Le réveil a été brutal ce vendredi matin pour des milliers de familles québécoises. Alors que leurs enfants se préparaient pour l’école, l’annonce tombait : 1200 autobus scolaires Lion Électrique étaient retirés de la circulation suite à l’incendie d’un véhicule mardi dernier à Montréal. Une défaillance de trop qui sonne le glas d’un projet idéologique mal ficelé et révèle l’ampleur des dégâts causés par une approche dogmatique de l’électrification des transports.
Un monopole artificiel aux conséquences dramatiques
L’ampleur de la crise révèle brutalement les dangers du monopole artificiel créé par le gouvernement Legault. Comme le dénonce Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec : « Le gouvernement a créé un monopole artificiel, forçant les transporteurs à acheter un produit trop coûteux et mal adapté aux besoins du terrain, simplement parce qu’il croyait mieux connaître le marché, ou voulait bien paraître ».
Cette situation aurait pu être évitée si Québec n’avait pas délibérément favorisé Lion Électrique par son Programme d’électrification du transport scolaire (PETS). Le programme de 250 millions $ accordait une subvention de 240 000 $ par véhicule, mais uniquement pour les autobus « assemblés au Canada » — une clause qui ne profitait pratiquement qu’à Lion Électrique. Les transporteurs scolaires avaient pourtant dénoncé cette distorsion dès 2021, prévenant qu’elle créait un « quasi-monopole » dangereux.
Une série d’incidents inquiétants
L’incendie de mardi dans Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce n’était pas un cas isolé. Ce n’est pas la première fois qu’un autobus scolaire Lion prend feu. En janvier, des ennuis mécaniques auraient provoqué l’incendie d’un véhicule à Huntsville, en Ontario. Auparavant, en novembre 2024, c’est à Ascot Corner en Estrie qu’un autobus Lion avait brûlé. Une récurrence troublante qui interroge sur la qualité des produits et les tests effectués.
L’effondrement d’un fleuron artificiel
Lion Électrique, qui a reçu plus de 200 millions $ en fonds publics, s’est placée à l’abri de ses créanciers en décembre 2024. L’entreprise, qui valait près de 5 milliards $ en Bourse il y a quatre ans, a été rachetée pour seulement 6 millions $ par un groupe d’investisseurs. Une chute vertigineuse qui illustre l’échec d’une politique industrielle basée sur des subventions plutôt que sur la compétitivité réelle.
La ministre Fréchette a d’ailleurs refusé en avril dernier d’injecter les 24 millions $ supplémentaires réclamés par Lion pour sa relance, qualifiant cette décision de « difficile, mais responsable ». Trop peu, trop tard : le mal était fait.
Les vraies victimes : les familles et les services publics
Les conséquences de cette approche dogmatique se font cruellement sentir aujourd’hui. Plusieurs centres de services scolaires ont dû suspendre complètement les cours : les CSS des Appalaches et de la Beauce-Etchemin ont fermé toutes leurs écoles primaires et secondaires. En Estrie, le transport scolaire a été entièrement annulé. À Montréal, plus de 70 circuits ont été supprimés, laissant des milliers de parents dans l’embarras.
« Des milliers d’enfants ne sont pas à l’école aujourd’hui, tandis que d’autres parents ont dû les conduire eux-mêmes », déplore Éric Duhaime. Cette situation met en lumière les risques concrets de politiques déconnectées du terrain, imposées par des « décideurs loin du terrain » et « purement idéologiques ».
Une approche idéologique aux antipodes du terrain
L’électrification forcée du transport scolaire illustre parfaitement les dérives d’une pensée dogmatique qui privilégie l’apparence verte sur l’efficacité opérationnelle. Le gouvernement Legault visait un taux d’électrification de 65 % d’ici 2030, sans tenir compte des réalités techniques et économiques du secteur.
Cette approche contraste avec les recommandations des acteurs de terrain. L’Alliance canadienne pour l’électrification des autobus scolaires (ACEAS) elle-même dénonce « le maintien de la clause d’assemblage canadien dans le PETS, qui confère un quasi-monopole à Lion Électrique, malgré l’incapacité actuelle de l’entreprise à répondre à la demande ».
Le PQ, complice de cette dérive verte
Paul St-Pierre Plamondon et le Parti Québécois portent une part de responsabilité dans cette débâcle. Le chef péquiste avait promis d’aller encore plus loin que la CAQ en matière d’électrification, proposant de forcer les concessionnaires à vendre 50 % de véhicules électriques dès 2025. Son plan environnemental de 21 milliards $ sur 7 ans témoigne de la même pensée magique qui consiste à croire qu’on peut transformer l’économie par décret.
Comme le souligne justement Éric Duhaime : « Aux parents dont les enfants sont privés de transport scolaire ce matin, rappelez-vous que le PQ aurait fait encore pire que la CAQ en matière d’électrification des transports et aurait englouti encore plus de votre argent dans cette folie verte ».
L’alternative conservatrice : faire confiance au terrain
Face à cette débâcle, le Parti conservateur du Québec propose une approche radicalement différente. Éric Duhaime demande que le gouvernement « mette fin immédiatement aux subventions pour l’achat d’autobus électriques » et laisse les « individus et les organisations sur le terrain » prendre « les décisions les plus adaptées ».
Cette philosophie reconnaît que les transporteurs scolaires, qui connaissent leurs besoins opérationnels mieux que quiconque, sont les mieux placés pour choisir leurs véhicules. Elle refuse l’interventionnisme étatique qui distord les marchés et crée des monopoles artificiels.
Un coût exorbitant pour les contribuables
Au final, ce fiasco aura coûté 445 millions $ aux Québécois selon Duhaime, sans compter les coûts indirects liés aux perturbations de service. Un investissement qui aurait pu servir à améliorer réellement les services de transport scolaire plutôt qu’à poursuivre une chimère technologique mal maîtrisée.
L’enquête de la GRC sur les pratiques douteuses de Lion — notamment un stratagème permettant de toucher deux fois les subventions gouvernementales — révèle l’ampleur de la gabegie autour de cette entreprise « bien branchée » politiquement.
Une leçon pour l’avenir
L’affaire Lion Électrique restera comme un cas d’école des dangers du dirigisme économique et de l’idéologie verte appliquée sans discernement. Elle démontre que la meilleure politique industrielle consiste souvent à ne pas en avoir, en laissant les forces du marché et l’expertise de terrain guider les choix technologiques.
L’heure est au réalisme plutôt qu’aux grands discours sur la transition énergétique. Les familles québécoises qui ont vécu ce chaos ce vendredi matin méritent mieux que des expérimentations coûteuses menées sur le dos de leurs enfants.
Cette crise révèle une vérité dérangeante : quand l’État tente de jouer aux apprentis sorciers avec l’économie, ce sont toujours les citoyens qui paient la facture — financièrement et concrètement. Il est temps de faire confiance à ceux qui vivent les réalités du terrain plutôt qu’aux bureaucrates et aux idéologues.