Dans un geste qui rappelle étrangement les positions du Parti Québécois, le président Donald Trump vient de signer un décret faisant de l’anglais la langue officielle des États-Unis. Cette décision, une première dans l’histoire du pays, soulève de nombreuses questions sur sa pertinence et son impact réel sur l’économie et la société américaines.
Un coup d’éclat inutile?
« Il est dans le meilleur intérêt de l’Amérique de désigner une – et seulement une – langue officielle », proclame fièrement le décret signé par Donald Trump. Cette décision révoque un texte de 2000, signé par le président Bill Clinton, qui visait à améliorer l’accès aux services publics pour « les personnes dotées d’une maîtrise limitée de l’anglais ». Concrètement, les agences fédérales n’ont plus l’obligation de fournir des services dans des langues autres que l’anglais, même si elles demeurent autorisées à le faire.
Alors que l’anglais est déjà la langue dominante aux États-Unis, avec 78,3% de la population qui ne parle que l’anglais à la maison, on peut se demander si cette mesure n’est pas un coup d’épée dans l’eau. Comme le souligne un expert de l’Université de Bristol, « La langue est importante à l’échelle nationale et au niveau des petites entreprises ». Mais est-ce que légiférer sur la langue est vraiment la meilleure façon de la protéger?
L’économie, le vrai moteur de la vitalité linguistique
Contrairement à ce que semblent penser certains politiciens, la force d’une langue ne se décrète pas. Elle découle naturellement de la vitalité économique et culturelle d’une société. La Suisse, par exemple, attribue 10% de son PIB à son héritage multilingue. À l’inverse, le Royaume-Uni perdrait l’équivalent de 3,5% de son PIB chaque année en raison des compétences linguistiques relativement faibles de sa population.
Par ailleurs, des recherches de l’Institut économique de Montréal (IEDM) suggèrent que les mesures indirectes qui augmentent le rendement économique d’une langue sont plus efficaces que les mesures coercitives pour assurer sa pérennité.
Le spectre du repli identitaire
Cette décision de Trump n’est pas sans rappeler les positions du Parti Québécois, qui propose régulièrement de renforcer la loi 101 pour « protéger » le français. Mais comme le montrent les expériences passées, ces mesures coercitives ont souvent l’effet inverse de celui recherché, créant des tensions et un sentiment d’exclusion chez les minorités linguistiques.
Ce constat trouve un écho dans le secteur technologique québécois. Plusieurs chefs d’entreprise ont récemment exprimé leurs inquiétudes concernant la Loi 96, renforçant la Loi 101, en affirmant qu’elle « menace de causer d’énormes dommages à l’économie de la province ». Ces entrepreneurs soulignent que la majorité des entreprises technologiques québécoises opèrent sur les marchés internationaux avec « des équipes multidisciplinaires très souvent non francophones ».
Une vision étriquée de l’identité américaine?
L’histoire nous enseigne que les langues florissent lorsque leurs locuteurs prospèrent économiquement puisqu’il existe un lien important entre la prospérité des locuteurs d’une langue et son niveau d’attractivité. Autrement dit, une économie vigoureuse constitue probablement le meilleur rempart contre le déclin linguistique.
De plus, dans un monde globalisé, la diversité linguistique est de plus en plus reconnue comme un atout économique et culturel.
Finalement, cette décision de Trump semble plus relever d’une posture politique que d’une réelle volonté de renforcer la cohésion nationale ou l’économie américaine.