Sol Zanetti a été élu nouveau co-porte-parole masculin de Québec solidaire le 7 novembre 2025, lors du congrès du parti. Le député de Jean-Lesage a remporté la course au premier tour avec 50,4% des voix, devançant son collègue député Étienne Grandmont (Taschereau) et l’ancien candidat Yv Bonnier Viger. Les résultats détaillés pour Grandmont et Bonnier Viger n’ont pas été publiés par le parti, mais seraient respectivement d’environ 38% et d’environ 9%.
Chronologie d’une crise
La nomination de Zanetti s’inscrit dans une période turbulente pour Québec solidaire. En avril 2024, Émilise Lessard-Therrien a démissionné de son poste de co-porte-parole après seulement quatre mois, critiquant ouvertement « la petite équipe de professionnels tissés serrés autour » de Gabriel Nadeau-Dubois. Le 16 novembre 2024, Ruba Ghazal a été officiellement élue co-porte-parole féminine, seule candidate en lice. Puis le 20 mars 2025, Gabriel Nadeau-Dubois a annoncé sa démission comme co-porte-parole et son retrait de la vie politique, se disant « usé » par les crises internes des deux dernières années.
Cette succession de départs reflète des tensions profondes au sein du parti. En mai 2024, une quarantaine d’ex-employés, d’anciens candidats et de militants de QS ont signé une lettre ouverte accusant Nadeau-Dubois de mener le parti vers un « pragmatisme » qui serait « un éteignoir » pour l’âme du parti. Ces militants reprochaient à Nadeau-Dubois de vouloir transformer QS en « parti de gouvernement » en se « cantonnant dans les institutions parlementaires ».
Une orientation économique d’expansion massive de l’État
Québec solidaire se distingue des autres partis québécois par son programme de transfert massif de secteurs économiques au contrôle de l’État. Le parti propose historiquement des nationalisations dans les secteurs énergétique, pharmaceutique et des ressources naturelles, un contrôle gouvernemental des loyers, l’élimination du secteur privé dans les soins de longue durée, ainsi que des hausses d’impôts importantes sur les gains en capital, les héritages et les hauts revenus.
Ces mesures auraient des conséquences concrètes pour les Québécois. La nationalisation de secteurs comme l’énergie renouvelable concentrerait tous les investissements et décisions dans les mains de l’État. L’histoire démontre que les monopoles publics figent les processus décisionnels, créent des lourdeurs administratives et bloquent l’adaptation rapide aux nouvelles technologies. Sans concurrence ni pression du marché, ces structures deviennent imperméables au changement et maintiennent des pratiques dépassées pendant des décennies.
Le contrôle des loyers proposé par QS aggraverait la crise du logement actuelle. Les données de 2025 montrent que le loyer moyen d’un 4½ au Québec est passé de 1222$ en 2020 à 1828$ en 2024, une explosion directement liée aux politiques publiques restrictives. Les réglementations gouvernementales, les contraintes de zonage et l’incertitude réglementaire découragent déjà massivement les investissements dans la construction de nouveaux logements. Ajouter un contrôle obligatoire des loyers éliminerait tout incitatif à construire ou entretenir des logements locatifs, créant des pénuries encore plus graves et accélérant la détérioration du parc immobilier existant.
Les hausses massives d’impôts sur les gains en capital et les héritages réduiraient directement le capital disponible pour l’investissement privé et l’entrepreneuriat. Les propriétaires de PME qui vendent leur entreprise après des décennies de travail verraient une portion beaucoup plus importante de leur gain partir en impôts. Les familles de classe moyenne qui héritent d’une maison ou d’actifs familiaux feraient face à des factures fiscales qui pourraient les forcer à liquider ces biens.
La nationalisation de secteurs entiers créerait des monopoles publics qui élimineraient toute pression à satisfaire les consommateurs. Sans concurrence, ces monopoles d’État peuvent maintenir des services médiocres, des prix élevés et des délais interminables sans risquer de perdre leur clientèle. Les usagers deviennent captifs d’une bureaucratie dont la survie ne dépend pas de leur satisfaction, mais de décisions politiques et budgétaires.
Le programme officiel du parti affirme d’ailleurs explicitement que « Québec solidaire vise, à long terme, la socialisation des activités économiques ».
Un effondrement électoral accéléré par le départ de Nadeau-Dubois
En 2018, le parti a obtenu 16,10% des voix et 10 sièges. En 2022, il a récolté 15,43% des voix et 11 sièges – soit une baisse de 0,67 point de pourcentage du vote populaire, mais un gain d’un siège grâce à une meilleure répartition géographique.
Le départ de Gabriel Nadeau-Dubois en mars 2025 a accéléré la descente du parti dans les sondages. Selon les données Léger, QS obtenait 12% en mars 2025 au moment de l’annonce du départ de GND. En août 2025, le parti était descendu à 9%. En septembre 2025, il stagnait à 7%. En octobre 2025, le sondage Léger le plaçait à 6%.
Cette dégringolade place systématiquement QS en cinquième position, derrière le Parti Québécois (36%), le Parti libéral (25%), la CAQ (16%) et le Parti conservateur (15%) selon le sondage Léger d’octobre 2025.
Stéfanie Tougas, analyste politique et directrice en relations gouvernementales chez TACT, a commenté le 2 octobre 2025: « Je ne me rappelle pas avoir vu Québec solidaire depuis 10 ans aussi bas dans les intentions de vote ». Le parti a perdu entre 9 et 10 points par rapport à son résultat de 2022.
Cette chute s’accompagne d’une marginalisation démographique. Jean-Marc Léger, président de Léger Marketing, avait été direct en 2022: « Leur force, ce sont les jeunes, leur faiblesse, c’est uniquement les jeunes! Ils ne réussissent pas à sortir des grandes villes, ni de la clientèle au-delà de 35 ans ». Le parti demeure confiné aux campus universitaires montréalais et à quelques circonscriptions urbaines.
Le nouveau leadership
Le duo Ghazal-Zanetti maintient une ligne politique résolument de gauche et indépendantiste. Dans son discours de victoire, Zanetti a crié « Vive le Québec libre et solidaire » et fermé la porte à tout rapprochement avec le Parti Québécois. Dans une entrevue avant son élection, il affirmait: « QS doit assumer une position anti-système claire. Le système dans lequel on est n’est pas bon ».
Zanetti et Ghazal lancent une offensive contre le PQ, accusant Paul St-Pierre Plamondon de « bâtir un camp du Oui qui divise ». Ils misent sur une « souveraineté inclusive » pour se distinguer du nationalisme identitaire qu’ils reprochent au PQ.


