Mardi, avril 1, 2025

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Quand l’idéologie prend le dessus

Depuis le déclenchement de la guerre tarifaire entre le Canada et les États-Unis, nos relations commerciales se sont transformées en une confrontation aux allures de drame politique et économique. La promesse d’une riposte « dollar pour dollar » et l’idée de priver une partie des États-Unis de leur électricité ontarienne témoignent d’un excès de stratégie qui détourne l’attention des véritables enjeux : la compétitivité et la liberté économique. Dans ce climat de tension, Mark Carney — chef du parti libéral du Canada — ajoute un peu d’huile sur le feu en mentionnant que les vieilles relations avec les États-Unis basées sur une intégration de nos économies toujours plus grande ainsi qu’une collaboration militaire sont terminées. Les tenants de cette franchise saluent l’annonce de Carney comme un moment de lucidité dans un contexte de déclin de l’hégémonie américaine. Pourtant, cette vision idéologue mérite d’être nuancée.

Il m’apparaît en effet que le Canada, en se complaisant dans des idéologies moralisatrices et en adoptant des politiques étatiques interventionnistes, a progressivement sapé ses propres atouts économiques, se rendant vulnérable à une dépendance au marché américain. D’un autre côté, cette dépendance se comprend, nous partageons la plus grande frontière terrestre avec la plus grande économie du monde. C’est justement pour cette raison que la prise de position de Mark Carney est dangereuse pour le futur. Plutôt qu’une posture d’ouverture, il prend une posture de confrontation. Bien que cette approche semble pour le moment rassurer certaines personnes, ce n’est pas une bonne nouvelle pour les relations futures. Et ce, malgré les sorties de Trump comme quoi il préfère les libéraux de Carney aux conservateurs de Poilièvre.

Le Canada s’est aussi forgé une réputation d’inquisiteur IDE à l’étranger. La quête d’inclusivité, de diversité et d’équité, bien que porteuse d’idées de justice sociale en apparence souhaitable, est souvent mise en avant au détriment des relations internationales saines et de l’efficacité économique. Lorsque ces valeurs sont imposées de manière dogmatique — tant à l’international qu’auprès des acteurs économiques domestiques — elles risquent de transformer des leviers de progrès en obstacles à la libre concurrence et à l’innovation. En fait, c’est parfois à se demander si ce n’est pas une autre tentative de guider la main invisible du marché vers un système égalitaire inspiré du marxisme. Dans ma conception de la gestion de l’état, celui-ci doit utiliser les connaissances qu’il peut acquérir, non pas pour façonner les résultats comme l’artisan façonne son œuvre, mais plutôt pour cultiver une croissance en fournissant l’environnement approprié, à la manière dont le jardinier le fait pour ses plantes. C’est pourquoi le message doit être clair : le Canada ne doit pas se laisser enfermer dans une vision paternaliste qui étouffe les forces du marché.

Au lieu de jouer la carte du blâme sur des partenaires internationaux ou sur des présidents aux décisions capricieuses et parfois erronées — comme Trump, dont la période tumultueuse n’est qu’un épisode parmi d’autres dans l’histoire politique américaine — il faut repenser en profondeur notre modèle économique. Les États-Unis, malgré leurs fluctuations politiques, demeurent notre premier partenaire commercial et la pierre angulaire d’un commerce international fondé sur des accords de libre-échange historiques et éprouvés tels que l’ALENA ou l’ACEUM. Rompre ces liens, ce serait s’exposer à une diversification risquée dans un monde où la concurrence globale est féroce. Ce n’est toutefois pas une raison pour ne rien faire. Bien que j’opterais personnellement pour une abolition unilatérale de tous les tarifs avec eux, je suis conscient que cette mesure ne serait probablement pas très bien accueillie par le public canadien. Je propose donc une approche plus pragmatique.

