Vendredi, mai 16, 2025

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Pour tenir sa promesse électorale, M. Carney doit mettre fin à la dérive bureaucratique de M. Trudeau. Voici comment.

Par Renaud Brossard, vice-président aux communications à l’IEDM, un think tank ayant des bureaux à Montréal, Ottawa et Calgary.

Il faudra bien plus que l’annulation de Disney+, pour reprendre les mots de l’ancienne ministre des Finances Chrystia Freeland, pour redonner au budget fédéral canadien un certain degré de viabilité.

Après tout, se désabonner d’un service à 15,99 $ par mois est loin de compenser l’énorme déficit de 62,3 milliards de dollars que les libéraux ont prévu pour cette année dans leur plus récent programme électoral.

Cela ne nous empêche pas pour autant d’identifier les dépenses superflues parmi les 554,5 milliards de dollars de dépenses prévues pour l’année en cours.

Pensons notamment aux embauches excessives, noyées parmi les dizaines de milliers de nouveaux fonctionnaires depuis 2015, ainsi qu’à la prolifération de groupes de travail, de comités et de sous-comités qui ont vu le jour dans la foulée.

Lorsque l’ex-premier ministre Justin Trudeau est entré en poste en 2015, le gouvernement fédéral employait un peu plus de 257 000 personnes. Autrement dit, 7,2 Canadiens sur 1000 travaillaient pour le gouvernement fédéral, fournissant des services aux quelque 993 autres.

Au cours du mandat de M. Trudeau, la bureaucratie s’est élargie de plus de 110 000 nouveaux employés, soit une hausse de 43 pour cent. Nous sommes ainsi passés de 7,2 à 9,0 fonctionnaires par 1000 habitants. Selon Statistique Canada, Ottawa compterait 367 772 employés, ce qui correspond plus ou moins à la population du Grand Victoria, en Colombie-Britannique.

Bien entendu, cette expansion a un coût. La masse salariale fédérale a atteint 70 milliards de dollars l’année dernière, contre 40 milliards il y a une dizaine d’années. Ces 30 milliards supplémentaires sont pour l’essentiel empruntés et portés à notre dette de plus de 1400 milliards de dollars.

Pour bien saisir l’ampleur de la situation, imaginez qu’à l’heure actuelle, un dollar sur sept dépensés par le gouvernement fédéral sert exclusivement à alimenter la machine bureaucratique.

Une autre façon de relativiser la question est de se comparer à l’étranger.

Le gouvernement du Royaume-Uni, dont les responsabilités sont plus vastes que celles d’Ottawa, emploie 7,4 bureaucrates par 1000 habitants, tout en offrant des services adéquats à sa population.

De son côté, l’Allemagne dispose d’un gouvernement fédéral aux responsabilités comparables à celles du nôtre et elle s’en sort avec seulement 6,2 employés fédéraux par tranche de 1000 habitants.

Et pourtant, rares sont les Canadiens qui prétendraient que nos services font l’envie de nos homologues allemands ou britanniques.

Certains problèmes sont trop importants pour être ignorés. Lors de la course à la direction du Parti libéral, Mark Carney s’est engagé à limiter la taille de la bureaucratie fédérale et à procéder à un examen des dépenses. Il s’agit d’une promesse bienvenue, mais il va sans dire que le plan d’action n’est pas inclus.

Heureusement, Ottawa n’a pas besoin de tout réinventer. Dans les années 90, le gouvernement a fait ses preuves en matière d’examen des dépenses publiques.

En 1994, confronté à des déficits galopants et à un secteur public hypertrophié, le gouvernement Chrétien a lancé l’Examen des programmes. N’ayant d’autre choix que de couper dans le gras, il lui a fallu poser les questions difficiles, mais nécessaires :

  • Ce programme répond-il à un besoin réel du public?
  • Le gouvernement fédéral est-il le mieux placé pour y répondre?
  • Ces dépenses sont-elles viables?

Le processus a mené à une combinaison de départs volontaires, d’attrition naturelle et de réaffectation du personnel. Le gouvernement a maintenu la totalité des services essentiels tout en procédant à un examen rigoureux. En fin de compte, Ottawa a réduit les effectifs fédéraux de plus de 42 000 employés, soit une diminution de 17,4 pour cent.

Si le gouvernement Carney obtenait des résultats comparables aujourd’hui, nous pourrions alléger la bureaucratie de 64 000 postes. Cela permettrait de ramener le gouvernement à sa taille relative d’avant l’ère Trudeau et d’économiser jusqu’à 10 milliards de dollars par an d’ici 2029.

Le gouvernement Chrétien nous a offert un rare moment de clarté fiscale et structurelle, prouvant qu’il est possible pour un gouvernement de réévaluer ses propres programmes et sa taille, et de tout recentrer sur l’objectif principal : servir les intérêts des Canadiens et des Canadiennes.

Un examen complet, mené en toute transparence, de ce que le gouvernement fait bien et moins bien, permettrait non seulement de réduire nos déficits et de maîtriser notre dette, mais aussi d’envoyer un signal fort à la population canadienne : leur argent n’est pas tenu pour acquis.

L’approche Chrétien est une solution éprouvée pour corriger les excès du passé. Grâce à elle, Mark Carney a une véritable chance de tenir sa promesse électorale sans repartir de zéro.

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Renaud Brossard
Renaud Brossard
Renaud Brossard est vice-président aux communications à l’IEDM, un think tank ayant des bureaux à Montréal, Ottawa et Calgary.

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