François Legault est un comptable qui croit pouvoir diriger l’économie, la façonner selon sa volonté, la planifier depuis sa tour d’ivoire. C’est un réflexe qu’il a toujours eu. D’ailleurs, en 2018, alors qu’il était candidat, j’avais partagé mes réticences au représentant de la Coalition Avenir Québec dans Portneuf au sujet de cette tendance interventionniste de la CAQ. C’était précisément à cause de la tentation qu’il aurait d’instrumentaliser la Caisse de dépôt et placement du Québec et d’Investissement Québec à des fins politiques. Il en a maintenant fait l’aveu dans une entrevue de fin de soirée le 4 mars dernier.
Mon amie Joanne Marcotte avait bien raison : il n’y a aucune indépendance entre le politique et la Caisse. Et c’est un problème majeur pour ce qu’on appelle « le bas de laine des Québécois ». On ne joue pas à un jeu de simulation. On est dans la vraie vie, et chaque tentative de piloter l’économie est vouée à l’échec. Et qui en paie le prix au final ? Le contribuable. Ou plutôt, vous, moi, nous tous. Que l’on soit contribuables ou bénéficiaires de l’État providence québécois, ce sont nos poches qui écopent des ratés répétés de cette planification centrale. Imaginez un peu le scénario. 473 milliards avec lesquels le premier ministre de la province parle ouvertement de jouer et de reconfigurer l’économie de la province. Pour paraphraser les vidéos « unintended consequences » du magazine Reason « Ça semble une excellente idée, avec la meilleure des intentions. Qu’est-ce qui pourrait mal aller? » L’histoire nous apprend justement que les tentatives de réorganisation de l’économie par un incitatif centrale ou par dirigisme ne se sont jamais bien passées. On peut penser aux échecs de Nemaska Lithium et Northvolt ou la cimenterie McInnis.
Et que dire de la réponse du gouvernement Trudeau face aux tarifs américains ? On nous annonce des contre-tarifs, comme si c’était une solution héroïque, un coup de génie pour défendre l’honneur national. On nous dit que c’est ainsi que l’on va mettre à terre le géant américain, telle une fondre au visage de Goliath. Mais soyons sérieux : c’est une autre couche de dirigisme qui ne fera qu’amplifier les dommages. Imposer des taxes en représailles, c’est alourdir le fardeau des entreprises canadiennes déjà étouffées par la bureaucratie et des consommateurs qui verront les prix grimper encore plus. L’économie, ce n’est pas un duel de western où l’on dégaine plus vite que son adversaire. Chaque surenchère dans cette guerre tarifaire nous enfonce davantage, et c’est encore une fois nous, les citoyens, qui ramasserons les pots cassés pendant que Trudeau parade avec ses beaux discours.
Dans tous les cas, la seule bonne réponse à un adversaire politique qui impose des tarifs, c’est de retirer tous les nôtres et de faciliter la vie des entrepreneurs. Seule une augmentation de la productivité des entreprises aidera à améliorer leur sort. Que ce soit en diminuant leur fardeau fiscal ou en aidant à améliorer leur capacité de production.
Alors, pendant que Legault joue au Monopoly avec notre bas de laine et que Trudeau, en fin de course, s’improvise shérif dans une guerre tarifaire perdue d’avance, nous, on regarde le spectacle. C’est presque divertissant, si ce n’était pas notre argent qui partait en fumée. Bravo aux maestros de l’économie planifiée : ils ont encore trouvé le moyen de nous faire applaudir nos propres défaites.