L’entrée en guerre des États-Unis aux côtés d’Israël a marqué un tournant décisif dans le conflit israélo-iranien. Samedi soir, Donald Trump a annoncé que l’armée américaine avait mené l’Opération Midnight Hammer, bombardant trois sites nucléaires iraniens avec une puissance de feu inégalée. Cette escalade militaire sans précédent redessine complètement la géopolitique du Moyen-Orient.
Une opération d’envergure historique
L’Opération Midnight Hammer a débuté juste après minuit vendredi, lorsqu’une escadrille de bombardiers furtifs B-2 Spirit a décollé d’une base aérienne du Missouri. Le général Dan Caine, président du Comité des chefs d’état-major interarmées, a révélé que sept B-2 ont largué un total de 14 bombes bunker-buster sur les installations nucléaires iraniennes.
L’arsenal déployé était impressionnant : plus de 125 aéronefs américains, incluant les B-2, des chasseurs de 4e et 5e génération, ainsi que des ravitailleurs aériens. Les forces américaines ont utilisé 75 armes à guidage de précision contre les cibles iraniennes, incluant les 14 bombes MOP (Massive Ordnance Penetrator) et plus de deux douzaines de missiles de croisière Tomahawk lancés depuis un sous-marin quelque part au Moyen-Orient.
Des cibles stratégiques frappées avec précision chirurgicale
Les trois sites visés étaient Fordow, Natanz et Isfahan. Fordow, enfoui à près de 300 pieds sous une montagne et protégé par d’importantes défenses aériennes, constituait la cible principale. Trump a confirmé qu’une « charge complète de bombes » avait été larguée sur ce site.
Les bombes utilisées, les GBU-57 Massive Ordnance Penetrator pesant 30 000 livres, peuvent pénétrer environ 18 mètres de béton ou 61 mètres de terre avant d’exploser. Ces armes, transportées uniquement par les B-2 en raison de leur taille, marquent leur première utilisation opérationnelle.
Les images satellites de Maxar Technologies révèlent l’ampleur des dégâts : plusieurs grands trous ou cratères sont visibles sur la crête surplombant le complexe souterrain de Fordow, avec une couche de poussière ou de débris recouvrant la zone, et plusieurs entrées de tunnels menant à l’installation souterraine semblent bloquées par de la terre.
🧵New satellite images show the aftermath of the US airstrikes at Iran’s Fordow fuel enrichment facility. Large holes and craters can be seen, as well as a layer of ash caused by the strikes. Tunnel entrances also appear to be blocked with dirt. Friday vs today (📸: @Maxar)
The aftermath of US airstrikes at the Natanz nuclear facility in Iran, June 15 vs today (📸: @Maxar)
Justifications américaines et objectifs déclarés
Trump a été clair sur ses motivations : « Notre objectif était de démanteler les capacités d’enrichissement nucléaire de l’Iran et de mettre fin à la menace nucléaire posée par le principal État soutenant le terrorisme au monde ». Il a également évoqué l’historique des tensions : « Depuis 40 ans, l’Iran proclame « Mort à l’Amérique », « Mort à Israël ». Ils sont responsables de la mort de nos citoyens, causant de graves blessures avec des explosifs placés en bord de route ».
Le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a qualifié ces actions militaires d' »extraordinaire et extrêmement réussi », tandis que le secrétaire d’État Marco Rubio a averti l’Iran que tout acte de vengeance représenterait « l’erreur la plus grave qu’ils puissent commettre ».
Riposte iranienne immédiate et dommages limités
L’Iran n’a pas tardé à répliquer. Samedi soir, Téhéran a lancé environ 40 missiles vers Israël, blessant au moins 21 personnes. Une des cibles touchées était Ramat Gan, mais les dégâts sont restés limités comparativement à la puissance de feu déployée par les Américains.
Le Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) a utilisé ses missiles les plus avancés, notamment le Khyber Shekan, aussi appelé Khorramshahr-4, considéré comme portant la charge utile la plus lourde de l’inventaire de missiles balistiques iraniens.
Voir aussi : Guerre Israël-Iran : missiles, morts, et menace nucléaire
Bilan humain et matériel contrasté
Les chiffres révèlent une asymétrie frappante dans les capacités militaires. Côté iranien, l’organisation américaine HRANA rapporte, au 22 juin 2025, 865 morts, incluant 215 membres militaires, 363 civils et 287 morts non identifiés, avec 3 396 blessés. Les autorités sanitaires iraniennes confirment 224 morts, précisant que la majorité étaient des civils.
