DAVID CHABOT | Ah, La Bordée… Théâtre cher à mon cœur, on y vit des moments normalement uniques et qu’on ne reverra jamais.
Sauf une fois au chalet. Ou à Grosse-Île. Ou à Saint-Roch.
En tout cas, Michel Nadeau nous a offert un beau cadeau dans la programmation cette année en ramenant cette pièce vraiment unique. En gros, Émile Proulx-Cloutier a fouillé les archives pour sortir des correspondances, des articles de journaux et d’autres documents officiels de 1847 qui parlent de la crise de l’immigration irlandaise à l’époque.
Cela pourrait facilement être lourd et indigeste, mais au contraire, la mise en scène rend ça tellement humain et poignant. Sans dévoiler de punchs, on utilise le numérique, mais aussi des matériaux et des textures sur scène pour envelopper le spectateur dans un univers mélancolique et émouvant.
Avec Hughes Frenette dans le rôle principal du docteur Douglas, le responsable de Grosse-Île à l’époque, le casting qui l’entoure est vraiment impressionnant. Vincent Champoux, Nicolas Drolet, Érika Gagnon, Marie-Hélène Gendreau, Marie-Hélène Lalande, Élie St-Cyr et Sarah Villeneuve-Desjardins sont parfaits dans leurs séquences respectives. Pour vrai, sept comédiens sur scène, c’est beaucoup, mais ils sont en symbiose autour de l’histoire et du message.
Parlant de message, on sort de là avec le cœur un peu lourd et la tête pleine. L’immigration est un sujet plus d’actualité que jamais, et on se dit que les « étrangers » d’hier, qu’on honore aujourd’hui avec un peu de honte, ne sont peut-être pas si différents de ceux qu’on attaque à la une des journaux aujourd’hui…
Bref, il reste très peu de billets pour une poignée de représentations. Si vous avez le temps, GO. C’est une expérience théâtrale que vous porterez dans votre cœur toute votre vie.