Pour revitaliser notre économie, trois axes stratégiques doivent être envisagés selon moi :

  • Débloquer le potentiel énergétique via l’implantation d’un corridor énergétique

Le temps donne raison au projet de corridor énergétique présenté en 2019 par Andrew Scheer. Le Canada dispose d’un immense potentiel énergétique, que ce soit en Alberta où le pétrole reste une ressource stratégique, l’Ontario et sa maitrise des centrales nucléaires ou bien au Québec où l’hydroélectricité est reine. Plutôt que de laisser ce potentiel être dilapidé par des querelles interminables et une réglementation trop lourde, il est impératif de finaliser des projets tels que Trans Mountain et relancer GNL Québec et/ou Énergie Est. La finalisation de ces pipelines doit être perçue comme un moyen de libérer des ressources financières pour investir dans des technologies vertes et créer des emplois, tout en renforçant notre compétitivité sur le marché mondial. Dans le sens inverse, des lignes hautes tension partant du Québec devraient être installées afin d’acheminer de l’hydroélectricité québécoise vers l’ouest. Finalement, une entente pancanadienne d’expansion de la présence de microréacteur modulaire permettra d’assurer un avenir sécuritaire et productif.

  • Faciliter le commerce interprovincial

L’une des grandes forces d’une économie de marché repose sur la libre circulation des biens et des services. Or, au Canada, le commerce interprovincial souffre d’un enchevêtrement de réglementations et de barrières administratives qui diminue le potentiel économique du Canada. Une réforme structurelle visant à harmoniser les règles et à supprimer ces obstacles n’est pas seulement souhaitable, elle est indispensable. Cela permettra de libérer l’initiative privée et de renforcer notre compétitivité, en alignant notre marché intérieur sur les principes de liberté et d’efficacité qui ont fait le succès des économies libérales.

  • Optimiser l’exploitation des ressources minières

Le Canada regorge de ressources stratégiques — lithium, cobalt, nickel — qui sont désormais des enjeux majeurs, considérés par plusieurs comme des minéraux critiques. La lenteur administrative et la réglementation excessive freinent l’exploitation de ces richesses. En adoptant une approche plus libre, il s’agira d’accélérer les procédures d’obtention des permis tout en garantissant des standards environnementaux raisonnables, afin de positionner le Canada comme un leader sur le marché. C’est sans parler d’un allégement du cadre fiscal. On m’accusera de faire la promotion de l’économie extractiviste, je leur répondrai que je prône l’exploitation des ressources naturelles selon les plus hauts standards de l’industrie plutôt que l’exploitation des travailleurs dans un cadre institutionnel douteux. Le dynamisme qui en ressortira permettra de créer des emplois et de stimuler des investissements privés, essentiels pour un rebond économique durable.

Au-delà de ces mesures sectorielles, l’enjeu est de repenser l’ensemble de notre modèle économique en se détachant d’une logique interventionniste qui a trop longtemps entravé la libre concurrence. Le véritable défi est de restaurer la crédibilité du Canada en tant qu’acteur économique fiable et compétitif, en misant sur les forces du marché et en limitant les interférences étatiques. Dans une économie fondée sur la liberté d’entreprendre, il est essentiel de recentrer les politiques publiques sur la création de valeur et le soutien à l’innovation, plutôt que sur la redistribution qui, trop souvent, crée des distorsions de marché.

Il est aussi primordial de revoir notre approche vis-à-vis des partenariats internationaux. Le libre-échange et la coopération multilatérale doivent rester au cœur de notre stratégie. Diversifier nos relations commerciales vers l’Asie, l’Europe ou l’Afrique est une ambition légitime, mais cela ne doit pas se faire au détriment d’un partenariat historique et éprouvé avec les États-Unis. Un équilibre judicieux est à trouver : profiter des avantages du marché américain tout en réduisant progressivement notre dépendance par une ouverture et une flexibilisation de nos relations économiques mondiales.

En conclusion, le Canada se trouve à un carrefour stratégique où il doit faire le choix entre une politique économique basée sur l’interventionnisme étatique et une stratégie résolument orientée vers la liberté du marché. La critique formulée par Carney sur la fiabilité des États-Unis doit être prise comme un appel à une réforme en profondeur, non pas pour rompre des liens essentiels, mais pour renforcer notre autonomie et notre compétitivité. Le chemin à suivre est clair : promouvoir le libre-échange, libérer les forces du marché et adopter une gouvernance qui respecte les principes du libéralisme classique. C’est en favorisant l’initiative privée et en réduisant les entraves administratives que le Canada pourra restaurer sa crédibilité, attirer des investissements et, finalement, assurer une croissance durable dans un monde en constante évolution.

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Francis Hamelin
Francis Hamelin
Francis Hamelin, #MakeThePLQLiberalAgain, est membre des Trois Afueras et écrivain amateur. Technicien en génie mécanique et industriel, il s'intéresse particulièrement aux politiques publiques, l'économie et à la productivité des entreprises et des individus.

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