Je suis plus souvent observateur que commentateur, mais aujourd’hui, je me permets une prise de position en ce qui concerne Trump et ses récentes positions, notamment sur les tarifs douaniers.
Plusieurs personnes adorent Trump, alors que d’autres le détestent. Ces deux camps ont une vision idéaliste ou dogmatique du personnage. Ces deux visions sont trop biaisées pour permettre une analyse objective de ses actions.
La façon de faire de Trump
Avant sa première élection, Trump était avant tout connu pour son livre « The Art of the Deal », ou « l’art de la négociation » en français. Il faut donc savoir qu’il est habitué à demander excessivement plus que ce qu’il attend et qu’il ne cèdera pas à la première proposition afin de maximiser ses gains dans une négociation.
Cependant, son adversaire et les positions adverses ont aussi de l’importance. La personne face à Trump doit être capable de se tenir debout afin que Trump décide d’y accorder du respect. Par contre, les positions de son adversaire doivent aussi avoir du sens, sinon ce dernier se discréditera à ses yeux.
L’histoire des tarifs douaniers américains
Déjà, mettons les choses au clair, l’utilisation des tarifs est nuisible pour les deux acteurs, en particulier pour le pays qui les applique. L’utilisation de contre-tarif est donc contre-productive et c’est encore pire avec un adversaire tel que Trump, qui ne prendra pas cela comme un élément de négociation, mais plus comme une provocation.
Il faut raisonner avec ce personnage même s’il donne l’impression qu’il est impulsif, car c’est justement son but. Il souhaite déstabiliser son interlocuteur dans le but de ramasser le jackpot. Il ne faut pas envoyer un chiffon pour aller négocier avec lui, mais quelqu’un de froid, calculateur, logique et qui a une grande légitimité. Trudeau semble trop émotif et trop reposer sur son staff politique pour négocier seul à seul avec lui. Sans compter que la légitimité de Trudeau est maintenant nulle depuis l’annonce de sa démission comme premier ministre canadien. Selon cet élément, il faudra donc une personne que Trump pourra respecter et vu les récentes prises de positions des politiciens de notre côté de la frontière, c’est mal parti.
Dans son discours sur l’état de l’Union, Trump a clairement parlé de la question tarifaire du Canada. Vous devez probablement vous dire « oui, il a dit qu’il était fier de mettre 25% de tarifs au Canada ». Mais non, ce n’est pas de cela que je parle. Trump en a contre ceux qui ont un visage à deux faces ou qui font du « deux poids, deux mesures ». Avec lui, il faut être conséquent et faire que les bottines suivent les babines. Une chose que nos politiciens canadiens ont souvent bien du mal à faire.
Mais revenons aux éléments qui m’ont marqués dans son discours à propos des tarifs. Il a affirmé que, puisque d’autres pays imposent des tarifs aux États-Unis depuis des décennies, il était temps que les États-Unis fassent la même chose. Il a ajouté que l’Union européenne, la Chine, le Brésil, l’Inde, le Mexique, le Canada – et bien d’autres – appliquent en moyenne des tarifs bien plus élevés aux produits américains que ceux imposés en retour. Il dit que tout cela n’est pas juste pour les États-Unis.
Cependant, ce n’est pas uniquement contre les tarifs monétaires qu’il a quelque chose, mais aussi les blocages réglementaires tels que la fermeture de certains marchés pour les entreprises américaines – les banques, la télécommunication, transport aérien, etc. Ceci est parfaitement visible dans l’une de ses publications.
Ma position est que son objectif est de montrer au Canada à quel point ces tarifs sont mauvais, en particulier ceux qu’on leur a imposés depuis plusieurs années, tout en voulant avoir des concessions dignes d’un véritable libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Il veut augmenter le potentiel industriel des États-Unis en amenant plus d’entreprises sur le territoire américain, mais par-dessus tout il veut une concession du Canada sur les marchés pour lesquels les entreprises américaines n’ont pas accès. Donner des concessions sur ces points, voir ouvrir entièrement le marché canadien aux Américains, comme pourrait le faire une renégociation de l’ALENA, permettrait à mes yeux de résoudre ce conflit.
Le décret pour les tarifs est aussi basé légalement sur l’International Emergency Economic Powers Act, lorsqu’il y a une question d’urgence nationale. Son urgence est basée sur l’immigration illégale et les drogues illicites en provenance du Canada vers les États-Unis. Un travail pour régler cette situation de façon permanente à la frontière s’impose afin de rendre ses tarifs inopérants d’un point de vue légal. Concernant le droit international, vouloir l’utiliser contre les États-Unis et leurs tarifs, ce n’est qu’une perte de temps et d’énergie, car avec leur puissance diplomatique et économique, en plus de leur droit de véto, et de leur non-adhésion ou non-ratification de plusieurs traités, il serait impossible de les contraindre, car il faudrait les contraindre avec leur coopération volontaire.
La solution est donc simple:
- Avoir un leader légitime, crédible et que Trump pourra respecter.
- Ouvrir l’économie canadienne aux Américains ce qui serait gagnant-gagnant, car le libre-échange permet d’augmenter le PIB des pays qui le pratique.
- Régler le problème à la frontière concernant l’immigration illégale et les drogues.
Maintenant, est-ce que nos politiciens vont préférer jouer le jeu politique du bien paraitre ou s’ils vont se concentrer sur les résultats? C’est la véritable question.