Mercredi, mars 12, 2025

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Un bouc émissaire nommé Airbnb

Si vous me le permettez, j’aimerais revenir sur l’épopée tragique d’Airbnb à Montréal, sujet que j’ai abordé rapidement dans le podcast des 3 Afueras, « Sauver le monde un fiasco à la fois », et qui mérite d’être exploré plus en profondeur.

C’est l’histoire d’une plateforme de location de courte durée qui vient chambouler le monde de l’hôtellerie et du « Bed & Breakfast ». Finies les petites annonces dans les journaux locaux et nationaux : il suffit d’afficher son unité locative sur une application et le libre marché se charge du reste. Pourtant, dans la matrice étatiste (Statrix) québécoise, laisser s’installer un ordre spontané est impensable, surtout si cela nuit à un puissant lobby comme celui des hôteliers. Certains plaidèrent la concurrence déloyale. Après tout, les hébergements affichés sur Airbnb n’étaient pas assujettis aux mêmes contraintes administratives que les hôtels. On pense, entre autres, aux hébergements touristiques réglementés, à la taxe sur l’hébergement (3,5 % par nuitée) qui s’ajoute à TPS et TVQ ou aux municipalités qui considèrent les hôtels comme des vaches à lait captives à traire sans modération.

Face à l’arrivée d’un nouveau compétiteur, qui ne suit pas les règles de la bureaucratie gouvernementale, le lobby hôtelier s’en est probablement donné à cœur joie pour faire valoir son point de vue. Dans une réaction tout ce qu’il y a de plus bureaucratique, les mandarins gouvernementaux ont décidé d’élargir la réglementation hôtelière aux locations de courte durée de type Airbnb. Et une fois le bras dans le tordeur, revenir en arrière devient impossible. Pour chaque réglementation implantée, des « contrevenants » trouvaient une nouvelle façon de contourner le tout, et le réflexe autoritaire de serrer la vis se faisait de plus en plus présent. D’ailleurs, on peut se référer au dossier de La Presse intitulé « Plus d’Airbnb malgré un tour de vis » pour plus d’exemples.

L’épisode le plus marquant de l’histoire d’Airbnb au Québec reste celui du feu dans le Vieux-Montréal de mars 2023. Aussi triste que soit cet incident, ce n’est pas l’événement en soi que je veux analyser, mais il faut d’abord poser le contexte : un feu s’était déclaré dans un logement affiché — et, à ce moment, loué — sur Airbnb. Ledit logement n’était pas conforme aux normes de protection incendie de la municipalité, et probablement pas plus aux exigences de son assureur. La ville de Montréal a attendu un mois, à la suite d’un reportage de l’agence QMI, pour inspecter le bâtiment qui passa ultimement au feu, causant deux morts.

Avant qu’on m’accuse d’insensibilité, je précise que ce propriétaire est un irresponsable et qu’il a fait preuve de négligence, ce qui ne justifie pas de généraliser sa gestion à celle de tous les propriétaires d’unités « Airbnb ». Permettez-moi une courte parenthèse, il y a quelques années, on nous disait qu’il ne fallait pas généraliser sur certains groupes, mais aujourd’hui, il est tout à fait acceptable de généraliser sur tous les propriétaires d’Airbnb. Après tout, cette plateforme étrangère est le parfait bouc émissaire : étrangère, sans collectif officiel, et quand un locateur s’en retrouve brimé, l’appui public se fait rare, en particulier parce qu’on les traite comme de riches propriétaires terriens qui profitent de leur avantage pécunier pour extraire un peu plus de capital de la poche des pauvres gens. Alors que bien souvent, c’est un propriétaire de chalet qui veut rentabiliser sa propriété secondaire.

Quant à l’irresponsable mairesse de Montréal, elle a bien compris ce mécanisme. Je m’explique. Pour elle, punir Airbnb, c’est agir contre un fléau qui nuirait à la crise du logement – même si Statistique Canada dit que cela ne change pas grand-chose. À cela s’ajoute l’IEDM qui affirme que son administration a bloqué environ deux dizaines de milliers de logements depuis le début de son mandat – alors qu’on parle de 2000 logements inscrits illégalement, une goutte d’eau dans l’océan administratif, si vous voulez mon avis. Bon nombre de chroniqueurs et analystes semblent avoir acheté la version de l’administration Plante et en conséquence, bon nombre de leur clientèle la croient aussi.

Pire encore! Dans une manipulation incroyable, elle a réussi à faire croire que c’était Airbnb qui était responsable de l’incendie : ni le propriétaire négligent, ni l’administration publique qui préfère inspecter les terrasses plutôt que des logements dangereux, ni même les assurances qui manquent de moyens pour sévir contre un propriétaire négligent. Tous les coupables évidents sont sortis de la discussion pour aller vers le terrible épouvantail américain.

Dans un épisode remarquable de déresponsabilisation, la mairesse a réalisé un coup de maître politique en faisant croire qu’elle était la sauveuse. Au point que l’annonce de l’interdiction de la location Airbnb en dehors de la période estivale a été bien accueillie… Un jour, il faudra se demander pourquoi la déresponsabilisation est payante en politique.

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Francis Hamelin
Francis Hamelin
Francis Hamelin, #MakeThePLQLiberalAgain, est membre des Trois Afueras et écrivain amateur. Technicien en génie mécanique et industriel, il s'intéresse particulièrement aux politiques publiques, l'économie et à la productivité des entreprises et des individus.

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