Le gouvernement fédéral américain est en shutdown depuis le 1er octobre 2025. Cette fermeture partielle s’est déclenchée à minuit dans la nuit de mardi à mercredi, après que le Congrès n’a pas réussi à adopter un budget temporaire. Il s’agit de la première en près de sept ans.
Deux visions différentes du budget
Le désaccord porte sur le contenu du budget temporaire qui doit financer le gouvernement jusqu’à la fin novembre. Les républicains proposent une prolongation simple du budget actuel, sans modifications majeures. Cette approche maintiendrait les niveaux de dépenses existants.
Les démocrates refusent de voter pour cette prolongation sans garanties supplémentaires. Ils veulent que le budget temporaire inclue également une extension des crédits d’impôt pour l’assurance santé qui expirent à la fin de 2025. Selon le Congressional Budget Office, ces crédits coûteraient 350 milliards de dollars d’ici 2035, mais augmenteraient le nombre d’Américains assurés de 3,8 millions de personnes.
Le vote de mardi au Sénat a obtenu 55 voix en faveur de la proposition républicaine et 45 contre. Les républicains ont besoin de 60 voix pour adopter leur projet de loi, ce qui requiert l’appui de certains sénateurs démocrates.
Le contexte budgétaire américain
Ce shutdown survient alors que la dette fédérale américaine vient de franchir le cap des 37,6 billions de dollars. Au cours de la dernière année fiscale seulement, la dette a augmenté de 2,2 billions de dollars, soit une moyenne de 5,95 milliards par jour.
La dette publique représente maintenant 122,6% du produit intérieur brut américain. Les paiements d’intérêts sur cette dette sont devenus la deuxième dépense en importance du gouvernement fédéral, après la Sécurité sociale et devant la défense nationale.
Les coûts directs d’un shutdown
Les shutdowns génèrent des coûts importants. Un rapport du Sénat a calculé que les trois shutdowns de 2013, 2018 et 2019 ont coûté près de 4 milliards de dollars aux contribuables américains. Ces coûts proviennent principalement des salaires versés rétroactivement aux employés mis à pied, qui sont généralement payés une fois le shutdown terminé même s’ils n’ont pas travaillé.
Le shutdown de 35 jours entre décembre 2018 et janvier 2019 a coûté environ 11 milliards de dollars à l’économie américaine selon le Congressional Budget Office. Les économistes estiment que chaque semaine du shutdown actuel pourrait coûter environ 7 milliards de dollars à l’économie.
Les services touchés
Environ 900 000 employés fédéraux sont directement touchés. Près de 700 000 d’entre eux sont considérés essentiels et doivent continuer à travailler sans être payés pendant la durée du shutdown. Cela inclut les militaires, les contrôleurs aériens et les agents de sécurité aux frontières. Les autres employés sont mis à pied temporairement.
Les services jugés essentiels continuent de fonctionner. Les paiements de la Sécurité sociale sont maintenus, tout comme les soins médicaux d’urgence et les opérations de sécurité nationale.
Plusieurs autres services sont interrompus ou réduits. Les parcs nationaux risquent de fermer, affectant les communautés locales qui dépendent du tourisme. La délivrance de passeports est suspendue. Les prêts aux petites entreprises sont retardés. La publication des statistiques économiques gouvernementales est reportée.
Les positions des deux camps
Les républicains soutiennent que les questions de crédits d’impôt pour l’assurance santé devraient être débattues séparément du budget de fonctionnement du gouvernement. Ils affirment que leur proposition maintient les services gouvernementaux en place et permet d’éviter l’ajout de 350 milliards de dollars à la dette fédérale.
Les démocrates affirment que sans l’extension de ces crédits d’impôt, environ 24 millions d’Américains verront leurs primes d’assurance augmenter de façon significative dès 2026. Ils estiment que ces deux questions doivent être réglées ensemble.
Le président Trump a indiqué qu’il pourrait utiliser le shutdown pour réduire la taille du gouvernement fédéral de façon permanente. L’administration a annoncé qu’elle envisage des licenciements d’employés fédéraux plutôt que de simples mises à pied temporaires.
La durée incertaine
Les travaux du Congrès sont suspendus jusqu’à vendredi en raison de la fête juive de Yom Kippour. Aucune négociation formelle n’est donc possible avant cette date.
Le plus long shutdown de l’histoire américaine avait duré 35 jours, de décembre 2018 à janvier 2019. Il portait sur le financement d’un mur à la frontière mexicaine.
Pour l’instant, les deux partis maintiennent leurs positions respectives. Les républicains affirment vouloir maintenir le fonctionnement du gouvernement sans augmenter davantage la dette. Les démocrates affirment vouloir protéger les Américains contre des hausses de primes d’assurance.
L’impact pour les contribuables américains
Pour les contribuables, la situation présente un paradoxe. D’un côté, le gouvernement dépense moins d’argent pendant un shutdown puisque de nombreux services sont suspendus. De l’autre, l’économie subit des pertes estimées à plusieurs milliards de dollars par semaine, et les employés mis à pied sont généralement payés rétroactivement de toute façon.
Les entreprises qui font affaire avec le gouvernement fédéral subissent des retards de paiement. Les citoyens qui ont besoin de services administratifs doivent attendre. Les communautés qui dépendent du tourisme dans les parcs nationaux perdent des revenus.
La question centrale demeure: combien de temps les deux partis sont-ils prêts à maintenir cette situation avant qu’un compromis n’émerge. Pour l’instant, aucune solution n’est en vue.
