Le Forum économique mondial (WEF) a confirmé mercredi l’ouverture d’une enquête interne visant son fondateur, Klaus Schwab, suite à des allégations de malversations financières et d’abus de pouvoir. Ces accusations, contenues dans une lettre anonyme, auraient précipité la démission surprise de l’homme de 87 ans qui dirigeait l’organisation depuis plus d’un demi-siècle.
Une démission qui cache un scandale
Lundi 21 avril, Klaus Schwab annonçait sa démission avec effet immédiat de son poste de président du conseil d’administration du WEF, évoquant simplement son âge comme justification. « Alors que je commence ma 88e année, j’ai décidé de quitter le poste de président et de membre du conseil d’administration, avec effet immédiat », écrivait-il dans un communiqué laconique.
Mais selon les révélations du Wall Street Journal, cette décision serait directement liée à une lettre anonyme adressée au conseil d’administration, accusant Klaus Schwab et son épouse Hilde d’avoir « mélangé leurs affaires personnelles avec les ressources du Forum, sans surveillance appropriée ».
Des accusations graves et précises
Les allégations contenues dans cette lettre, qui aurait été rédigée par des employés actuels et anciens du WEF, sont particulièrement détaillées. Selon le Wall Street Journal, Klaus Schwab aurait notamment :
- Demandé à de jeunes employés de retirer pour lui « des milliers de dollars » dans des distributeurs automatiques
- Utilisé des fonds de l’organisation pour payer des massages privés lors de séjours à l’hôtel
- Fait un usage personnel d’une luxueuse villa acquise par le WEF
Son épouse, Hilde Schwab, est également mise en cause pour avoir prétendument organisé des « rendez-vous fictifs » financés par le Forum afin de justifier des voyages de luxe aux frais de l’organisation.
La lettre soulèverait également des inquiétudes concernant le traitement des employées féminines par Klaus Schwab et évoquerait des cas de harcèlement sexuel et de comportements discriminatoires qui auraient perduré pendant des décennies au sein de l’organisation.
Une réunion d’urgence et une enquête officielle
Face à la gravité de ces accusations, le conseil d’administration du WEF s’est réuni en urgence le dimanche de Pâques.
Le WEF a confirmé mercredi dans un communiqué que son conseil d’administration a « unanimement soutenu la décision du Comité d’audit et risque de lancer une investigation suite à une lettre de lanceur d’alerte contenant des accusations contre l’ancien président Klaus Schwab ». L’organisation précise toutefois que si elle prend « ces accusations au sérieux », elles ne sont « pas prouvées » et qu’elle ne fera « pas de commentaire supplémentaire en attendant le résultat de l’enquête ».
L’intérim à la tête du conseil d’administration a été confié à Peter Brabeck-Letmathe, ancien patron de Nestlé et vice-président du conseil.
Schwab nie catégoriquement et contre-attaque
Klaus Schwab a fermement démenti l’ensemble des accusations portées contre lui. Son porte-parole a assuré que « toutes ces dépenses pendant ses voyages ont été remboursées » et a réfuté les accusations concernant l’utilisation d’une luxueuse villa sur les bords du lac Léman.
Dans une interview accordée aux journaux du groupe alémanique CH-Media, l’ingénieur allemand a dénoncé des « insinuations malveillantes » et affirme détenir des « contrepreuves » pour chaque allégation. Il a également annoncé avoir déposé une plainte pénale pour « diffamation » et a exprimé son intention de poursuivre « quiconque se trouve derrière cette lettre anonyme ou toute personne qui répand ces contrevérités ».
Schwab s’est dit particulièrement affecté par les accusations visant son épouse et a déploré que le conseil de fondation ait ouvert une enquête sans l’entendre au préalable.
Un séisme pour une institution mondiale
Cette affaire constitue un véritable séisme pour le Forum économique mondial, organisation fondée par Klaus Schwab en 1971 et devenue au fil des décennies un rendez-vous pour les élites politiques et économiques mondiales. Le sommet annuel de Davos, qui se tient chaque hiver dans la luxueuse station suisse, réunit traditionnellement chefs d’État, PDG de multinationales et personnalités influentes du monde entier.
L’enquête en cours devra déterminer si les accusations portées contre Klaus Schwab sont fondées, et pourrait potentiellement entacher la réputation de l’organisation.
