L’Ontario a imposé lundi une surtaxe de 25% sur toute l’électricité exportée vers les États-Unis, une mesure qui touchera environ 1,5 million de foyers américains dans les États frontaliers du Minnesota, de New York et du Michigan.
La riposte canadienne s’intensifie
Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a annoncé cette mesure lors d’une conférence de presse lundi matin, précisant que cette surtaxe représente environ 10$ par mégawatt-heure. Selon les estimations du gouvernement ontarien, cette mesure générera entre 300 000$ et 400 000$ canadiens (environ 208 000$ à 277 000$ américains) de revenus quotidiens.
« Les tarifs du président Trump sont désastreux pour l’économie américaine. Ils rendent la vie plus coûteuse pour les familles et les entreprises américaines, » a déclaré Ford dans un communiqué. « Tant que la menace des tarifs ne sera pas définitivement écartée, l’Ontario ne reculera pas. Nous resterons fermes, utiliserons tous les outils à notre disposition et ferons tout ce qui est nécessaire pour protéger l’Ontario. »
Cette surtaxe déjà imposé s’ajoute aux tarifs de représailles par le gouvernement fédéral canadien, qui totalisent 30 milliards de dollars canadiens (environ 21 milliards de dollars américains) et touchent divers produits américains, notamment les jus, le beurre, les appareils électroménagers, les chaussures, les cosmétiques, les motos et certains produits de pâtes et papiers. Les tarifs canadiens prendront effets le 2 avril en même temps que les tarifs américains.
Une mesure légale mais controversée
La question de la légalité de cette surtaxe reste floue. Trump a affirmé sur Truth Social que l’Ontario n’était « même pas autorisé à faire cela », qualifiant le Canada « d’abuseur de tarifs ». Cependant, la mesure est mise en œuvre par une directive du ministre de l’Énergie de l’Ontario, Stephen Lecce, à l’opérateur du système électrique indépendant (IESO), qui exige que tout générateur d’électricité vendant de l’énergie aux États-Unis ajoute ce qui est appelé une « Charge de réponse aux tarifs ». Il s’agit donc en quelque sorte d’une nouvelle de taxe de vente chargé par l’Ontario aux américains et non d’une taxe sur les importations comme le sont les autres tarifs.
Ford a également menacé d’aller plus loin si les tensions s’intensifient: « Je n’hésiterai pas à couper complètement l’électricité si nécessaire, si les États-Unis intensifient leurs actions ». Il a précisé que cela pourrait être réalisé en réduisant la production des installations hydroélectriques.
Une mesure symbolique ou efficace?
La surtaxe ontarienne sur l’électricité est estimée à environ 100$ canadiens par mois pour les consommateurs américains touchés.
Le représentant républicain Tom Emmer du Minnesota a qualifié cette mesure de « maladroite », affirmant qu’elle ne ferait que renforcer la position de Trump auprès de ses partisans. « Plus ils tentent d’infliger des difficultés aux Américains, plus cela renforcera Donald Trump, » a-t-il déclaré.
De son côté, le gouverneur du Minnesota, Tim Walz, a réagi sur les réseaux sociaux en déclarant que « le Minnesota ne peut pas se permettre l’économie dirigée par les milliardaires de Trump », faisant référence aux habitants de son État comme les « premières victimes de la guerre commerciale de Trump » alors que sa population a de la difficulté à payer les coûts de l’électricité.
The first victims of Trump’s trade war? Minnesotans struggling to pay their skyrocketing electric bill. Minnesota cannot afford Trump’s billionaire-run economy. We have to put a stop to this madness.
La spirale dangereuse des représailles commerciales
Cette escalade illustre parfaitement les dangers d’une guerre commerciale où chaque partie répond par des mesures de représailles, créant un cercle vicieux qui nuit ultimement aux consommateurs et aux entreprises des deux côtés de la frontière.
Malgré le report temporaire d’un mois par Trump de la mise en œuvre des tarifs de 25% sur de nombreux produits canadiens et mexicains, les inquiétudes concernant une guerre commerciale étendue persistent. Ford a souligné que cette pause temporaire ne fait qu’ajouter de l’incertitude et que la surtaxe ontarienne restera en vigueur jusqu’à ce que les tarifs américains soient définitivement levés.
Dans ce contexte tendu, les marchés financiers ont plongé à nouveau lundi, les investisseurs s’inquiétant de l’économie et de la possibilité d’une récession à l’horizon. La guerre commerciale initiée par Trump avec les principaux partenaires commerciaux du pays est un facteur de cette volatilité.
Alors que les deux parties campent sur leurs positions, les consommateurs et les entreprises des deux côtés de la frontière risquent de payer le prix fort d’une bataille économique qui, selon les experts, ne produira que des perdants à long terme.