Le premier ministre Mark Carney a nommé Chrystia Freeland au poste d’envoyée spéciale du Canada pour la reconstruction de l’Ukraine, soulignant qu’« en tant qu’ancienne ministre des Finances du G7, des Affaires étrangères et du Commerce international, avec des relations profondes et une compréhension de l’Ukraine et de son économie, Chrystia est vraiment dans une position unique pour ce travail essentiel et opportun ». Carney et Freeland, dont il est parrain d’un des enfants, entretiennent des liens personnels étroits depuis plusieurs années.
Dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux, Freeland a expliqué sa décision : « C’est avec une immense gratitude et un peu de tristesse que j’ai décidé de quitter le Cabinet aujourd’hui et de tourner la page sur ce chapitre de ma vie ». Elle a également annoncé qu’elle ne se présenterait pas aux prochaines élections fédérales.
Cette reconversion intervient après un parcours politique mouvementé. Freeland avait précipité la démission de Justin Trudeau en décembre 2024 en quittant son poste de ministre des Finances, dénonçant les « astuces politiques coûteuses » du gouvernement. Elle avait ensuite subi une défaite cuisante lors de la course à la direction du Parti libéral face à Mark Carney, récoltant 8% des voix contre 85% pour ce dernier. Malgré cela, Carney l’avait nommée ministre des Transports et du Commerce intérieur dans son gouvernement de mai 2025.
La question de la pertinence et du coût de cette mission diplomatique se pose : l’engagement canadien en Ukraine, déjà lourdement financé, justifie-t-il la création d’un tel poste et les ressources qu’il mobilisera? Alors que l’économie canadienne affiche une croissance modeste de 1,0 à 1,6% et fait face à des défis de productivité persistants, cette nouvelle enveloppe budgétaire devra démontrer sa valeur ajoutée dans un contexte où plusieurs priorités fédérales réclament des investissements : défense nationale, infrastructures interprovinciales, sécurité frontalière et négociations commerciales avec les États-Unis.
Le départ de Freeland entraîne une réorganisation du cabinet : Dominic LeBlanc prend la responsabilité du Commerce intérieur tandis que Steven MacKinnon ajoute les Transports à ses attributions. Freeland restera députée de University–Rosedale à Toronto tout en assumant son mandat diplomatique, s’appuyant sur son expérience de négociatrice lors de la renégociation de l’ALÉNA sous l’administration Trump pour piloter la reconstruction ukrainienne.
Ce poste soulève un débat légitime sur les priorités gouvernementales et l’équilibre entre engagements internationaux et besoins nationaux. Avec sa nomination, Freeland amorce un nouveau chapitre à l’international qui marquera la suite de sa carrière politique.
To my neighbours, colleagues, and Canadians: thank you. 🇨🇦 Chers voisins, collègues et Canadiens : merci.
La lettre
