Le Pape François, premier pontife latino-américain de l’histoire moderne et figure emblématique de l’Église catholique, est décédé lundi matin au Vatican à l’âge de 88 ans, seulement un jour après sa dernière apparition publique lors de la messe pascale.
Les circonstances du décès
Selon les informations officielles publiées par le Vatican, le Saint-Père est mort à 7h35 (heure locale) le lundi 21 avril 2025 à sa résidence de la Casa Santa Marta. Le Cardinal Kevin Farrell, Camerlingue de l’Église romaine, a annoncé la nouvelle avec ces mots empreints de solennité : « Chers frères et sœurs, c’est avec une profonde tristesse que je dois annoncer le décès de notre Saint-Père François. Ce matin, à 7 h 35, l’évêque de Rome, François, est rentré à la maison du Père. »
Le certificat de décès, publié par le Vatican lundi soir, révèle que le Pape est mort des suites d’un AVC, d’un coma et d’une défaillance cardiovasculaire irréversible, selon l’examen effectué par le médecin du Vatican, Dr. Andrea Arcangeli. Parmi les facteurs aggravants figuraient une récente insuffisance respiratoire aiguë due à une pneumonie bilatérale, une bronchectasie chronique, de l’hypertension et un diabète de type II.
Cette disparition survient quelques semaines seulement après que le Pape avait été hospitalisé pour une grave pneumonie qui l’avait contraint à un séjour de cinq semaines à l’hôpital. Il avait été admis dans un établissement romain le 14 février pour une bronchite diagnostiquée huit jours plus tôt, mais avait continué à présider des audiences générales et une messe en plein air. Il avait reçu son congé le 23 mars, avec l’intention de reprendre progressivement ses fonctions.
Les funérailles et le protocole de succession
Le Vatican a annoncé que les funérailles du Pape François se tiendront samedi 26 avril 2025 à 10h00 (heure locale) sur la place Saint-Pierre. La cérémonie sera présidée par le Cardinal Giovanni Battista Re, Doyen du Collège des Cardinaux, âgé de 91 ans.
Conformément au protocole, le corps du défunt pontife sera transféré mercredi matin à la Basilique Saint-Pierre pour permettre aux fidèles de lui rendre un dernier hommage. La procession partira de la Casa Santa Marta, traversera la place Santa Marta et la place des Protomartyrs Romains, puis sortira par l’Arc des Cloches pour entrer dans la Basilique vaticane par la porte centrale.
Le Cardinal Kevin Farrell, qui assume temporairement la direction administrative de l’Église en tant que Camerlingue, a présidé lundi soir le « rite de constatation de la mort et de déposition dans le cercueil » dans la chapelle de la résidence vaticane du Pape François. Contrairement à ses prédécesseurs, le Pape François a souhaité être inhumé dans un cercueil unique à la Basilique Sainte-Marie-Majeure.
La mort du Pape marque le début d’une période de deuil de neuf jours connue sous le nom de « Novendiale ». Pendant cette période, le Collège des Cardinaux se réunira pour préparer le conclave qui élira son successeur.
Les candidats potentiels à la succession
Le décès du Pape François déclenche automatiquement le processus de succession papale. Tous les cardinaux de moins de 80 ans – actuellement au nombre de 137 – seront appelés à participer au conclave qui se tiendra dans la Chapelle Sixtine. Un vote à la majorité des deux tiers sera nécessaire pour élire le nouveau pontife.
Plusieurs cardinaux émergent comme des candidats potentiels à la succession, selon les observateurs du Vatican et les marchés de paris :
- Luis Antonio Tagle (Philippines) : Actuellement favori avec des cotes de 3:1, ce cardinal de 67 ans est perçu comme un successeur probable pour poursuivre la vision progressiste du Pape François. Défenseur de l’inclusion et de l’évangélisation, Tagle a occupé des postes importants et était un allié de confiance de François.