En Israël, le bilan demeure nettement plus léger avec 24 morts selon le ministère israélien de la Santé au 20 juin 2025, et 2 517 blessés, dont 107 admis pour des crises d’anxiété. Cette disparité illustre à la fois l’efficacité du système de défense israélien et la précision des frappes israélo-américaines.
Dégradation massive des capacités iraniennes
L’impact sur l’arsenal iranien est considérable. Selon les responsables américains et israéliens, l’Iran a fortement diminué son stock de missiles de moyenne portée après plus d’une semaine de conflit. L’armée de l’air israélienne a ciblé les lanceurs de missiles iraniens et leurs équipes opérationnelles, réduisant drastiquement la capacité d’attaque de Téhéran.
Les frappes ont également visé des installations militaires cruciales, notamment la base opérationnelle CGRI Karbala à Ahvaz, qui supervise trois corps provinciaux et commande plusieurs unités de combat majeures. Des installations militaires situées dans la province de Bushehr, notamment des lanceurs de missiles et un site gazier stratégique, ont également été ciblées par les frappes.
Efficacité remarquable du Dôme de fer
Le système de défense israélien a démontré une efficacité impressionnante. Patrycja Bazylczyk, associée au Missile Defense Project du Center for Strategic and International Studies, note : « L’efficacité du système de défense antimissile multicouche d’Israël souligne la nécessité urgente de renforcer les défenses antimissiles américaines. Jusqu’à présent, les moyens de défense antimissile israéliens ont permis de faire face à la menace iranienne ».
Cette performance contraste avec les difficultés iraniennes à pénétrer les défenses israéliennes, malgré l’utilisation de munitions à sous-munitions pour compenser leur incapacité à lancer de grandes salves de missiles.
Répercussions diplomatiques et menaces d’escalade
Les réactions internationales révèlent un monde divisé. Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a déclaré lors d’une réunion de l’Organisation de coopération islamique à Istanbul que les États-Unis avaient franchi « une ligne rouge significative » en attaquant les installations nucléaires iraniennes.
L’Organisation iranienne de l’énergie atomique a condamné les frappes, qualifiant les assauts sur Fordow, Natanz et Isfahan d' »acte barbare des ennemis » violant le droit international, particulièrement le Traité de non-prolifération nucléaire.
Menaces terroristes et extension régionale
Les tensions s’étendent au-delà du conflit bilatéral. Des sources rapportent que des terroristes soutenus par l’Iran ont averti qu’ils attaqueraient les bases américaines en Irak et en Syrie en représailles aux frappes contre la République islamique. Les Houthis du Yémen, soutenus par l’Iran, ont également menacé de frapper les navires de la marine américaine dans la mer Rouge.
Hizam al-Assad, membre du bureau politique houthi, a déclaré sur X que « Trump doit faire face aux répercussions », illustrant la volonté des proxies iraniens d’élargir le conflit.
Perspectives d’avenir : entre négociations et escalade
Trump a laissé la porte ouverte à de nouvelles frappes, avertissant : « Soit la paix sera rétablie, soit il y aura une calamité pour l’Iran qui dépassera tout ce que nous avons vu au cours des huit derniers jours. Cependant, si la paix n’est pas rapidement rétablie, nous ciblerons d’autres cibles avec précision, rapidité et expertise ».
Paradoxalement, les États-Unis ont communiqué avec l’Iran par voies diplomatiques, assurant que les frappes aériennes représentaient l’étendue de leurs intentions et que des efforts de « changement de régime » n’étaient pas planifiés.
Netanyahu a salué Trump pour sa « décision courageuse » de cibler l’Iran, tandis que les experts s’interrogent sur la capacité de l’Iran à reconstituer ses capacités nucléaires après de tels dommages.
Un Moyen-Orient transformé
L’Opération Midnight Hammer marque un tournant historique. Comme l’observe Alan Pino de l’Atlantic Council : « Les responsables israéliens continuent de dire qu’ils ont beaucoup plus de cibles à frapper, alors qu’ils élargissent leur campagne au-delà des installations nucléaires, des hauts responsables militaires, des rampes de lancement de missiles balistiques et des stocks d’armes nucléaires, jusqu’aux infrastructures énergétiques iraniennes et aux bâtiments gouvernementaux à Téhéran ».
Avec l’entrée directe des États-Unis dans le conflit, le Moyen-Orient fait face à une reconfiguration géopolitique majeure. L’efficacité dévastatrice des frappes américaines contraste avec la résilience limitée de l’Iran, suggérant un rapport de force désormais clairement établi en faveur de l’alliance israélo-américaine.