, plusieurs experts doutent de la faisabilité de cet objectif. Karina Gould, ancienne ministre libérale de longue date, a exprimé ses doutes quant à la capacité de Carney à équilibrer le budget opérationnel en trois ans :

« No I don’t think it is. And I don’t think it is something that we should be telling Canadians that we are going to do, unless there is a lot of cuts that are coming. I mean, that’s the only way you would be able to achieve that ».

Le plan de Carney prévoit de réduire la croissance annuelle du budget opérationnel de 9 % à 2 %. Pour y parvenir, il compte sur des « économies dues à une productivité gouvernementale accrue » de 28 milliards de dollars, sans toutefois préciser quels services seraient affectés.

Des coupes potentielles dans les services essentiels

Pour atteindre ses objectifs budgétaires tout en finançant ses nouvelles promesses, Carney devra probablement imposer des compressions majeures dans l’appareil de l’État. Bien qu’il affirme que les transferts aux provinces — notamment ceux liés à la santé et à l’éducation — seront protégés, certaines analyses estiment qu’ils pourraient être mis sous pression, faute d’autres postes budgétaires assez volumineux pour encaisser les réductions.

Selon une analyse du NPD, relayée par CTV News, la combinaison de l’engagement de Carney à équilibrer le budget opérationnel en trois ans et de sa promesse de réduire l’impôt sur les gains en capital — une mesure qui coûterait 19 milliards de dollars sur cinq ans — exigerait jusqu’à 43 milliards de compressions d’ici la troisième année. Cette estimation est basée sur les projections du Directeur parlementaire du budget et les plans fiscaux actuels.

Et ce flou sur les coupes à venir n’est pas le seul angle mort du discours de Mark Carney. Depuis le début de la campagne, il multiplie les doubles discours selon le public auquel il s’adresse. Au Québec, il se présente en progressiste préoccupé par le climat ; en Alberta, il promet discipline fiscale, armement, et développement industriel. À Toronto, il parle inclusion et diversité ; dans l’Ouest rural, c’est sécurité et pipelines. Ces incohérences répétées minent la crédibilité de ses engagements. Peut-on croire un homme qui change de ton au gré de la langue, de la province ou de la caméra? Rien ne garantit que les transferts fédéraux seront réellement épargnés par ses compressions.

Un déficit qui pourrait dépasser celui de Trudeau

Malgré les efforts de Carney pour se distancer des politiques économiques et fiscales du gouvernement Trudeau, son plan pourrait en réalité conduire à des déficits encore plus importants. Comme le souligne un article de The Hub : « Le plan budgétaire de Carney pourrait impliquer des définitions différentes et une composition différente des dépenses globales. Mais ses ambitions d’emprunt, en termes absolus et en pourcentage du PIB, sont en réalité supérieures à la norme du gouvernement Trudeau au cours de la dernière décennie ».

L’article ajoute : « S’il maintient également un déficit opérationnel permanent, le déficit cumulé (opérationnel et en capital) pourrait être bien plus élevé que ce à quoi nous a habitués le gouvernement Trudeau ».

Conclusion

Le plan fiscal de Mark Carney semble reposer sur des hypothèses optimistes et des promesses difficiles à tenir. Dans un contexte où la dette fédérale représente déjà 42,1 % du PIB, soit 11 points de plus qu’avant la pandémie, les Canadiens sont en droit de se demander si le plan de Carney ne risque pas d’hypothéquer davantage l’avenir des prochaines générations. La question demeure : le Canada peut-il réellement se permettre quatre années supplémentaires de déficits record?

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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