- Pietro Parolin (Italie) : Avec des cotes de 4:1, ce cardinal de 70 ans est l’un des diplomates les plus expérimentés du Vatican. En tant que Secrétaire d’État depuis 2013, il a joué un rôle clé dans les affaires diplomatiques, notamment dans les négociations délicates avec la Chine et les pays du Moyen-Orient. Parolin est considéré comme un candidat modéré qui pourrait assurer la stabilité tout en maintenant certaines des réformes de François.
- Peter Turkson (Ghana) : Avec des cotes de 5:1, ce cardinal de 76 ans est un défenseur éminent de la justice sociale au sein de l’Église. Son leadership antérieur au Dicastère pour la promotion du développement humain intégral l’a vu aborder activement des questions comme le changement climatique et la pauvreté. Si Turkson était élu, il deviendrait le premier pape africain depuis des siècles.
D’autres candidats notables incluent le cardinal hongrois Peter Erdő (72 ans), figure conservatrice, et l’Italien Angelo Scola (82 ans), un candidat de longue date qui était favori lors du conclave de 2013.
Les réactions internationales
Le décès du Pape François a suscité une vague d’hommages de la part des dirigeants mondiaux, qui ont salué son héritage de compassion et d’humilité.
L’ancien président américain Donald Trump a déclaré : « C’était un homme bien, qui travaillait dur. Il aimait le monde et c’est un honneur de faire cela. » Il a également annoncé son intention d’assister aux funérailles du Pape, ce qui pourrait marquer son premier voyage international de son second mandat.
Le roi Charles d’Angleterre a partagé un message sur X, affirmant : « Sa Sainteté sera souvenue pour sa compassion, son souci de l’unité de l’Église, et son engagement inlassable pour les causes des personnes de foi, ainsi que celles de bonne volonté qui luttent pour le bien des autres. »
Le président français Emmanuel Macron a posté sur X : « De Buenos Aires à Rome, le Pape François voulait que l’Église apporte joie et espoir aux plus pauvres. Qu’elle unisse les humains entre eux et avec la nature. Que cette espérance ressuscite perpétuellement au-delà de lui. »
Le Premier ministre indien Narendra Modi a exprimé sa tristesse en partageant des photos de lui avec le Pape. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a partagé sur X un message sur le pape et la paix en Ukraine. Le président russe Vladimir Poutine a offert ses « sincères condoléances » pour la mort de François.
Un pontificat marqué par des réformes et des controverses
Jorge Mario Bergoglio, devenu le Pape François le 13 mars 2013, a été le premier pontife latino-américain et le premier jésuite à diriger l’Église catholique. Son règne de 12 ans a été caractérisé par des efforts pour réformer une institution ancienne et divisée.
Connu pour sa simplicité et son empathie envers les pauvres, François a choisi de ne pas occuper les somptueux appartements papaux dans le Palais apostolique utilisés par ses prédécesseurs, préférant vivre dans un environnement communautaire pour son « bien-être psychologique. »
Il a pris la tête d’une Église confrontée à des scandales d’abus sexuels sur mineurs et à des conflits internes au sein de l’administration vaticane. Cependant, au fil de son pontificat, il a rencontré une opposition substantielle des traditionnalistes, qui l’accusaient de saper des traditions précieuses, tandis que les progressistes lui reprochaient de ne pas en faire assez pour transformer l’institution.
Malgré ces défis, François a été un défenseur infatigable des marginalisés et des vulnérables, critiquant l’exploitation commerciale de la nature, la réticence des nations riches à accueillir les migrants, la déconnexion favorisée par la technologie et le commerce lucratif des armes.
Sa dernière apparition publique a eu lieu lors de la messe pascale du dimanche 21 avril, où il a condamné la « situation humanitaire déplorable » résultant des actions militaires prolongées d’Israël dans la région de Gaza.
Alors que l’Église catholique entre dans une période de transition, l’héritage du Pape François continuera sans doute d’influencer son avenir, que son successeur choisisse de poursuivre ses réformes progressistes ou de revenir à une approche plus traditionnelle.