Le président américain Donald Trump et le maire élu de New York, Zohran Mamdani, se sont rencontrés vendredi 21 novembre 2025 à la Maison-Blanche dans une atmosphère étonnamment cordiale, contrastant fortement avec les échanges hostiles des mois précédents.
Déroulement de la rencontre
La réunion a duré environ une heure et s’est déroulée en deux temps : une discussion privée d’environ 25 à 30 minutes dans le Bureau ovale, suivie d’une conférence de presse publique où les deux hommes ont répondu aux questions des journalistes.
Durant la campagne électorale, Trump avait qualifié Mamdani de « lunatique communiste à 100 % » et de « cinglé total ». De son côté, Mamdani avait accusé Trump de « fascisme » et qualifié son administration d’« autoritarisme » lors de son discours de victoire. Vendredi, le ton était radicalement différent.
« Nous sommes d’accord sur beaucoup plus de choses que je ne l’aurais pensé », a déclaré Trump lors de la conférence de presse. Le président a affirmé trouver Mamdani « très rationnel » et a exprimé son souhait de l’aider plutôt que de lui nuire. « Je pense qu’il va surprendre certains conservateurs », a ajouté Trump.
Mamdani a adopté un ton pragmatique, déclarant : « Ce que j’apprécie vraiment chez le président, c’est que la réunion que nous avons eue ne s’est pas concentrée sur les points de désaccord, qui sont nombreux, mais sur l’objectif commun que nous avons de servir les New-Yorkais ».
Points de discussion
La conversation a porté principalement sur l’accessibilité financière à New York, thème central de la campagne de Mamdani. Les deux hommes ont discuté des coûts du logement, de la garde d’enfants, des courses alimentaires et de la criminalité.
Trump s’est dit favorable aux propositions de Mamdani concernant la construction de logements. « Il a exprimé des idées très intéressantes. Il veut voir de nouvelles maisons et de nombreux appartements construits. Les gens seraient surpris, mais je partage la même vision », a affirmé le président.
Lorsqu’une journaliste lui a demandé s’il se sentirait à l’aise de vivre à New York sous l’administration de Mamdani, Trump a répondu : « Oui, je le ferais, absolument, surtout après notre rencontre ».
Moment marquant sur le fascisme
Le moment le plus notable est survenu lorsqu’une journaliste a demandé à Mamdani s’il considérait toujours Trump comme un « fasciste ». Trump a lui-même encouragé Mamdani à répondre franchement : « C’est OK, tu peux répondre oui, c’est plus simple que de l’expliquer ».
Dans une interview diffusée dimanche sur NBC, Mamdani a confirmé maintenir cette position. « C’est quelque chose que j’ai dit dans le passé et je le dis aujourd’hui », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il considère également Trump comme un « despote ».
Implications pour New York
Trump avait menacé avant l’élection de couper les fonds fédéraux à New York si Mamdani était élu et d’envoyer la Garde nationale dans la ville. Vendredi, le président a déclaré : « Je m’attends à l’aider, pas à lui nuire ». Interrogé samedi sur le déploiement de la Garde nationale, Trump a affirmé que « d’autres endroits en ont plus besoin ».
Le budget de New York pour l’année fiscale 2026 dépend de 7,4 milliards de dollars d’assistance fédérale. Aucun engagement formel n’a été annoncé publiquement concernant ce financement.
Réactions politiques
La rencontre a suscité des réactions variées. Le vice-président JD Vance a qualifié de « moment légendaire » la scène où Trump encourageait Mamdani à l’appeler fasciste. Nicole Malliotakis, représentante républicaine de New York, a trouvé les deux hommes « un peu trop complices » tout en se réjouissant qu’ils aient trouvé un terrain d’entente.
Lorsqu’un journaliste a demandé à Trump s’il était d’accord avec Elise Stefanik, candidate républicaine au poste de gouverneur de New York, qui avait qualifié Mamdani de « jihadiste », Trump a répondu : « Non, je ne le pense pas. J’ai rencontré un homme qui est une personne très rationnelle ». Stefanik a par la suite déclaré qu’elle devrait « s’en tenir à son désaccord » avec le président sur ce point.
Sur les réseaux sociaux, des partisans de Trump ont exprimé des avis partagés face à cette cordialité inattendue, certains y voyant une tactique stratégique, d’autres manifestant leur confusion.
Contexte politique
La rencontre survient alors qu’un sondage Fox News récent indique que 76 % des électeurs perçoivent négativement l’économie. Le jour même de la rencontre, les républicains de la Chambre ont fait adopter une résolution condamnant le socialisme.
Certains observateurs politiques suggèrent que cette cordialité pourrait servir les intérêts des deux parties : Trump cherchant à améliorer son image sur les questions d’accessibilité financière, et Mamdani obtenant un répit des menaces fédérales pour organiser sa prise de fonction le 1er janvier 2026. D’autres analystes estiment que Trump pourrait avoir modifié sa stratégie pour détourner l’attention de couvertures médiatiques négatives récentes. Ces interprétations demeurent spéculatives et ne reflètent pas nécessairement les motivations réelles des protagonistes.
Programme de Mamdani
Mamdani prendra ses fonctions avec un programme ambitieux comprenant la construction de 200 000 logements subventionnés sur dix ans, la gratuité des autobus, le gel des loyers pour un million d’appartements stabilisés, et la création d’un système universel de garde d’enfants gratuit, financé par une augmentation des impôts sur les entreprises et les plus riches.
Malgré l’atmosphère cordiale de vendredi, les deux hommes maintiennent leurs positions idéologiques opposées. La nature de leurs rapports futurs reste à déterminer une fois Mamdani en fonction.


