Le gouvernement a annoncé avoir « ’backé off » sur la taxe sur les services numériques au Canada. C’était une façon de débloquer les négociations avec Trump et les États-Unis par rapport aux droits de douane.
Toujours, plein de choses sur ça.
Premièrement, rappelons-nous que cette taxe avait été annoncée en 2020 par le gouvernement Trudeau dans le but de « capturer » les profits canadiens des fameux GAFAM. Impopulaire à ses débuts, la taxe avait déboulé vers le retrait de publier les nouvelles des médias canadiens sur Meta.
Cinq ans plus tard, la première facture rétroactive de cette taxation était due. Le Canada devait recevoir quelques milliards des GAFAM à la fin du mois, son dû pour autoriser leurs opérations en sol canadien.
Évidemment, Trump étant très près de ce qui est devenu l’oligarchie des géants des technos, il a utilisé cette facture à venir comme levier de négociations dans la guerre commerciale en cours. Le calcul pour Carney était quand même simple: laisser quelques milliards sur la table ou risquer de voir toute l’industrie de l’acier et de l’aluminium s’effondrer au pays.
La porte-parole de Trump, Karoline Leavitt, a décrit ça simplement. « ’Canada just caved in », le Canada s’est avoué vaincu sur la taxe. C’était un peu humiliant comme séquence, disons-le.
C’est une situation qui laisse ambivalent. D’un côté, les taxes, personne n’en veut. Taxer le web, c’est une pente glissante et c’est un gros paquet de nœuds. Si les serveurs sont en Ukraine, le siège social en Californie, le département des ventes en Inde et le service consommé au Canada via un VPN basé à Malte, on enligne tout ça comment?
On peut comprendre pourquoi Trudeau était allé là jadis. Il voulait générer des revenus pour les médias traditionnels qui avaient quand même un point légitime. Les GAFAM généraient immensément de trafic avec leurs nouvelles sans payer pour. Bien que contre-intuitif, la volonté de les faire payer quelque chose au Canada pour financer les médias pouvait se défendre.
Par contre, taxer les GAFAM au Canada, c’est oublier qu’on est une goutte d’eau dans l’océan mondial. Si tous les géants se retiraient du Canada en bloc, on survivrait évidemment, mais ça ferait pas mal plus mal à nous qu’à eux.
Une fois tout cela dit, c’est quand même une époque qui dérange. La taxation et les revenus de l’État, c’est le rôle du gouvernement local de gérer ça. En laissant Trump choisir quelle taxe il trouvait injuste ou pas, on laisse une partie de notre souveraineté sur la table et personne ne devrait se réjouir de ça.
Bien sûr, il y aura toujours les cocus contents qui vont applaudir les gains de Trump au détriment des intérêts du Canada, mais s’tu veux j’te dise.
En levant cette taxe, on relance les négociations pour, idéalement, faire tomber les tarifs. Trump aura été le président le plus dérangeant de l’histoire des relations canado-américaines. Je ne sais pas comment ça va se finir, mais je sais une chose toutefois.
Lors de Trump 1, il avait jeté l’ALENA aux vidanges en disant que c’était le pire deal qu’il avait vu de sa vie avant de négocier son remplacement, l’ACEUM. Une fois Trump 2 en place, il revient en disant que c’était un mauvais deal et qu’il fera encore mieux cette fois-ci.
Il ne faut pas s’attendre à de la charité de sa part, on va continuer de se faire gérer à coup de pied au cul jusqu’à ce qu’il se trouve une autre crise pour le distraire.
Ce texte a été écrit le 30 juin 2025 à 21h37. Il est donc possible que certains événements se soient produits depuis.