Vendredi, avril 18, 2025

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La cote de crédit du Québec dégringole : les Québécois paieront la facture des déficits Legault

La cote de crédit du Québec vient de subir un coup dur. L’agence de notation américaine Standard & Poor’s (S&P) a abaissé mercredi la note du Québec, la faisant passer de AA- à A+, plaçant ainsi la province au même niveau que l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador dans le bas du classement des provinces canadiennes.

Cette décote, qui touche également Hydro-Québec, survient à peine trois semaines après le dépôt d’un budget provincial affichant un déficit record de 13,6 milliards de dollars. Un signal alarmant qui confirme ce que plusieurs observateurs craignaient : la gestion des finances publiques par le gouvernement Legault commence à avoir des conséquences tangibles pour tous les Québécois.

Les raisons derrière la décote

L’agence S&P n’y va pas par quatre chemins dans son évaluation. La province a été rétrogradée en raison de « déficits d’exploitation persistants ». Selon l’agence, une « conjonction de facteurs » est en cause :

  • Le ralentissement de la croissance démographique
  • La hausse des dépenses salariales
  • La baisse des revenus (ou une mauvaise gestion des dépenses)
  • Des déficits après investissements importants
  • Une dette en augmentation
  • Une réponse budgétaire insuffisante
  • Des déficits d’exploitation persistants

S&P précise que ces problèmes étaient présents même avant l’incertitude économique liée aux tarifs douaniers américains.

« Les perspectives stables reflètent nos prévisions selon lesquelles la province continuera de produire des déficits d’exploitation et d’importants déficits après immobilisations au cours des deux prochaines années, ce qui entraînera une augmentation de la dette financée par les impôts à 218% des revenus d’exploitation d’ici l’exercice 2028 », souligne l’agence.

Le coût pour les contribuables : une facture salée

Cette décote n’est pas qu’un simple chiffre sur un rapport. Elle aura des conséquences directes sur le portefeuille des Québécois. Une note plus basse signifie un risque plus élevé, donc des emprunts plus coûteux pour la province, ce qui se traduit généralement par une hausse des taux d’intérêt sur les emprunts futurs.

Les chiffres donnent le vertige. Les contribuables québécois paieront cette année 9,7 milliards en intérêt sur la dette, soit légèrement plus que le budget total du ministère de la Famille qui est de 9,6 milliards.

« Ce qu’on dit aux Québécois, c’est qu’on continue de s’endetter comme avec une carte de crédit, alors on doit payer de plus en plus d’intérêts. C’est de l’argent qu’on ne peut pas remettre dans les poches des citoyens, ou utiliser pour améliorer les soins de santé ou l’éducation », explique Gabriel Giguère, analyste en politiques publiques à l’IEDM.

Un déficit record qui plombe les finances

Le budget 2025-2026 présenté par le ministre des Finances Eric Girard en mars dernier affiche un déficit record de 13,6 milliards de dollars, soit 5,1 milliards de plus que ce qui avait été anticipé.

Les finances publiques du Québec sont fragilisées. Pour les quatre prochains exercices budgétaires, soit de 2025-26 à 2028-29, le gouvernement Legault prévoit enregistrer des déficits comptables pour une somme totale de 24 milliards de dollars. C’est 13,2 milliards de dollars de plus que le montant total dévoilé lors de la mise à jour économique de décembre dernier.

Selon les prévisions du ministre Girard, la dette nette devrait atteindre 286,4 milliards de dollars en 2028-29, soit 50,6 milliards de plus qu’à la fin du présent exercice budgétaire. Le ratio de la dette nette au PIB devrait augmenter, passant de 38,7% à l’exercice 2024-2025 à 41,0% à l’exercice 2028-2029.

Les réactions politiques ne se font pas attendre

La décote a provoqué de vives réactions dans la classe politique québécoise. Le chef de l’opposition officielle, Marc Tanguay, a qualifié la nouvelle de « désastreuse ». « Voilà un des résultats tangibles des années de gaspillage de François Legault », a écrit le libéral sur X. « M. Legault, votre incompétence va coûter combien de millions $ aux Québécois? »

Le Parti libéral du Québec avait déjà dénoncé le déficit record présenté dans le budget, qualifiant François Legault de « King des déficits ». « Ce budget, marqué par une gestion irresponsable des finances publiques, confirme une fois de plus l’échec économique du gouvernement caquiste », avait alors déclaré le parti.

Éric Duhaime critique lui aussi la décote, la qualifiant d’échec monumental de la CAQ tout en faisant remarqué que le Parti Conservateur du Québec avait évoqué ce risque lors du dernier budget.

La côte de crédit du Québec vient de baisser de AA- à A+. Ça va coûter des centaines de millions $ de plus aux Québécois. Un échec monumental de la CAQ. L’aboutissement, malheureusement, de la mauvaise gestion, des déficits astronomiques et de l’incapacité de couper dans le

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Hydro-Québec également touchée

La société d’État n’est pas épargnée. L’agence a également abaissé la cote de crédit d’Hydro-Québec, qui passe aussi de AA- à A+. S&P souligne que le plan de décarbonation de la province nécessitera des investissements d’au moins 150 milliards de dollars de la part de la société d’État, ce qui fera augmenter le niveau de sa dette.

Hydro-Québec estime avoir besoin entre 150 à 200 TWh additionnels pour répondre à la demande d’électricité au Québec d’ici 2050, soit deux fois plus qu’actuellement.

La défense du ministre Girard

Face à cette décote, le ministre des Finances Eric Girard a tenté de défendre la gestion des finances publiques du gouvernement Legault. Il a souligné que la hausse des dépenses de rémunération liée aux conventions collectives avait été accordée dans le but « d’améliorer l’accessibilité et la qualité des services ». Il a également défendu le rehaussement des investissements en infrastructures comme étant « nécessaire pour stimuler la croissance et la transition de l’économie ».

Cependant, ces explications peinent à convaincre alors que le gouvernement Legault enchaîne un quatrième budget déficitaire consécutif, malgré ses promesses de rigueur budgétaire.

Comme le résume Gabriel Giguère de l’IEDM : « Ça démontre très concrètement que le gouvernement du Québec gère mal ses finances publiques. C’est un message très clair . La grande question n’était pas de savoir si cette décote allait arriver, mais quand, vu la succession de déficits de plus en plus importants au cours des quatre dernières années.

Pour les Québécois, la facture ne cesse de s’alourdir, tandis que le gouvernement Legault continue de s’enfoncer dans le rouge.

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Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier
Maxym Perron-Tellier est journaliste pour PiluleRouge.ca. Passionné de politique depuis plus de dix ans, il s'est impliqué à plusieurs reprises sur la scène provinciale. Entrepreneur en informatique, il allie rigueur journalistique et regard critique sur l’actualité. Son approche analytique et son sens de l’humour apportent une perspective unique aux sujets qu’il couvre.

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