Mercredi, Décembre 3, 2025

Les Plus Populaires

À lire aussi

VIOLENCE INSTITUTIONNALISÉE

Témoignage d’un survivant, en direct du palais de justice de Québec

Par Josh Seanosky, le 2 décembre 2025.

Je suis assis au palais de justice de Québec. On entame la troisième semaine du procès de l’action collective contre Claude Guillot, les églises baptistes impliquées et l’Association des Églises Baptistes Évangéliques au Québec (AEBEQ). Et honnêtement, je ne comprends pas comment on ne s’indigne pas plus devant ce qu’on révèle, jour après jour.

Le 26 novembre 2014, j’ai dénoncé à la police ce que j’ai vécu aux mains du pasteur Claude Guillot entre 2001 et 2014. Onze ans plus tard, je suis encore ici, devant la justice. Nous, les victimes, avons vécu un procès criminel de 2014 à 2022. J’ai embarqué dans une action collective en 2018 avec d’autres victimes. J’ai lancé ma propre poursuite civile en 2022. Et tout ce que je veux, comme les autres victimes, c’est simple: que la vérité sorte, que la justice soit rendue, et surtout que ça ne puisse plus jamais se reproduire.

Mais ce que j’entends depuis deux semaines dépasse l’entendement. Presque une dizaine de victimes ont témoigné. Victimes à l’école-église de Victoriaville. Victimes à l’école-église de Québec. Des gens qui ne se connaissent pas, qui ont vécu dans des années différentes, dans des villes différentes. Et pourtant, c’est le même récit, les mêmes gestes, les mêmes méthodes, les mêmes instruments.

Deux mots me hantent : violence institutionnalisée.
Pas un dérapage.
Pas un éducateur violent laissé sans supervision.
Pas un fou isolé dans un sous-sol.

UNE INSTITUTION DE VIOLENCE.

La même philosophie.
La même vision dégueulasse de l’enfant.
Les mêmes techniques de “discipline”.
La même palette de bois massif.
Les mêmes humiliations.
Le même isolement.
La même destruction psychologique.

Et ce matin, Claude Guillot témoigne. Il est là, en chair et en os. Et ce qu’il raconte… ça ne contredit rien. Au contraire: il confirme tout.

On l’a reconnu coupable au criminel. Cent pages de jugement. Aucune erreur de droit. Pas d’appel. Huit ans de prison. Un verdict rare, lourd, solide.

Mais ce procès-ci démontre une chose essentielle:
Guillot n’a rien inventé.
Guillot n’est pas un cas isolé.
Guillot est le produit d’un système.

Et ce système, il remonte au début des années 1980. À une école fondée par Gabriel Cotnoir, dirigeant de l’Association des Églises Baptistes Évangéliques au Québec.
Une école où la violence était littéralement institutionnalisée.
Où l’on suivait un programme américain, ACE, dont les manuels montrent notamment des enfants qui se font frapper avec ladite palette.
Où les parents devaient signer un document autorisant l’école à frapper leur enfant.

Imaginez ça.
Ici.
Au Québec.
Dans les années 1980.
Et personne n’a rien dit.

Pire encore: malgré les plaintes, malgré les signalements, malgré les parents qui suppliaient l’Association de protéger les enfants, Claude Guillot a été ordonné pasteur.
Ils l’ont promu.
Ils lui ont donné autorité.
Ils l’ont laissé accéder à des familles et à des enfants.
Ils l’ont soutenu moralement et financièrement.

Et les violences ont continué.
Pendant des années.
Jusqu’à moi, jusqu’à d’autres, jusqu’à des enfants qui ont passé leur enfance enfermés dans un régime de terreur légitimé par une structure religieuse.

Aujourd’hui, qu’est-ce qu’on voit?
Nous, les victimes, seuls debout, encore et toujours.

Sont où, les pasteurs qui savaient?
Sont où, les dirigeants qui ont fermé les yeux?
Sont où, les croyants qui trouvent ça dégueulasse mais qui se taisent par peur, par lâcheté, par confort?

Comment ça se fait que ce sont les victimes qui doivent seuls porter tout ce poids et avoir ce courage?
Comment ça se fait que c’est nous qui devons traverser des années de procédures pour rappeler à la société que des enfants ont été battus, humiliés, isolés… avec la bénédiction de dirigeants religieux?

Le plus insultant dans tout ça?
Ces organisations dépensent des fortunes en avocats pour se battre contre nous.
Pas pour comprendre.
Pas pour réparer.
Pour se défendre.
Pour protéger leur image.
Pour faire taire les cris du passé.

Moi, j’ai vécu 13 ans dans un sous-sol où l’on torturait des enfants au nom de Dieu.
Et aujourd’hui, je me tiens debout devant eux.
Et je vais le répéter jusqu’à ce que tout le Québec l’entende:

L’Association des Églises Baptistes Évangéliques au Québec a cautionné cette violence.
Elle doit répondre.
Point.

Pour ceux à l’intérieur du milieu qui savent que c’est vrai: réveillez-vous.
Parlez. Ayez du courage.
Parce que nous, les victimes, on n’a rien à perdre.
Et ce combat-là, on le mène pour que plus personne ne revive ce qu’on a vécu.

Plus jamais.
Never again.

YouTube
Rejoignez notre communauté !

Ne manquez aucune de nos vidéos et plongez dans nos podcasts captivants ! Abonnez-vous dès maintenant à notre chaîne YouTube et activez la cloche pour rester informé des dernières sorties.

Patreon
Contenu exclusif pour vous !

Accédez à des épisodes inédits, des coulisses et des bonus exclusifs en rejoignant notre communauté sur Patreon. Votre soutien nous aide à créer encore plus de contenu de qualité !

PayPal
Soutenez-nous avec un don !

Aidez-nous à continuer à produire du contenu de qualité en faisant un don via PayPal. Chaque contribution, grande ou petite, fait une énorme différence pour notre projet !

Abonne-toi au Patreon pour débloquer :

🎙 Tous les podcasts en version intégrale
⏱ Accès en primeur, parfois sans délai
📬 Contenus exclusifs et sans publicité
💬 Accès au Discord privé
🤝 Soutien direct à Ian & Frank

Josh Seanosky
Josh Seanosky
Contributeur spécial

Du Même Auteur